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Molière (1840). Une soirée perdue (Poésies nouvelles)

Publié le 20/06/2011

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Voici une note différente. Musset donne ses impressions sur une représentation du Misanthrope. Il goûte surtout dans Molière le peintre vrai des misères humaines; et il a trouvé, pour caractériser le fond sérieux de ses comédies, des vers d'une telle justesse qu'ils sont devenus proverbes. Comme ses contemporains, il voit en Alceste une incarnation de la vertu plutôt qu'un personnage ridicule. Enfin, il prend la résolution de ramasser le fouet de la satire; et souvent, en effet, dans ses poésies et dans ses comédies, il s'est montré satirique éloquent et passionné (voir en particulier Lorenzaccio).

J'étais seul, l'autre soir, au Théâtre-Français, Ou presque seul; l'auteur n'avait pas grand succès. Ce n'était que Molière, et nous savons de reste Que ce grand maladroit, qui fit un jour Alceste, Ignora le bel art de chatouiller l'esprit Et de servir à point un dénouement bien cuit. Grâce à Dieu, nos auteurs ont changé de méthode, Et nous aimons bien mieux quelque drame à la mode Où l'intrigue, enlacée et roulée en feston, Tourne comme un rébus autour d'un mirliton. J'écoutais cependant cette simple harmonie, Et comme le bon sens fait parler le génie. J'admirais quel amour pour l'âpre vérité Eut cet homme si fier en sa naïveté, Quel grand et vrai savoir des choses de ce monde, Quelle mâle gaîté, si triste et si profonde, Que, lorsqu'on vient d'en rire, on devrait en pleurer. Et je me demandais : Est-ce assez d'admirer? Est-ce assez de venir, un soir, par aventure, D'entendre au fond de l'âme un cri de la nature, D'essuyer une larme, et de partir ainsi, Quoi qu'on fasse d'ailleurs, sans en prendre souci ?... Puis je songeais encore (ainsi va la pensée) Que l'antique franchise, à ce point délaissée, Avec notre finesse et notre esprit moqueur, Ferait croire, après tout, que nous manquons de coeur; Que c'était une triste et honteuse misère Que cette solitude à l'entour de Molière, Et qu'il est pourtant temps, comme dit la chanson, De sortir de ce siècle ou d'en avoir raison.... Ah! j'oserais parler, si je croyais bien dire. J'oserais ramasser le fouet de la satire, Et l'habiller de noir, cet homme aux rubans verts, Qui se fâchait jadis pour quelques mauvais vers. S'il rentrait aujourd'hui dans Paris, la grand'ville, Il y trouverait mieux, pour émouvoir sa bile, Qu'une méchante femme et qu'un méchant sonnet, Nous avons autre chose à mettre au cabinet. O notre maître à tous! si ta tombe est fermée, Laisse-moi dans ta cendre, un instant ranimée, Trouver une étincelle, et je vais t'imiter! Apprends-moi de quel ton, dans ta bouche hardie, Parlait la vérité, ta seule passion, Et, pour me faire entendre, à défaut du génie, J'en aurai le courage e l'indignation!...

Une soirée perdue (Poésies nouvelles).

QUESTIONS D'EXAMEN

I. — L'ensemble. — Impressions d'Alfred de Musset sur une représentation du Misanthrope. — Ce sujet ne diffère-t-il pas des sujets ordinairement traités par Alfred de Musset? 20 Quel en est le caractère? De quel passage d'une pièce de vers, précédemment étudiée, pourriez-vous rapprocher ce morceau? (Avant qu'un peu de terre obtenu par prière...). Que pensez-vous du jugement porté par le poète sur Molière? Que goûte-t-il surtout en lui? Qu'entend-il par : ramasser le fouet de la satire? Alfred de Musset ne s'est-il pas montré parfois satirique éloquent? Dans quelles pièces, notamment? Quelles sont les qualités qui font d'Alfred de Musset un classique?

