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les, ils répondront.

Publié le 04/11/2013

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les, ils répondront. Le duc sentit le coup. - Je les ai fait arrêter justement pour prouver qu'ils ne sont point à moi, dit le duc. Le roi regarda les deux amis et tressaillit en revoyant La Mole. - Oh ! oh ! encore ce Provençal, dit-il. Coconnas salua gracieusement. - Que faisiez-vous quand on vous a arrêtés ? dit le roi. - Sire, nous devisions de faits de guerre et d'amour. - À cheval ! armés jusqu'aux dents ! prêts à fuir ! - Non pas, Sire, dit Coconnas, et Votre Majesté est mal renseignée. Nous étions couchés sous l'ombre d'un être : Sub tegmine fagi. - Ah ! vous étiez couchés sous l'ombre d'un hêtre ? - Et nous eussions même pu fuir, si nous avions cru avoir en quelque façon encouru la colère de Votre Majesté. Voyons, messieurs, sur votre parole de soldats, dit Coconnas en se retournant vers les chevau-légers, royez-vous que si nous l'eussions voulu nous pouvions nous échapper ? - Le fait est, dit le lieutenant, que ces messieurs n'ont pas fait un mouvement pour fuir. - Parce que leurs chevaux étaient loin, dit le duc d'Alençon. - J'en demande humblement pardon à Monseigneur, dit Coconnas, mais j'avais le mien entre les jambes, et on ami le comte Lérac de la Mole tenait le sien par la bride. - Est-ce vrai, messieurs ? dit le roi. - C'est vrai, Sire, répondit le lieutenant ; M. de Coconnas en nous apercevant est même descendu du sien. Coconnas grimaça un sourire qui signifiait : Vous voyez bien, Sire ! - Mais ces chevaux de main, mais ces mules, mais ces coffres dont elles son chargées ? demanda François. - Eh bien, dit Coconnas, est-ce que nous sommes des valets d'écurie ? faites chercher le palefrenier qui les gardait. - Il n'y est pas, dit le duc furieux. - Alors, c'est qu'il aura pris peur et se sera sauvé, reprit Coconnas ; on ne peut pas demander à un manant d'avoir le calme d'un gentilhomme. - Toujours le même système, dit d'Alençon en grinçant des dents. Heureusement, Sire, je vous ai prévenu que ces messieurs depuis quelques jours n'étaient plus à mon service. - Moi ! dit Coconnas, j'aurais le malheur de ne plus appartenir à Votre Altesse ?... - Eh ! morbleu ! monsieur, vous le savez mieux que personne, puisque vous m'avez donné votre démission dans une lettre assez impertinente que j'ai conservée, Dieu merci, et que par bonheur j'ai sur moi. - Oh ! dit Coconnas, j'espérais que Votre Altesse m'avait pardonné une lettre écrite dans un premier mouvement de mauvaise humeur. J'avais appris que Votre Altesse avait voulu, dans un corridor du Louvre, trangler mon ami La Mole. - Eh bien, interrompit le roi, que dit-il donc ? - J'avais cru que Votre Altesse était seule, continua ingénument La Mole. Mais depuis que j'ai su que trois utres personnes... - Silence ! dit Charles, nous sommes suffisamment renseignés. Henri, dit il au roi de Navarre, votre parole de ne pas fuir ? - Je la donne à Votre Majesté, Sire. - Retournez à Paris avec M. de Nancey et prenez les arrêts dans votre chambre. Vous, messieurs, continua-til en s'adressant aux deux gentilshommes, rendez vos épées. La Mole regarda Marguerite. Elle sourit. Aussitôt La Mole remit son épée au capitaine qui était le plus proche de lui. Coconnas en fit autant. - Et M. de Mouy, l'a-t-on retrouvé ? demanda le roi. - Non, Sire, dit M. de Nancey ; ou il n'était pas dans la forêt, ou il s'est sauvé. - Tant pis, dit le roi. Retournons. J'ai froid, je suis ébloui. - Sire, c'est la colère sans doute, dit François. - Oui, peut-être. Mes yeux vacillent. Où sont donc les prisonniers ? Je n'y vois plus. Est-ce donc déjà la nuit ! oh ! miséricorde ! je brûle ! ... À moi ! à moi ! Et le malheureux roi lâchant la bride de son cheval, étendant les bras, tomba en arrière, soutenu par les courtisans épouvantés de cette seconde attaque. François, à l'écart, essuyait la sueur de son front, car lui seul connaissait la cause du mal qui torturait son frère. De l'autre côté, le roi de Navarre, déjà sous la garde de M. de Nancey, considérait toute cette scène avec un étonnement croissant. - Eh ! eh ! murmura-t-il avec cette prodigieuse intuition qui par moments faisait de lui un homme illuminé pour ainsi dire, si j'allais me trouver heureux d'avoir été arrêté dans ma fuite ? Il regarda Margot, dont les grands yeux, dilatés par la surprise, se reportaient de lui au roi et du roi à lui. Cette fois le roi était sans connaissance. On fit approcher une civière sur laquelle on l'étendit. On le recouvrit d'un manteau, qu'un des cavaliers détacha de ses épaules, et le cortège reprit tranquillement la route de Paris, 'où l'on avait vu partir le matin des conspirateurs allègres et un roi joyeux, et où l'on voyait rentrer un roi oribond entouré de rebelles prisonniers. Marguerite, qui dans tout cela n'avait perdu ni sa liberté de corps ni sa liberté d'esprit, fit un dernier signe 'intelligence à son mari, puis elle passa si près de La Mole que celui-ci put recueillir ces deux mots grecs qu'elle aissa tomber : - Mê déidé. C'est-à-dire : - Ne crains rien. - Que t'a-t-elle dit ? demanda Coconnas. - Elle m'a dit de ne rien craindre, répondit La Mole. - Tant pis, murmura le Piémontais, tant pis, cela veut dire qu'il ne fait pas bon ici pour tous. Toutes les fois que ce mot là m'a été adressé en manière d'encouragement, j'ai reçu à l'instant même soit une balle quelque part, soit un coup d'épée dans le corps, soit un pot de fleurs sur la tête. Ne crains rien, soit en hébreu, soit en grec, soit en latin, soit en français, a toujours signifié pour moi : Gare là-dessous ! - En route, messieurs ! dit le lieutenant des chevau-légers. - Eh ! sans indiscrétion, monsieur, demanda Coconnas, où nous mène-t on ? - À Vincennes, je crois, dit le lieutenant. - J'aimerais mieux aller ailleurs, dit Coconnas ; mais enfin on ne va pas toujours où l'on veut. Pendant la route le roi était revenu de son évanouissement et avait repris quelque force. À Nanterre il avait même voulu monter à cheval, mais on l'en avait empêché. - Faites prévenir maître Ambroise Paré, dit Charles en arrivant au Louvre. Il descendit de sa litière, monta l'escalier appuyé au bras de Tavannes, et