Devoir de Philosophie

Lucullus dîne chez Lucullus.

Publié le 04/11/2013

Extrait du document

Lucullus dîne chez Lucullus. » Porthos regarda la bouteille qui était près de lui, et il espéra qu'avec du vin, du pain et du fromage il dînerait ; mais le vin manquait, la bouteille était vide ; M. et Mme Coquenard n'eurent point l'air de s'en apercevoir. « C'est bien, se dit Porthos à lui-même, me voilà prévenu. » Il passa la langue sur une petite cuillerée de confitures, et s'englua les dents dans la pâte collante de Mme Coquenard. « Maintenant, se dit-il, le sacrifice est consommé. Ah ! si je n'avais pas l'espoir de regarder avec Mme Coquenard dans l'armoire de son mari ! » Maître Coquenard, après les délices d'un pareil repas, qu'il appelait un excès, éprouva le besoin de faire sa sieste. Porthos espérait que la chose aurait lieu séance tenante et dans la localité même ; mais le procureur audit ne voulut entendre à rien : il fallut le conduire dans sa chambre et il cria tant qu'il ne fut pas devant son rmoire, sur le rebord de laquelle, pour plus de précaution encore, il posa ses pieds. La procureuse emmena Porthos dans une chambre voisine et l'on commença de poser les bases de la éconciliation. « Vous pourrez venir dîner trois fois la semaine, dit Mme Coquenard. - Merci, dit Porthos, je n'aime pas à abuser ; d'ailleurs, il faut que je songe à mon équipement. - C'est vrai, dit la procureuse en gémissant... c'est ce malheureux équipement. - Hélas ! oui, dit Porthos, c'est lui. - Mais de quoi donc se compose l'équipement de votre corps, monsieur Porthos ? - Oh ! de bien des choses, dit Porthos ; les mousquetaires, comme vous savez, sont soldats d'élite, et il leur aut beaucoup d'objets inutiles aux gardes ou aux Suisses. - Mais encore, détaillez-le-moi. - Mais cela peut aller à... », dit Porthos, qui aimait mieux discuter le total que le menu. La procureuse attendait frémissante. « À combien ? dit-elle, j'espère bien que cela ne passe point... » Elle s'arrêta, la parole lui manquait. « Oh ! non, dit Porthos, cela ne passe point deux mille cinq cents livres ; je crois même qu'en y mettant de 'économie, avec deux mille livres je m'en tirerai. - Bon Dieu, deux mille livres ! s'écria-t-elle, mais c'est une fortune. » Porthos fit une grimace des plus significatives, Mme Coquenard la comprit. « Je demandais le détail, dit-elle, parce qu'ayant beaucoup de parents et de pratiques dans le commerce, 'étais presque sûre d'obtenir les choses à cent pour cent au-dessous du prix où vous les payeriez vous-même. - Ah ! ah ! fit Porthos, si c'est cela que vous avez voulu dire ! - Oui, cher monsieur Porthos ! ainsi ne vous faut-il pas d'abord un cheval ? - Oui, un cheval. - Eh bien, justement j'ai votre affaire. - Ah ! dit Porthos rayonnant, voilà donc qui va bien quant à mon cheval ; ensuite il me faut le harnachement omplet, qui se compose d'objets qu'un mousquetaire seul peut acheter, et qui ne montera pas, d'ailleurs, à plus e trois cents livres. - Trois cents livres : alors mettons trois cents livres » dit la procureuse avec un soupir. Porthos sourit : on se souvient qu'il avait la selle qui lui venait de Buckingham, c'était donc trois cents livres u'il comptait mettre sournoisement dans sa poche. « Puis, continua-t-il, il y a le cheval de mon laquais et ma valise ; quant aux armes, il est inutile que vous vous en préoccupiez, je les ai. - Un cheval pour votre laquais ? reprit en hésitant la procureuse ; mais c'est bien grand seigneur, mon ami. - Eh ! madame ! dit fièrement Porthos, est-ce que je suis un croquant, par hasard ? - Non ; je vous disais seulement qu'un joli mulet avait quelquefois aussi bon air qu'un cheval, et qu'il me semble qu'en vous procurant un joli mulet pour Mousqueton... - Va pour un joli mulet, dit Porthos ; vous avez raison, j'ai vu de très grands seigneurs espagnols dont toute la suite était à mulets. Mais alors, vous comprenez, madame Coquenard, un mulet avec des panaches et des relots ? - Soyez tranquille, dit la procureuse. - Reste la valise, reprit Porthos. - Oh ! que cela ne vous inquiète point, s'écria Mme Coquenard : mon mari a cinq ou six valises, vous hoisirez la meilleure ; il y en a une surtout qu'il affectionnait dans ses voyages, et qui est grande à tenir un onde. - Elle est donc vide, votre valise ? demanda naïvement Porthos. - Assurément qu'elle est vide, répondit naïvement de son côté la procureuse. - Ah ! mais la valise dont j'ai besoin est une valise bien garnie, ma chère. » Mme Coquenard poussa de nouveaux soupirs. Molière n'avait pas encore écrit sa scène de l'Avare. Mme Coquenard a donc le pas sur Harpagon. Enfin le reste de l'équipement fut successivement débattu de la même manière ; et le résultat de la scène fut que la procureuse demanderait à son mari un prêt de huit cents livres en argent, et fournirait le cheval et le mulet qui auraient l'honneur de porter à la gloire Porthos et Mousqueton. Ces conditions arrêtées, et les intérêts stipulés ainsi que l'époque du remboursement, Porthos prit congé de Mme Coquenard. Celle-ci voulait bien le retenir en lui faisant les yeux doux ; mais Porthos prétexta les exigences du service, et il fallut que la procureuse cédât le pas au roi. Le mousquetaire rentra chez lui avec une faim de fort mauvaise humeur.

« la suite étaitàmulets.

Maisalors, vouscomprenez, madameCoquenard, unmulet avecdespanaches etdes grelots ? – Soyez tranquille, ditlaprocureuse. – Reste lavalise, repritPorthos. – Oh ! quecela nevous inquiète point,s’écria Mme Coquenard : monmari acinq ousix valises, vous choisirez lameilleure ; ilyen aune surtout qu’ilaffectionnait danssesvoyages, etqui estgrande àtenir un monde. – Elle estdonc vide,votre valise ? demanda naïvement Porthos. – Assurément qu’elleestvide, répondit naïvement deson côté laprocureuse. – Ah ! maislavalise dontj’aibesoin estune valise biengarnie, machère. » Mme Coquenard poussadenouveaux soupirs.Molièren’avaitpasencore écritsascène del’Avare. Mme Coquenard adonc lepas surHarpagon. Enfin lereste del’équipement futsuccessivement débattudelamême manière ; etlerésultat delascène fut que laprocureuse demanderait àson mari unprêt dehuit cents livres enargent, etfournirait lecheval etle mulet quiauraient l’honneur deporter àla gloire Porthos etMousqueton. Ces conditions arrêtées,etles intérêts stipulés ainsiquel’époque duremboursement, Porthospritcongé de Mme Coquenard.

Celle-civoulaitbienleretenir enlui faisant lesyeux doux ; maisPorthos prétexta lesexigences du service, etilfallut quelaprocureuse cédâtlepas auroi. Le mousquetaire rentrachezluiavec unefaim defort mauvaise humeur.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles