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MAROT (1497-1544). A son ami Lyon

Publié le 22/06/2011

Extrait du document

marot

Clément Marot, né à Cahors, fut attaché à la personne de Marguerite, soeur de François Ier, puis à François Ier lui-même. Il vivait à la cour, composant surtout des poésies légères, inspirées par les circonstances. S'il eût mené une vie tranquille et heureuse, son oeuvre serait superficielle et démodée. Mais il s'attira plusieurs mésaventures qui l'obligèrent à solliciter tantôt sa grâce, tantôt des secours d'argent ; et ses malheurs lui ont inspiré ses meilleures épîtres. — Il mourut à Turin, exilé, en 1544. En 1526, Marot avait été arrêté et enfermé au Châtelet. Il écrivit à Lyon Jamet, pour que celui-ci intervînt en sa faveur et le fît sortir de prison.

A son ami Lyon (1526).

En jouant sur le nom de Lyon, et en se comparant au Rat, à cause de la modestie de sa situation, Marot reprend une fable très ancienne, que non seulement il rajeunit, par des détails exquis, mais qu'il fixe. La Fontaine, après lui, y a échoué. — Lyon Jamet obtint que Marot fût réclamé par l'évêque de Chartres : le poète put ainsi quitter le Châtelet, et quelques mois après il avait sa grâce.

... Je te veux dire une belle fable : C'est à savoir du Lion et du Rat. Cettuy Lion, plus fort qu'un vieil verrat, Vit une fois que le Rat ne savait Sortir d'un lieu pour autant qu'il avait Mangé le lard, et la chair toute crue : Mais ce Lion (qui jamais ne fut grue) Trouva moyen et manière et matière, D'ongles et dents, de rompre la ratière, Dont maître Rat échappe vitement; Puis mit à terre un genou gentiment, Et en ôtant son bonnet de la tête, A mercié mille fois la grand'bête, Jurant le dieu des souris et des rats Qu'il lui rendrait. Maintenant tu verras Le bon du conte. Il advint d'aventure Que le Lion pour chercher sa pâture Saillit dehors sa caverne et son siège, Dont (par malheur) se trouva pris au piège Et fut lié contre un ferme poteau. Adonc le Rat, sans serpe ni couteau, Y arriva joyeux et ébaudi, Et du Lion (pour vrai) ne s'est gaudi; Mais dépita chats, chattes et chatons, Et prisa fort rats, rates et ratons, Dont il avait trouvé temps favorable Pour secourir le Lion secourable; Auquel a dit: — « Tais-toi, Lion lié, Par moi seras maintenant délié : Tu le vaux bien, car le cœur joli as; Bien y parut quand tu me délias. Secouru m'as fort lionneusement, Or secouru seras rateusement. « Lors le Lion ses deux grands yeux vêtit Et vers le Rat les tourna un petit, En lui disant : — O pauvre verminière, Tu n'as sur toi instrument ni manière, Tu n'as couteau, serpe, ni serpillon, Qui sût couper corde ni cordillon, Pour me jeter de cette étroite voie! Va te cacher, que le Chat ne te voie! — Sire Lion (dit le fils de Souris), De ton propos certes je me souris, J'ai des couteaux assez, ne te soucie, De bel os blanc plus tranchant qu'une scie; Leur gaine, c'est ma gencive et ma bouche; Bien couperont la corde qui te touche De si très près, car j'y mettrai bon ordre. « Lors sire Rat va commencer à mordre Ce gros lien. Vrai est qu'il y songea Assez longtemps, mais il le vous rongea Souvent, et tant qu'à la parfin tout rompt, Et le Lion de s'en aller fut prompt, Disant en soi : « Nul plaisir en effet Ne se perd point, quelque part où soit fait. « Voilà le conte en termes rithmassez, Il est bien long, mais il est vieil assez, Témoin Ésope et plus d'un million. Or viens me voir pour faire le Lion, Et je mettrai peine, sens et étude D'être le Rat, exempt d'ingratitude : J'entends, si Dieu te donne autant d'affaire Qu'au grand Lion; ce qu'il ne veuille faire.

(Épîtres, I, 6.).

QUESTIONS D'EXAMEN

I. — L'ensemble. — Nature du morceau : une fable, adressée par Marot, sous forme d'épître, à son ami Lyon Jamet. — Où se trouvait le poète quand il écrivit à son ami ? A quel ingénieux moyen eut-il recours pour solliciter la protection de Lyon Jamet ? A quoi se compare-t-il dans la fable ? Quel service rendit le Lion au Rat ? Le Rat ne sut-il pas témoigner au Lion sa reconnaissance ? Quel sentiment éprouve le Rat pour le Lion, "la grand'bête" ? Quel sentiment inspire au Lion le Rat, "pauvre verminière" ? Quelle est la morale de la fable ? Par qui est-elle formulée ? Où réside surtout, d'après vous, l'intérêt du morceau ? (dans l'action ? — dans les paroles ? — à développer).

II. — L'analyse du morceau. — ici Distinguez les différentes parties du morceau : a) L'entrée en matière; b) Le Lion délivre le Rat, pris dans une ratière; c) Le Rat délivre le Lion, pris au piège; d) Allusion du-poète à sa propre situation : appel à Lyon Jamet; Quelles sont les parties du morceau qui forment comme le cadre de la fable ? Le Rat court-il un grand danger en délivrant le Lion ? En fut-il de même du Lion délivrant le Rat ? Sur quel ton le Rat adresse-t-il ses remerciements au Lion? Le Lion remercie-t-il le Rat ? Étudiez le dialogue qui s'établit entre le Rat et le Lion; quelles remarques vous suggère-t-il ? Que fera le poète si Lyon Jamet se trouve, un jour, dans la situation du Lion ? Comparez la fable de Marot à la fable de La Fontaine : le Lion et le Rat; quelles remarques vous suggère cette comparaison ?