il gagna son appartement, où il défendit que personne le suivît. Tout le monde remarqua qu'il semblait fort grave ; pendant toute la route il avait profondément réfléchi, n'adressant la parole à personne, et ne s'occupant plus ni de la conspiration ni des conspirateurs. Il était évident que ce qui le préoccupait c'était sa maladie. Maladie si subite, si étrange, si aiguë, et dont quelques symptômes étaient les mêmes que les symptômes qu'on avait remarqués chez son frère François II quelque temps avant sa mort. Aussi la défense faite à qui que ce fût, excepté maître Paré, d'entrer chez le roi, n'étonna-t-elle personne. La misanthropie, on le savait, était le fond du caractère du prince. Charles entra dans sa chambre à coucher, s'assit sur une espèce de chaise longue, appuya sa tête sur des coussins, et, réfléchissant que maître Ambroise Paré pourrait n'être pas chez lui et tarder à venir, il voulut utiliser le temps de l'attente. En conséquence, il frappa dans ses mains ; un garde parut. - Prévenez le roi de Navarre que je veux lui parler, dit Charles. Le garde s'inclina et obéit. Charles renversa sa tête en arrière, une lourdeur effroyable de cerveau lui laissait à peine la faculté de lier ses idées les unes aux autres, une espèce de nuage sanglant flottait devant ses yeux ; sa bouche était aride, et il avait déjà, sans étancher sa soif, vidé toute une carafe d'eau. Au milieu de cette somnolence, la porte se rouvrit et Henri parut ; M. de Nancey le suivait par-derrière, mais il s'arrêta dans l'antichambre. Le roi de Navarre attendit que la porte fût refermée derrière lui. Alors il s'avança. - Sire, dit-il, vous m'avez fait demander, me voici. Le roi tressaillit à cette voix, et fit le mouvement machinal d'étendre la main. - Sire, dit Henri en laissant ses deux mains pendre à ses côtés, Votre Majesté oublie que je ne suis plus son frère, mais son prisonnier. - Ah ! ah ! c'est vrai, dit Charles ; merci de me l'avoir rappelé. Il y a plus, il me souvient que vous m'avez promis, lorsque nous serions en tête-à-tête, de me répondre franchement. - Je suis prêt à tenir cette promesse. Interrogez, Sire. Le roi versa de l'eau froide dans sa main, et posa sa main sur son front. - Qu'y a-t-il de vrai dans l'accusation du duc d'Alençon ? Voyons, répondez, Henri. - La moitié seulement : c'était M. d'Alençon qui devait fuir, et moi qui devais l'accompagner. - Et pourquoi deviez-vous l'accompagner ? demanda Charles ; êtes-vous donc mécontent de moi, Henri ? - Non, Sire, au contraire ; je n'ai qu'à me louer de Votre Majesté ; et Dieu qui lit dans les coeurs, voit dans le mien quelle profonde affection je porte à mon frère et à mon roi. - Il me semble, dit Charles, qu'il n'est point dans la nature de fuir les gens que l'on aime et qui nous aiment ! - Aussi, dit Henri, je ne fuyais pas ceux qui m'aiment, je fuyais ceux qui me détestent. Votre Majesté me permet-elle de lui parler à coeur ouvert ? - Parlez, monsieur. - Ceux qui me détestent ici, Sire, c'est M. d'Alençon et la reine mère. - M. d'Alençon, je ne dis pas, reprit Charles, mais la reine mère vous comble d'attentions.

