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NICOLAS MACHIAVEL À X 4 (minute) Très illustre Dame, puisque Votre Seigneurie

Publié le 01/10/2013

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NICOLAS MACHIAVEL À X 4 (minute) Très illustre Dame, puisque Votre Seigneurie désire connaître les changements qui ont eu lieu ces jours derniers en Toscane, je vous les conterai volontiers, autant pour satisfaire vos désirs que pour vous montrer le triomphe de vos amis, mes patroni ; deux circonstances qui atténuent les nombreux sujets de tristesse que la suite de mon récit va vous faire entendre. Lorsque la Diète de Mantoue eut arrêté que les Médicis seraient rétablis dans Florence, et que le Vice-Roi fut parti pour retourner à Modène, on craignit fort à Florence que l'armée espagnole n'entrât en Toscane ; néanmoins, comme on n'avait aucune certitude sur ce point, à cause du secret que la Diète avait dû observer ; comme d'un autre côté beaucoup de personnes ne pouvaient croire que le pape laissât les Espagnols venir jeter le désordre dans la province, et qu'en outre on savait par les lettres de Rome que la confiance était loin de régner entre l'Espagne et le Saint-Siège, on resta dans le doute, et sans prendre la moindre mesure, jusqu'au moment où la certitude de tout le danger nous arriva par Bologne. L'ennemi n'était plus qu'à une journée de nos frontières ; à cette agression soudaine et inattendue, toute la ville fut saisie d'épouvante. On délibéra sur ce qu'il fallait faire ; comme il était trop tard pour garder le passage des montagnes, on résolut d'envoyer deux mille hommes d'infanterie à Firenzuola, forte position sur la frontière entre Florence et Bologne, dans l'espoir que les Espagnols ne grouper le plus de forces possible pour mettre son gouvernement à l'abri d'une tentative de la faction opposée. Telle était la situation lorsque le Vice-Roi envoya ses ambassadeurs. Ils exposèrent à la Seigneurie que les Espagnols ne venaient pas en ennemis de la province ni pour porter atteinte aux libertés de la cité, mais qu'ils n'avaient d'autre but que de s'assurer qu'on abandonnerait la cause des Français pour adhérer à la ligue ; celle-ci ne pouvait nullement compter sur la cité et sur ses promesses, tant que Pier Soderini resterait gonfalonier, car on le savait partisan des Français ; ils concluaient en demandant sa déposition, et consentaient à ce prix que, pour le remplacer, le peuple de Florence nommât celui de ses concitoyens qu'il jugerait le plus digne. Le gonfalonier répondit qu'il n'était arrivé à ce rang ni par la brigue ni par la force, mais par la volonté du peuple ; qu'en conséquence, quand tous les rois du monde s'uniraient pour lui ordonner d'en descendre, il n'y consentirait jamais ; mais que si le peuple désirait son départ il quitterait le pouvoir aussi volontiers qu'il l'avait pris quand il lui avait été confié sans qu'il l'eût ambitionné. Pour s'informer de l'opinion du peuple entier, dès le départ de l'ambassadeur, il rassembla le conseil au complet, donna connaissance de la proposition qu'on venait de lui faire, et offrit, si tel était le bon plaisir du peuple, et si son renoncement était jugé nécessaire pour le rétablissement de la paix, de se retirer chez lui, sur-lechamp : car n'ayant jamais eu d'autre mobile que le bien de la cité, il aurait trop de chagrin qu'elle eût à pâtir par sa faute. Sa démission fut refusée à l'unanimité et tous s'offrirent à le défendre au péril même de leur vie. Sur ces entrefaites, l'armée espagnole s'était présentée devant Prato et lui avait livré un violent assaut ; mais comme elle n'avait pu s'en emparer, le Vice-Roi entama des négociations avec l'ambassadeur florentin et l'envoya à la cité avec l'un des siens, offrant de se contenter d'une certaine somme d'argent, et consentant à remettre la cause des Médicis entre les mains de Sa Majesté Catholique, qui pourrait employer la prière et non la force pour engager les Florentins à les accueillir. Lorsque les
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« grouper le plus de forces possible pour mettre son gouverne- ment à l'abri d'une tentative de la faction opposée.

Telle était la situation lorsque le Vice-Roi envoya ses ambas- sadeurs.

Ils exposèrent à la Seigneurie que les Espagnols ne venaient pas en ennemis de la province ni pour porter atteinte aux libertés de la cité, mais qu'ils n'avaient d'autre but que de s'assurer qu'on abandonnerait la cause des Français pour adhé- rer à la ligue ; celle-ci ne pouvait nullement compter sur la cité et sur ses promesses, tant que Pier Soderini resterait gonfalonier, car on le savait partisan des Français ; ils concluaient en deman- dant sa déposition, et consentaient à ce prix que, pour le rem- placer, le peuple de Florence nommât celui de ses concitoyens qu'il jugerait le plus digne.

Le gonfalonier répondit qu'il n'était arrivé à ce rang ni par la brigue ni par la force, mais par la volonté du peuple ; qu'en conséquence, quand tous les rois du monde s'uniraient pour lui ordonner d'en descendre, il n'y consentirait jamais ; mais que si le peuple désirait son départ il quitterait le pouvoir aussi volontiers qu'il l'avait pris quand il lui avait été confié sans qu'il l'eût ambitionné.

Pour s'informer de l'opinion du peuple entier, dès le départ de l'ambassadeur, il rassembla le conseil au complet, donna connaissance de la proposition qu'on venait de lui faire, et offrit, si tel était le bon plaisir du peuple, et si son renoncement était jugé nécessaire pour le rétablissement de la paix, de se retirer chez lui, sur-le- champ : car n'ayant jamais eu d'autre mobile que le bien de la cité, il aurait trop de chagrin qu'elle eût à pâtir par sa faute.

Sa démission fut refusée à l'unanimité et tous s'offrirent à le défendre au péril même de leur vie.

Sur ces entrefaites, l'armée espagnole s'était présentée devant Prato et lui avait livré un violent assaut ; mais comme elle n'avait pu s'en emparer, le Vice-Roi entama des négociations avec l'ambassadeur florentin et l'envoya à la cité avec l'un des siens, offrant de se contenter d'une certaine somme d'argent, et consentant à remettre la cause des Médicis entre les mains de Sa Majesté Catholique, qui pourrait employer la prière et non la force pour engager les Florentins à les accueillir.

Lorsque les. »

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