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L'escale.

Publié le 23/02/2011

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 C'est d'abord un bouton de rade sur la mer Et qui s'ouvre en pétales, Rare fleur au jardin de l'horizon désert, Escale !  Je suis las de n'avoir pour compagnon de route Que des nuages gris changeant à tout moment, Je suis triste de vingt jours de mer et de doute Sur le navire obscur qui n'a pas de printemps...  Penché sur le soleil incliné des tropiques, Je cultive les fleurs légères des couchants, Mais, jardinier leurré de plantes chimériques, Je les vois se faner sous la nuit et le vent.  Escales des marins argentines et fraîches, O fruits salins mûris par les soleils des mers, Je veux mordre aux douceurs vivaces de vos chairs, Vous qui de loin avez le duvet bleu des pêches.  Je ne vois rien encore à l'horizon figé Dans le cercle marin que nul phare ne troue ; Mais mon cœur, devançant tout ce morne trajet, A déjà vu trembler Santa-Cruz à sa proue.  Jules Supervielle, Poèmes.

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