III. — Le style ; les expressions. — Montrez, dans ce morceau : la variété et l'agrément des termes (Tu n'as couteau, serpe ni serpillon, qui sût couper corde ni cordillon...; diminutifs dont l'emploi est du plus heureux effet); le pittoresque du style (le Rat mit à terre un genou gentiment...) ; l'animation du dialogue; la vérité des traits (Va te cacher, que le Chat ne te voie! — J'ai des couteaux assez, ne te soucie...) ; N'y a-t-il pas dans la fable un assez grand nombre d'allitérations? (Tais-toi, Lion lié...); l'emploi de ces allitérations ne dénote-t-il pas un genre d'esprit un peu facile ? Les adverbes : haineusement et rateusement, créés par Marot, sont-ils passés dans la langue? Que signifie le mot saillit ? (Saillit dehors sa caverne...).

IV. — La grammaire. — Que manque-t-il, de nos jours, à l'expression : qu'il lui rendrait ? Qu'est-ce qu'un diminutif ? Trouvez quelques diminutifs dans le morceau; Indiquez quelques mots de la même famille que épître, — que fable; Nature et fonction de chacun des mots suivants ce qu'il ne veuille faire.

Rédaction. — Quelle moralité se dégage de la fable de Clément Marot? Montres-en l'application dans la vie, à l'aide d'un récit que vous composerez.

marot

« Ce gros lien.

Vrai est qu'il y songeaAssez longtemps, mais il le vous rongeaSouvent, et tant qu'à la parfin tout rompt,Et le Lion de s'en aller fut prompt,Disant en soi : « Nul plaisir en effetNe se perd point, quelque part où soit fait.

»Voilà le conte en termes rithmassez,Il est bien long, mais il est vieil assez,Témoin Ésope et plus d'un million.Or viens me voir pour faire le Lion,Et je mettrai peine, sens et étudeD'être le Rat, exempt d'ingratitude :J'entends, si Dieu te donne autant d'affaireQu'au grand Lion; ce qu'il ne veuille faire. (Épîtres, I, 6.). QUESTIONS D'EXAMEN I.

— L'ensemble.

— Nature du morceau : une fable, adressée par Marot, sous forme d'épître, à son ami Lyon Jamet.— Où se trouvait le poète quand il écrivit à son ami ? A quel ingénieux moyen eut-il recours pour solliciter laprotection de Lyon Jamet ? A quoi se compare-t-il dans la fable ? Quel service rendit le Lion au Rat ? Le Rat ne sut-il pas témoigner au Lion sa reconnaissance ? Quel sentiment éprouve le Rat pour le Lion, "la grand'bête" ? Quelsentiment inspire au Lion le Rat, "pauvre verminière" ? Quelle est la morale de la fable ? Par qui est-elle formulée ?Où réside surtout, d'après vous, l'intérêt du morceau ? (dans l'action ? — dans les paroles ? — à développer). II.

— L'analyse du morceau.

— ici Distinguez les différentes parties du morceau : a) L'entrée en matière; b) Le Liondélivre le Rat, pris dans une ratière; c) Le Rat délivre le Lion, pris au piège; d) Allusion du-poète à sa propresituation : appel à Lyon Jamet; Quelles sont les parties du morceau qui forment comme le cadre de la fable ? Le Ratcourt-il un grand danger en délivrant le Lion ? En fut-il de même du Lion délivrant le Rat ? Sur quel ton le Ratadresse-t-il ses remerciements au Lion? Le Lion remercie-t-il le Rat ? Étudiez le dialogue qui s'établit entre le Rat etle Lion; quelles remarques vous suggère-t-il ? Que fera le poète si Lyon Jamet se trouve, un jour, dans la situationdu Lion ? Comparez la fable de Marot à la fable de La Fontaine : le Lion et le Rat; quelles remarques vous suggèrecette comparaison ? III.

— Le style ; les expressions.

— Montrez, dans ce morceau : la variété et l'agrément des termes (Tu n'ascouteau, serpe ni serpillon, qui sût couper corde ni cordillon...; diminutifs dont l'emploi est du plus heureux effet); lepittoresque du style (le Rat mit à terre un genou gentiment...) ; l'animation du dialogue; la vérité des traits (Va tecacher, que le Chat ne te voie! — J'ai des couteaux assez, ne te soucie...) ; N'y a-t-il pas dans la fable un assezgrand nombre d'allitérations? (Tais-toi, Lion lié...); l'emploi de ces allitérations ne dénote-t-il pas un genre d'espritun peu facile ? Les adverbes : haineusement et rateusement, créés par Marot, sont-ils passés dans la langue? Quesignifie le mot saillit ? (Saillit dehors sa caverne...). IV.

— La grammaire.

— Que manque-t-il, de nos jours, à l'expression : qu'il lui rendrait ? Qu'est-ce qu'un diminutif ?Trouvez quelques diminutifs dans le morceau; Indiquez quelques mots de la même famille que épître, — que fable;Nature et fonction de chacun des mots suivants ce qu'il ne veuille faire. Rédaction.

— Quelle moralité se dégage de la fable de Clément Marot? Montres-en l'application dans la vie, à l'aided'un récit que vous composerez.. »

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