les, ils répondront.
Publié le 04/11/2013
Extrait du document
«
Cette
foisleroi était sansconnaissance.
Onfitapprocher unecivière surlaquelle onl’étendit.
Onlerecouvrit
d’un manteau, qu’undescavaliers détachadeses épaules, etlecortège reprittranquillement laroute deParis,
d’où l’onavait vupartir lematin desconspirateurs allègresetun roi joyeux, etoù l’on voyait rentrer unroi
moribond entouréderebelles prisonniers.
Marguerite, quidans toutcelan’avait perdunisa liberté decorps nisa liberté d’esprit, fitun dernier signe
d’intelligence àson mari, puisellepassa siprès deLa Mole quecelui-ci putrecueillir cesdeux mots grecs qu’elle
laissa tomber :
– Mê
déidé.
C’est-à-dire :
– Ne crains rien.
– Que t’a-t-elle dit ?demanda Coconnas.
– Elle m’aditdene rien craindre, réponditLaMole.
– Tant pis,murmura lePiémontais, tantpis,cela veut direqu’il nefait pas bon icipour tous.
Toutes lesfois
que cemot làm’a étéadressé enmanière d’encouragement, j’aireçu àl’instant mêmesoitune balle quelque
part, soituncoup d’épée danslecorps, soitunpot defleurs surlatête.
Necrains rien,soitenhébreu, soiten
grec, soitenlatin, soitenfrançais, atoujours signifiépourmoi : Gare
là-dessous !
– En
route, messieurs !dit lelieutenant deschevau-légers.
– Eh !sans indiscrétion, monsieur,demandaCoconnas, oùnous mène-t on ?
– À Vincennes, jecrois, ditlelieutenant.
– J’aimerais mieuxallerailleurs, ditCoconnas ; maisenfin onnevapas toujours oùl’on veut.
Pendant laroute leroi était revenu deson évanouissement etavait repris quelque force.ÀNanterre ilavait
même voulumonter àcheval, maisonl’en avait empêché.
– Faites prévenir maîtreAmbroise Paré,ditCharles enarrivant auLouvre.
Il descendit desalitière, montal’escalier appuyéaubras deTavannes, etilgagna sonappartement, oùil
défendit quepersonne lesuivît.
Tout lemonde remarqua qu’ilsemblait fortgrave ; pendant toutelaroute ilavait profondément réfléchi,
n’adressant laparole àpersonne, etne s’occupant plusnide laconspiration nides conspirateurs.
Ilétait évident
que cequi lepréoccupait c’étaitsamaladie.
Maladie sisubite, siétrange, siaiguë, etdont quelques symptômes étaientlesmêmes quelessymptômes
qu’on avaitremarqués chezsonfrère François IIquelque tempsavantsamort.
Aussi ladéfense faiteàqui que cefût, excepté maîtreParé,d’entrer chezleroi, n’étonna-t-elle personne.La
misanthropie, onlesavait, étaitlefond ducaractère duprince.
Charles entradanssachambre àcoucher, s’assitsurune espèce dechaise longue, appuyasatête surdes
coussins, et,réfléchissant quemaître Ambroise Parépourrait n’êtrepaschez luiettarder àvenir, ilvoulut
utiliser letemps del’attente.
En conséquence, ilfrappa danssesmains ; ungarde parut.
– Prévenez leroi deNavarre quejeveux luiparler, ditCharles.
Legarde s’inclina etobéit.
Charles renversa satête enarrière, unelourdeur effroyable decerveau luilaissait àpeine lafaculté delier ses
idées lesunes auxautres, uneespèce denuage sanglant flottaitdevant sesyeux ; sabouche étaitaride, etilavait
déjà, sansétancher sasoif, vidétoute unecarafe d’eau.
Au milieu decette somnolence, laporte serouvrit etHenri parut ; M. de Nancey lesuivait par-derrière, mais
il s’arrêta dansl’antichambre.
Le roi deNavarre attenditquelaporte fûtrefermée derrièrelui.Alors ils’avança.
– Sire, dit-il, vousm’avez faitdemander, mevoici.
Le roi tressaillit àcette voix,etfit lemouvement machinald’étendre lamain.
– Sire, ditHenri enlaissant sesdeux mains pendre àses côtés, VotreMajesté oubliequejene suis plus son
frère, maissonprisonnier.
– Ah !ah !c’est vrai, ditCharles ; mercideme l’avoir rappelé.
Ilya plus, ilme souvient quevous m’avez
promis, lorsquenousserions entête-à-tête, deme répondre franchement.
– Je suis prêt àtenir cettepromesse.
Interrogez, Sire.
Le roi versa del’eau froide danssamain, etposa samain surson front.
– Qu’y a-t-il devrai dans l’accusation duduc d’Alençon ? Voyons,répondez, Henri.
– La moitié seulement : c’étaitM. d’Alençon quidevait fuir,etmoi quidevais l’accompagner.
– Et pourquoi deviez-vous l’accompagner ? demandaCharles ;êtes-vous doncmécontent demoi, Henri ?
– Non, Sire,aucontraire ; jen’ai qu’à melouer deVotre Majesté ; etDieu quilitdans lescœurs, voitdans le
mien quelle profonde affectionjeporte àmon frère etàmon roi.
– Il me semble, ditCharles, qu’iln’est point danslanature defuir lesgens quel’on aime etqui nous aiment !
– Aussi, ditHenri, jene fuyais pasceux quim’aiment, jefuyais ceuxquimedétestent.
VotreMajesté me
permet-elle delui parler àcœur ouvert ?
– Parlez, monsieur.
– Ceux quimedétestent ici,Sire, c’estM. d’Alençon etlareine mère.
– M. d’Alençon, jene dis pas, reprit Charles, maislareine mèrevouscomble d’attentions..
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