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Mille et un jours en prison a Berlin --Je vous demande si, cette fois, ma libération est bien certaine?

Publié le 11/04/2014

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Mille et un jours en prison a Berlin --Je vous demande si, cette fois, ma libération est bien certaine? --Pourquoi me demandez-vous cela?... Puisque je vous le dis. Puisque c'est décidé!... --Eh! bien, je me rappelle qu'il y a deux ans vous m'avez communiqué, à la prison, une nouvelle semblable à celle-ci, et cependant je suis demeuré pendant deux ans encore votre pensionnaire. Il promena vaguement son regard du côté du plafond, sembla chercher dans son passé s'il n'avait pas quelque chose à se reprocher, puis, avec un léger sourire, il admit que c'était vrai, mais qu'en vérité, cette fois-ci, il était question d'un échange entre moi et un prisonnier allemand, en Angleterre. Les conditions avaient été arrêtées, et l'échange devait se faire incessamment. Je n'avais rien à ajouter si ce n'est de lui témoigner la satisfaction que j'éprouvais de sortir enfin de l'Allemagne. A une question que je lui posai il me répondit que ma qualité de député au parlement et de conseiller privé était cause de ma longue détention. Il ajouta que tous les documents, papiers, catalogues, livres, correspondances, etc., etc., imprimés ou manuscrits, qui pourraient m'être utiles et que je désirais apporter avec moi devraient être soumis à la censure à Berlin. De retour à la prison, je me mis donc à faire un triage de mes paperasses, livres et lettres reçues pendant ma captivité. J'en fis un paquet assez volumineux que j'envoyai au censeur. Tout cela fut minutieusement censuré, placé sous enveloppes soigneusement scellées et paraphées, et me fut renvoyé à la prison. Cela se passait un samedi; le lundi suivant, le premier lieutenant Block, qui commandait à la prison, arrivait à ma cellule en toute hâte, me disant: --J'ai une bonne nouvelle pour vous. Le gouvernement allemand vous fait offrir, par mon entremise, de passer en Hollande par la Belgique, afin de vous donner le plaisir et l'avantage de rendre visite à vos enfants qui demeurent près d'Anvers. On attend de vous une réponse immédiate à ce sujet. --Ma réponse, lui dis-je, sera courte: j'accepte avec remerciements. Il y avait alors trois ans que j'avais quitté Capellen et je n'avais jamais reçu la visite de ma fille et des enfants de ma femme qui y étaient demeurés. --Cela prendra bien encore quelques jours, dit l'officier, vu qu'il faut prévenir les différents postes militaires, en Belgique, par où vous devez passer. --Je n'ai pas d'objection à attendre une, deux ou même trois semaines pour avoir ce précieux privilège de revoir mes enfants avant de passer en Angleterre. --Je vais communiquer votre réponse au Ministère des Affaires Étrangères. Trois jours plus tard, ce même officier m'apprenait qu'il avait été choisi pour m'accompagner à Bruxelles et jusqu'à la frontière de Hollande. Il semblait particulièrement heureux d'avoir été choisi, et quant à moi, je n'avais rien à dire. J'avais eu des relations fréquentes avec cet officier depuis plus de deux ans, et il m'était plus agréable, évidemment, de voyager avec quelqu'un qui m'était ainsi familier, et qui en somme avait uni ses efforts aux miens lorsque j'avais tenté de me rendre au chevet de ma femme mourante. Chapitre XXVI. QUESTION D'ÉCHANGE 57 Mille et un jours en prison a Berlin J'attendis pendant une longue semaine, suivie d'une autre longue semaine, lorsque le même officier se présenta de nouveau, mais avec une figure sombre me laissant assez prévoir qu'une nouvelle tuile allait m'être lancée sur la tête... --Une mauvaise nouvelle, lui dis-je?... --Oui, une mauvaise nouvelle, vraiment. --Je sais ce dont il s'agit: on refuse maintenant de me laisser passer par la Belgique... --Vous l'avez dit. Alors, je ne pus réprimer un léger mouvement d'impatience et de contrariété: --Comment pareille chose peut-elle arriver?... Ne m'avez-vous pas dit que le gouvernement allemand avait décidé de me laisser passer en territoire occupé pour voir mes enfants?... --Oui, répondit-il. --Alors, quel est donc ce pouvoir supérieur qui est en position de désavouer une décision prise par le gouvernement? --C'est l'autorité militaire!!!... --Eh! bien, lui dis-je, et un peu sèchement, quand partirons-nous pour la Hollande?... --Aussitôt que vous voudrez. --Alors, nous partirons ce soir, ou nous partirons demain; enfin, le plus tôt possible. Le départ fut enfin définitivement fixé au vendredi soir, le 9 mai. Chapitre XXVII. VERS LA LIBERTÉ On ne voit pas arriver sans une profonde émotion le moment de quitter une prison où l'on a été reclus pendant trois années, on l'on s'est fait, et où l'on possède encore des amis sincères et dévoués. Un grand nombre de ceux qui avaient été mes compagnons de captivité, pendant ces trois années, avaient déjà quitté la prison, mais il restait encore une dizaine de prisonniers de nationalité anglaise parmi lesquels je comptais, en particulier, trois ou quatre amis qui m'étaient bien chers. Le jour du départ, vendredi, j'avais obtenu du sergent-major la permission de recevoir dans ma cellule, de 7 heures à 8 heures du soir, tous les prisonniers anglais--on se rappelle que les portes de toutes les cellules étaient fermées dès 7 heures. Mes amis se réunirent donc à ma cellule et nous causâmes, pendant cette dernière heure, des événements de la guerre et de la longueur probable de la détention de chacun. Malgré toute la joie que j'éprouvais à sortir de cet enfer, j'avais le regret d'y laisser plusieurs de ceux avec qui j'avais partagé les ennuis et les privations de la captivité, aux mains de leurs geôliers, privés de liberté, privés de l'atmosphère bienfaisante de la patrie absente. Le train devait partir à 9 heures, et le départ de la prison même était fixé à 8 heures. A ce moment donc, je me séparai de ces braves garçons, à la porte même de la prison. Nous étions tous sous le coup d'une profonde Chapitre XXVII. VERS LA LIBERTÉ 58
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« J'attendis pendant une longue semaine, suivie d'une autre longue semaine, lorsque le même officier se présenta de nouveau, mais avec une figure sombre me laissant assez prévoir qu'une nouvelle tuile allait m'être lancée sur la tête... —Une mauvaise nouvelle, lui dis-je?... —Oui, une mauvaise nouvelle, vraiment. —Je sais ce dont il s'agit: on refuse maintenant de me laisser passer par la Belgique... —Vous l'avez dit. Alors, je ne pus réprimer un léger mouvement d'impatience et de contrariété: —Comment pareille chose peut-elle arriver?...