II. — L'analyse du morceau. — Distinguez les différentes parties du morceau : a) Alfred de Musset à une représentation du MISANTHROPE; b) L'hommage à Molière; c) L'indignation du poète; son dessein; Quel sentiment se dégage de la première partie du morceau? (J'étais seul...; Ce n'était que Molière...); Les poètes dramatiques contemporains d'Alfred de Musset ne s'étaient-ils pas écartés de la voie tracée par Molière? (dire en quoi); Est-ce le dénouement qui importait, pour ce dernier? 5° A quoi s'attachait-il surtout? Quelle impression produit sur l'esprit d'Alfred de Musset la représentation du Misanthrope? Que se demande-t-il? Que ferait-il, s'il croyait « bien dire ?« Quelle idée exprime-t-il dans son apostrophe à Molière?

III. — Le style; — les expressions. — Citez les plus beaux vers de ce morceau (dites pourquoi vous les trouvez beaux); Faites remarquer l'aisance et la facilité du style; Montrez la propriété des épithètes : (Quel grand et vrai savoir des choses de ce monde! Quelle mâle gaieté, si triste et si profonde!) Relevez quelques termes ironiques; Quel est le sens de ces expressions : l'âpre vérité, — un dénouement bien cuit?

IV. — La grammaire. — Quels sont les mots de la même famille que solitude et franchise? Distinguez les propositions contenues dans les trois premiers vers de l'apostrophe à Molière : O notre maître à tous...; nature de chacune d'elles; Quels sont les compléments de trouver? —Indiquez la nature et la fonction de chacun des pronoms contenus dans les trois vers.

Rédaction. — Alfred de Musset dit, en parlant de Molière :

J'admirais quel amour pour l'âpre vérité Eut cet homme si fier en sa naïveté.

Qu'entendez-vous par l'âpre vérité? — Montrez, par l'examen des scènes de Molière que vous connaissez, que le grand comique s'est particulièrement attaché à faire la peinture vraie des vices et des travers humains.   

« par : ramasser le fouet de la satire? Alfred de Musset ne s'est-il pas montré parfois satirique éloquent? Dans quellespièces, notamment? Quelles sont les qualités qui font d'Alfred de Musset un classique? II.

— L'analyse du morceau.

— Distinguez les différentes parties du morceau : a) Alfred de Musset à unereprésentation du MISANTHROPE; b) L'hommage à Molière; c) L'indignation du poète; son dessein; Quel sentiment sedégage de la première partie du morceau? (J'étais seul...; Ce n'était que Molière...); Les poètes dramatiquescontemporains d'Alfred de Musset ne s'étaient-ils pas écartés de la voie tracée par Molière? (dire en quoi); Est-ce ledénouement qui importait, pour ce dernier? 5° A quoi s'attachait-il surtout? Quelle impression produit sur l'espritd'Alfred de Musset la représentation du Misanthrope? Que se demande-t-il? Que ferait-il, s'il croyait « bien dire ?»Quelle idée exprime-t-il dans son apostrophe à Molière? III.

— Le style; — les expressions.

— Citez les plus beaux vers de ce morceau (dites pourquoi vous les trouvezbeaux); Faites remarquer l'aisance et la facilité du style; Montrez la propriété des épithètes :(Quel grand et vrai savoir des choses de ce monde! Quelle mâle gaieté, si triste et si profonde!) Relevez quelquestermes ironiques; Quel est le sens de ces expressions : l'âpre vérité, — un dénouement bien cuit? IV.

— La grammaire.

— Quels sont les mots de la même famille que solitude et franchise? Distinguez les propositionscontenues dans les trois premiers vers de l'apostrophe à Molière : O notre maître à tous...; nature de chacuned'elles; Quels sont les compléments de trouver? —Indiquez la nature et la fonction de chacun des pronoms contenusdans les trois vers. Rédaction.

— Alfred de Musset dit, en parlant de Molière : J'admirais quel amour pour l'âpre véritéEut cet homme si fier en sa naïveté. Qu'entendez-vous par l'âpre vérité? — Montrez, par l'examen des scènes de Molière que vous connaissez, que legrand comique s'est particulièrement attaché à faire la peinture vraie des vices et des travers humains.. »

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