- Mon fils, dit Catherine, vous recevez des gens suspects.
Publié le 04/11/2013
Extrait du document
«
–
Mon fils,ditCatherine enserrant lamain deCharles IX,jene leméprise pas,jelecrains.
– Eh bien, vousaveztort,mamère.
Henriot estmon ami,et,comme ill’a dit, s’ileût conspiré contremoi,il
n’eût euqu’à laisser fairelesanglier.
– Oui, ditCatherine, pourqueM. le ducd’Anjou, sonennemi personnel, fûtleroi deFrance ?
– Ma mère, n’importe lemotif pourlequel Henriot m’asauvé lavie ; mais ilya un fait, c’est qu’ilmel’a
sauvée, et,mort detous lesdiables !je ne veux pasqu’on luifasse delapeine.
Quant àM. de La Mole,ehbien, je
vais m’entendre avecmon frère d’Alençon, auquelilappartient.
C’était uncongé queCharles IXdonnait àsa mère.
Elleseretira enessayant d’imprimer unecertaine fixitéà
ses soupçons errants.
M. de La Mole,parson peu d’importance, nerépondait pasàses besoins.
En rentrant danssachambre, àson tour Catherine trouvaMarguerite quil’attendait.
– Ah !ah !dit-elle, c’estvous, mafille ; jevous aienvoyé chercher hiersoir.
– Je lesais, madame ; maisj’étais sortie.
– Et cematin ?
– Ce matin, madame, jeviens voustrouver pourdireàVotre Majesté qu’ellevacommettre unegrande
injustice.
–Laquelle ?
– Vous allezfaire arrêter M. lecomte delaMole.
– Vous voustrompez, mafille, jene fais arrêter personne, c’estleroi qui fait arrêter, etnon pasmoi.
– Ne jouons passurlesmots, madame, quandlescirconstances sontgraves.
Onvaarrêter M. de La Mole,
n’est-ce pas ?
– C’est probable.
– Comme accusédes’être trouvé cettenuitdans lachambre duroi deNavarre etd’avoir tuédeux gardes et
blessé M. de Maurevel ?
– C’est eneffet lecrime qu’onluiimpute.
– On lelui impute àtort, madame, ditMarguerite ; M. de LaMolen’estpascoupable.
– M. de La Molen’estpascoupable !dit Catherine enfaisant unsoubresaut dejoie eten devinant qu’ilallait
jaillir quelque lueurdeceque Marguerite venaitluidire.
– Non, reprit Marguerite, iln’est pascoupable, ilne peut pasl’être, cariln’était paschez leroi.
– Et où était-il ?
– Chez moi,madame.
– Chez vous!
– Oui, chez moi.
Catherine devaitunregard foudroyant àcet aveu d’une filledeFrance, maisellesecontenta
de croiser sesmains sursaceinture.
– Et… dit-elle aprèsunmoment desilence, sil’on arrête M. de La Moleetqu’on l’interroge…
– Il dira oùilétait etavec quiilétait, mamère, répondit Marguerite, quoiqu’ellefûtsûre ducontraire.
– Puisqu’il enest ainsi, vousavezraison, mafille, ilne faut pasqu’on arrête M. de La Mole.
Marguerite frissonna :illui sembla qu’ilyavait danslamanière dontsamère prononçait cesparoles unsens
mystérieux etterrible : maisellen’avait rienàdire, carcequ’elle venaitdemander luiétait accordé.
– Mais alors, ditCatherine, sice n’était pointM. de La Molequiétait chezleroi, c’était unautre ? Marguerite
se tut.
– Cet autre, leconnaissez-vous, mafille ? ditCatherine.
– Non, mamère, ditMarguerite d’unevoixmalassurée.
– Voyons, nesoyez pasconfiante àmoitié.
– Je vous répète, madame, quejene leconnais pas,répondit uneseconde foisMarguerite enpâlissant
malgré elle.
– Bien, bien,ditCatherine d’unairindifférent, ons’informera.
Allez,mafille : tranquillisez-vous, votremère
veille survotre honneur.
Marguerite sourit.
– Ah !murmura Catherine, onseligue ; HenrietMarguerite s’entendent : pourvuquelafemme soitmuette,
le mari estaveugle.
Ah!vous êtesbien adroits, mesenfants, etvous vous croyez bienforts ; maisvotre forceest
dans votre union, etjevous briserai lesuns après lesautres.
D’ailleurs unjour viendra oùMaurevel pourra
parler ouécrire, prononcer unnom ouformer sixlettres, etce jour-là onsaura tout…
– Oui, mais d’iciàce jour-là lecoupable seraensûreté.
Cequ’il ya de mieux, c’estdeles désunir toutde
suite.
Eten vertu deceraisonnement, Catherinerepritlechemin desappartements deson fils, qu’elle trouvaen
conférence avecd’Alençon.
– Ah !ah !dit Charles IXenfronçant lesourcil, c’estvous, mamère ?
– Pourquoi n’avez-vous pasdit encore ? Le
mot était dans votre pensée, Charles.
– Ce qui estdans mapensée n’appartient qu’àmoi, madame, ditleroi deceton brutal qu’ilprenait
quelquefois, mêmepourparler àCatherine.
Quemevoulez-vous ? ditesvite..
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