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MICHELET: Jeanne d'Arc

Publié le 26/01/2012

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michelet

C'était jusque-là une réunion de provinces, un vaste chaos de fiefs, grand pays, d'idée vague. Mais, dès ce jour, par la force du coeur elle est une patrie. Beau mystère! touchant, sublime ! Comment l'amour immense et pur d'un jeune coeijr embrasa tout un monde, lui donna cette seconde vie, la vraie vie que l'amour seul donne. Enfant, elle aimait toutes choses, disent les témoins de son âge. Elle aimait jusqu'aux ànimaux; les oiseaux se fiaient à elle, jusqu'à venir lui manger dans la main. Elle aimait ses amies, ses parents, mais surtout les pauvres ... Or, le pauvre des pauvres, la plus misérable personne et la plus digne de pitié en ce moment, c'était la France. Elle aima tant la France!...  Et la France touchée se mit à s'aimer elle-même. On le voit dès le premier jour qu'elle paraît devant Orléans. Tout le peuple oublie son péril: cette ravissante image de la patrie, vue pour la première fois, le saisit et l'entraîne; il sort hardiment hors des murs, il déploie son drapeau, il passe sous les yeux des Anglais qui n'osent sortir de leurs bastilles. Souvenons-nous toujours, Français, que la patrie chez nous est née du coeur d'une femme, de sa tendresse et de ses larmes, du sang qu'elle a donllé pour nous...

michelet

« On assure qu'elle lui dit: « 0 gentil roi, maintenartt est fait le plaisir de Dieu qui voulait que je fisse lever le siège d'Orléans, et que je vous amenasse en votre cité de Reims,_ recevoir votre saint sacre, montrant que vous êtes vrai roi, et qu'à vous doit appartenir le royaume de France.

>> La Pucelle avait raison; elle avait fait et fini ce qu'elle avait à faire.

Aussi, dans la joie même de cette triomphante solennité, elle eut l'idée, le pressentiment peut-être de sa fin prochaine.

Lorsqu 'elle entrait à Reims avec le roi, et que tout le peuple venait au-devant en chantant des hymnes: « 0 le bon et dévot peuple! dit­ elle ...

Si je dois mourir, je serais bien heureuse que l'on m'en­ terrât ici ! - Jeanne, lui dit l'archevêque, où croyez-vous donc mourir? - Je n'en sais rien, où il plaira à Dieu ...

Je voudrais bien qu'il lui plût que je rn 'en allasse garder les moutons avec ma sœur et mes frères ...

Ils seraient si joyeux de me revoir!.

..

J'ai fait du moins ce que Notre-Seigneur m'avait commandé de faire.

» Et elle rendit grâces en levant les yeux au ciel.

-Tous ceux qui la virent en ce moment, dit la vieille chronique, « crurent mieux que jamais que c'estoit chose venue de la part de Dieu.

» L'ensemble.

- Michelet a, réalisé complètement tous les carac­ tères de l'histoire romantique.

Elle devient vraiment avec lui une sorte de poésie lyrique, une expression ardente du cœur.

C'est ainsi qu'il anime ses personnages, qu'il les fait vivre .

sous nos yeux, en leur prêtant souvent ses propres sentiments, qu'il fait vivre aussi des entités, ou des collectivités, ou leur donnant tous les traits, tous les réflexes d'un être réel, en les faisant parler et agir d'une façon puissamment imagée.

A la fin de son histoire du moyen âge, il a consacré tout un 'livre à t>héroïque fi~re de Jeanne d'Arc.

S'il est souvent partial' dans son interprétanon des idées, il sait du moins élever un émouvant monument de pitié, de tendresse et d'admiration en l'honneur de celle qui a sauvé la France.

Le style.

- Le style, chez Michelet, est particulièrement imagé, souple, frémissant.

C'est le style d'un grand poète, plein d'émotion, tantôt simple, naturelle, familière, tantôt éloquente et grandiose.

Michelet emploie des phrases coupées, heurtées, un peu haletantes, pour mieux rendre le cri de son âme passionnée.

Les mots: exécration : malédiction, sentiment d'horreur extrême.

fiefs : domaines; terres nobles qu'un vassal tenait d'un sei­ gneur.

cette ravissante image de la pa­ trie : c'est Jeanne d'Arc qui sym­ bolise le visage même de la France.

bastilles : autrefois ouvrage déta­ ché de fortification; château fort.

Pucelle (du latin puella) : jeune fille.

gentil : noble, de bonne race.

sacre : cérémonie.

reHgieuse par la­ quelle on consacre un roi, un évêque.

garder les moutons : cela exprime la simplicité de cœur de Jeanne et caractérise ce qu'elle faisait autrefois.

chronique : histoire dressée sui­ vant l'ordre des temps.. »

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