Ne m'avez-vous pas dit que le gouvernement allemand avait décidé de me laisser passer en territoire occupé pour voir mes enfants?... —Oui, répondit-il. —Alors, quel est donc ce pouvoir supérieur qui est en position de désavouer une décision prise par le gouvernement? —C'est l'autorité militaire!!!... —Eh! bien, lui dis-je, et un peu sèchement, quand partirons-nous pour la Hollande?... —Aussitôt que vous voudrez. —Alors, nous partirons ce soir, ou nous partirons demain; enfin, le plus tôt possible. Le départ fut enfin définitivement fixé au vendredi soir, le 9 mai. Chapitre XXVII.

VERS LA LIBERTÉ On ne voit pas arriver sans une profonde émotion le moment de quitter une prison où l'on a été reclus pendant trois années, on l'on s'est fait, et où l'on possède encore des amis sincères et dévoués.

Un grand nombre de ceux qui avaient été mes compagnons de captivité, pendant ces trois années, avaient déjà quitté la prison, mais il restait encore une dizaine de prisonniers de nationalité anglaise parmi lesquels je comptais, en particulier, trois ou quatre amis qui m'étaient bien chers. Le jour du départ, vendredi, j'avais obtenu du sergent-major la permission de recevoir dans ma cellule, de 7 heures à 8 heures du soir, tous les prisonniers anglais—on se rappelle que les portes de toutes les cellules étaient fermées dès 7 heures.

Mes amis se réunirent donc à ma cellule et nous causâmes, pendant cette dernière heure, des événements de la guerre et de la longueur probable de la détention de chacun.

Malgré toute la joie que j'éprouvais à sortir de cet enfer, j'avais le regret d'y laisser plusieurs de ceux avec qui j'avais partagé les ennuis et les privations de la captivité, aux mains de leurs geôliers, privés de liberté, privés de l'atmosphère bienfaisante de la patrie absente. Le train devait partir à 9 heures, et le départ de la prison même était fixé à 8 heures.

A ce moment donc, je me séparai de ces braves garçons, à la porte même de la prison.

Nous étions tous sous le coup d'une profonde Mille et un jours en prison a Berlin Chapitre XXVII.

VERS LA LIBERTÉ 58. »

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