L'ÉTAT DE SIÈGE.

      L'ÉTAT DE SIÈGE.Spectacle en trois parties   AVERTISSEMENT             Retour à la table des matières En 1941, Barrault eut l'idée de, monter un spectacle autour du mythe de la peste, qui avait tenté aussi ntonin Artaud. Dans les années qui suivirent, il lui parut plus simple d'adapter à cet effet le grand livre e Daniel de Foe, LE JOURNAL DE L'ANNÉE DE LA PESTE. Il fit alors le canevas d'une mise en scène. Lorsqu'il apprit que, de mon côté, j'allais publier un roman sur le même thème, il m'offrit d'écrire des ialogues autour de ce canevas. J'avais d'autres idées et, en particulier, il me paraissait préférable 'oublier Daniel de Foe et de revenir à la première conception de Barrault. Il s'agissait, en somme, d'imaginer un mythe qui puisse être intelligible pour tous les spectateurs de 948. L'État de siège est l'illustration de cette tentative, dont j'ai la faiblesse de croire qu'elle mérite u'on s'y intéresse. Mais : 1° Il doit être clair que l'État de siège, quoiqu'on en ait dit, n'est à aucun degré une adaptation de mon oman. 2° Il ne s'agit pas d'une pièce de structure traditionnelle, mais d'un spectacle dont l'ambition avouée st de mêler toutes les formes d'expression dramatique depuis le monologue lyrique jusqu'au théâtre ollectif, en passant par le jeu muet, le simple dialogue, la farce et le choeur. 3° S'il est vrai que j'aie écrit tout le texte, il reste que le nom de Barrault devrait, en toute justice, tre réuni au mien. Cela n'a pu se faire, pour des raisons qui m'ont paru respectables. Mais il me revient de ire clairement que je reste le débiteur de Jean-Louis Barrault.   20 novembre 1948. A. C.         L'ÉTAT DE SIÈGE.Spectacle en trois parties     DISTRIBUTION         Retour à la table des matières   LA PESTE LA SECRÉTAIRE NADA VICTORIA LE JUGE LA FEMME DU JUGE DIEGO LE GOUVERNEUR L'ALCADE   LES FEMMES DE LA CITÉ   LES HOMMES DE LA CITÉ   LES GARDES     LE CONVOYEUR DES MORTS Pierre Bertin. Madeleine Renaud. Pierre Brasseur. Maria Casarès. Albert Medina. Marie-Hélène Dasté. Jean-Louis Barrault. Charles Mahieu. Régis Outin.   Éléonore Hirt. Simone Valère. Ginette Desailly. Christiane Clouzet. Janine Wansar.   Jean Desailly. Jacques Berthier. Beauchamp. Gabriel Cattand. Jean-Pierre Granval. Bernard Dhéran. Jean Juillard.   Roland Malcome. William Sabatier. Pierre Sonnier. Jacques Galland.   Marcel Marceau.       L'ÉTAT DE SIÈGE     a été représenté pour la première fois, le 27 octobre 1948, par la « Compagnie Madeleine Renaud-Jean-Louis Barrault », au Théâtre Marigny (direction Simonne Volterra).   Musique de scène d'Arthur Honegger. Décor et costumes de Balthus. Mise en scène de Jean-Louis Barrault.           L'ÉTAT DE SIÈGE.Spectacle en trois parties           Retour à la table des matières   PREMIÈRE PARTIE           PROLOGUE       Ouverture musicale autour d'un thème sonore rappelant la sirène d'alerte. Le rideau se lève. La scène est complètement obscure. L'ouverture s'achève, mais le thème de l'alerte demeure, comme un bourdonnement lointain. Soudain, au fond, surgissant du coté cour, une comète se déplace lentement vers le cote jardin. Elle éclaire, en ombres chinoises, les murs d'une ville fortifiée espagnole et la silhouette de plusieurs ersonnages qui tournent le dos au public, immobiles, la tête tendue vers la comète. Quatre heures onnent. Le dialogue est à peu prés incompréhensible, comme un marmonnement.   - La fin du monde ! - Non, homme ! - Si le monde meurt... - Non, homme. Le monde, mais pas l'Espagne ! - Même l'Espagne peut mourir. - À genoux ! - C'est la comète du mal ! - Pas l'Espagne, homme, pas l'Espagne !   Deux ou trois têtes se tournent. Un ou deux personnages se déplacent avec précaution, puis tout redevient immobile. Le bourdonnement se fait alors plus intense, devient strident et se développe musicalement comme une parole intelligible et menaçante. En même temps, la comète grandit démesurément. Brusquement, un cri terrible de femme qui, d'un coup, fait taire la musique et réduit la comète à sa taille normale. La femme s'enfuit en haletant. Remue-ménage sur la place. Le dialogue, plus sifflant et qu'on perçoit mieux, n'est cependant pas encore compréhensible.   - C'est signe de guerre ! - C'est sûr ! - C'est signe de rien. - C'est selon. - Assez. C'est la chaleur.