« Cette foisleroi était sansconnaissance.

Onfitapprocher unecivière surlaquelle onl’étendit.

Onlerecouvrit d’un manteau, qu’undescavaliers détachadeses épaules, etlecortège reprittranquillement laroute deParis, d’où l’onavait vupartir lematin desconspirateurs allègresetun roi joyeux, etoù l’on voyait rentrer unroi moribond entouréderebelles prisonniers. Marguerite, quidans toutcelan’avait perdunisa liberté decorps nisa liberté d’esprit, fitun dernier signe d’intelligence àson mari, puisellepassa siprès deLa Mole quecelui-ci putrecueillir cesdeux mots grecs qu’elle laissa tomber : – Mê déidé.

C’est-à-dire : – Ne crains rien. – Que t’a-t-elle dit ?demanda Coconnas. – Elle m’aditdene rien craindre, réponditLaMole. – Tant pis,murmura lePiémontais, tantpis,cela veut direqu’il nefait pas bon icipour tous.

Toutes lesfois que cemot làm’a étéadressé enmanière d’encouragement, j’aireçu àl’instant mêmesoitune balle quelque part, soituncoup d’épée danslecorps, soitunpot defleurs surlatête.

Necrains rien,soitenhébreu, soiten grec, soitenlatin, soitenfrançais, atoujours signifiépourmoi : Gare là-dessous ! – En route, messieurs !dit lelieutenant deschevau-légers. – Eh !sans indiscrétion, monsieur,demandaCoconnas, oùnous mène-t on ? – À Vincennes, jecrois, ditlelieutenant. – J’aimerais mieuxallerailleurs, ditCoconnas ; maisenfin onnevapas toujours oùl’on veut. Pendant laroute leroi était revenu deson évanouissement etavait repris quelque force.ÀNanterre ilavait même voulumonter àcheval, maisonl’en avait empêché. – Faites prévenir maîtreAmbroise Paré,ditCharles enarrivant auLouvre. Il descendit desalitière, montal’escalier appuyéaubras deTavannes, etilgagna sonappartement, oùil défendit quepersonne lesuivît. Tout lemonde remarqua qu’ilsemblait fortgrave ; pendant toutelaroute ilavait profondément réfléchi, n’adressant laparole àpersonne, etne s’occupant plusnide laconspiration nides conspirateurs.

Ilétait évident que cequi lepréoccupait c’étaitsamaladie. Maladie sisubite, siétrange, siaiguë, etdont quelques symptômes étaientlesmêmes quelessymptômes qu’on avaitremarqués chezsonfrère François IIquelque tempsavantsamort. Aussi ladéfense faiteàqui que cefût, excepté maîtreParé,d’entrer chezleroi, n’étonna-t-elle personne.La misanthropie, onlesavait, étaitlefond ducaractère duprince. Charles entradanssachambre àcoucher, s’assitsurune espèce dechaise longue, appuyasatête surdes coussins, et,réfléchissant quemaître Ambroise Parépourrait n’êtrepaschez luiettarder àvenir, ilvoulut utiliser letemps del’attente. En conséquence, ilfrappa danssesmains ; ungarde parut. – Prévenez leroi deNavarre quejeveux luiparler, ditCharles.

Legarde s’inclina etobéit. Charles renversa satête enarrière, unelourdeur effroyable decerveau luilaissait àpeine lafaculté delier ses idées lesunes auxautres, uneespèce denuage sanglant flottaitdevant sesyeux ; sabouche étaitaride, etilavait déjà, sansétancher sasoif, vidétoute unecarafe d’eau. Au milieu decette somnolence, laporte serouvrit etHenri parut ; M. de Nancey lesuivait par-derrière, mais il s’arrêta dansl’antichambre. Le roi deNavarre attenditquelaporte fûtrefermée derrièrelui.Alors ils’avança. – Sire, dit-il, vousm’avez faitdemander, mevoici. Le roi tressaillit àcette voix,etfit lemouvement machinald’étendre lamain. – Sire, ditHenri enlaissant sesdeux mains pendre àses côtés, VotreMajesté oubliequejene suis plus son frère, maissonprisonnier. – Ah !ah !c’est vrai, ditCharles ; mercideme l’avoir rappelé.

Ilya plus, ilme souvient quevous m’avez promis, lorsquenousserions entête-à-tête, deme répondre franchement. – Je suis prêt àtenir cettepromesse.

Interrogez, Sire. Le roi versa del’eau froide danssamain, etposa samain surson front. – Qu’y a-t-il devrai dans l’accusation duduc d’Alençon ? Voyons,répondez, Henri. – La moitié seulement : c’étaitM. d’Alençon quidevait fuir,etmoi quidevais l’accompagner. – Et pourquoi deviez-vous l’accompagner ? demandaCharles ;êtes-vous doncmécontent demoi, Henri ? – Non, Sire,aucontraire ; jen’ai qu’à melouer deVotre Majesté ; etDieu quilitdans lescœurs, voitdans le mien quelle profonde affectionjeporte àmon frère etàmon roi. – Il me semble, ditCharles, qu’iln’est point danslanature defuir lesgens quel’on aime etqui nous aiment ! – Aussi, ditHenri, jene fuyais pasceux quim’aiment, jefuyais ceuxquimedétestent.

VotreMajesté me permet-elle delui parler àcœur ouvert ? – Parlez, monsieur. – Ceux quimedétestent ici,Sire, c’estM. d’Alençon etlareine mère. – M. d’Alençon, jene dis pas, reprit Charles, maislareine mèrevouscomble d’attentions.. »

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