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Nouvelles lettres d'un voyageur Mais j'y crois à demi: des cieux j'ouvre la porte, Mais sans la refermer à tout jamais sur tous.

Publié le 11/04/2014

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Nouvelles lettres d'un voyageur Mais j'y crois à demi: des cieux j'ouvre la porte, Mais sans la refermer à tout jamais sur tous. Je crois, ou crois sentir que Dieu, dans sa clémence, Dans sa justice aussi, nous reprend tous en lui; Que, dans son sein fécond, retrempant l'existence, Il nous ôte l'effroi d'un monde évanoui. Mais je pense qu'ayant renouvelé notre être, Et l'ayant affranchi du cuisant souvenir, Il nous dit: «Recommence, homme, tu vas renaître, Et retourner là-bas pour vivre et pour mourir. »Tâche qu'à ton retour, je te retrouve digne De rester près de moi pendant l'éternité; . Pour te faire obtenir cette faveur insigne, Ne t'ai-je pas cent fois rendu ta volonté? »Je n'ai jamais puni d'une peine éternelle, L'homme ingrat et chétif qui ne peut m'offenser. J'ai fait courte et fragile une phase mortelle, Où croyant vivre, enfant, tu ne fais que passer. «Reprends donc ton fardeau, refais ta rude tâche! C'est dur! mais c'est un jour dans l'abîme du temps. Ce jour mal employé ne sert de rien au lâche, Mais il peut conquérir le Ciel aux militants.» Des révélations que nous ouvre la tombe, Nous ne conservons pas le souvenir distinct: Sous le poids de la chair l'esprit divin succombe, Mais nous en retenons un doux et vague instinct. L'enfant, dès qu'il connaît le baiser de sa mère, Aime avant de comprendre.Aimer est le besoin Qui s'éveille avec lui dès qu'il touche la terre, Et que, plus qu'on ne croit, il rapporte de loin. L'enfant, dès qu'il comprend le son de la parole, Aide au tableau qu'on fait pour lui du paradis, Il le voit, il l'a vu! et nulle parabole N'embellit ce beau lieu présent à ses esprits. Oui, l'enfant se souvient; mais il faut qu'il oublie, Afin de s'attacher à ce monde sans foi; Il faut que par lui-même il essaye la vie, Afin de dire à Dieu: «J'ai souffert, reprends-moi.» C'est alors que, selon le plus ou moins de flamme Qu'elle a su raviver dans cet obscur séjour, Pour plus ou moins de temps, le juge prend cette âme. XI. A PROPOS DU CHOLÉRA DE 1865 77 Nouvelles lettres d'un voyageur Et lui rend la santé, la jeunesse, l'amour. Mais il est des mortels dont la course est remplie De mérites si purs et d'un prix si parfait, Que, leur peine remise, ou leur tâche accomplie, De l'éternel repos ils goûtent le bienfait. Planet, humble martyr, âme douce et naïve, Toi qui restas enfant jusque dans l'âge mûr, Par le besoin d'aimer, par la croyance vive, Par le coeur et l'esprit, va donc, ton sort est sûr! Tu luttas quarante ans contre un mal sans remède, Tu naquis condamné, c est-à-dire béni. Dieu t'avait dit là-haut: «Au malheur, viens en aide; Meurs à la peine: alors, ton temps sera fini». Il vécut pour bénir, pour consoler, pour prendre Sur ses bras, tout le poids des misères d'autrui: Pour souffrir de nos maux, pour ranimer la cendre De nos coeurs épuisés que l'espoir avait fui. Simple dans sa parole, éloquent à son heure, Ingénieux en l'art de la persuasion, Habile à pénétrer ce qu'en secret on pleure, Indulgent aux douleurs de la confession; Énergique au besoin, apôtre de tendresse, Sans parti pris d'orgueil, sans rigueur de savant, Du véritable juste il avait la sagesse, Du conseil décisif il avait l'ascendant. Les esprits froids ont dit: «Cet homme a la manie De faire des ingrats, puisqu'il fait des heureux». Dieu dit: «De la bonté, cet homme eut le génie, C'est la seule grandeur que je couronne aux cieux»-. III CARLO SOLIVA[23] SONNET TRADUIT DE L'ITALIEN Du beau dans tous les arts, disciple intelligent, Tu possédas longtemps la science profonde Que n'encourage point la vanité d'un monde Insensible et rebelle au modeste talent. Dans le style sacré, dans le style élégant, Sur le divin Mozart ta puissance se fonde, Puis dans Cimarosa, ton âme se féconde, XI. A PROPOS DU CHOLÉRA DE 1865 78

« Et lui rend la santé, la jeunesse, l'amour. Mais il est des mortels dont la course est remplie De mérites si purs et d'un prix si parfait, Que, leur peine remise, ou leur tâche accomplie, De l'éternel repos ils goûtent le bienfait. Planet, humble martyr, âme douce et naïve, Toi qui restas enfant jusque dans l'âge mûr, Par le besoin d'aimer, par la croyance vive, Par le coeur et l'esprit, va donc, ton sort est sûr! Tu luttas quarante ans contre un mal sans remède, Tu naquis condamné, c est-à-dire béni. Dieu t'avait dit là-haut: «Au malheur, viens en aide; Meurs à la peine: alors, ton temps sera fini». Il vécut pour bénir, pour consoler, pour prendre Sur ses bras, tout le poids des misères d'autrui: Pour souffrir de nos maux, pour ranimer la cendre De nos coeurs épuisés que l'espoir avait fui. Simple dans sa parole, éloquent à son heure, Ingénieux en l'art de la persuasion, Habile à pénétrer ce qu'en secret on pleure, Indulgent aux douleurs de la confession; Énergique au besoin, apôtre de tendresse, Sans parti pris d'orgueil, sans rigueur de savant, Du véritable juste il avait la sagesse, Du conseil décisif il avait l'ascendant. Les esprits froids ont dit: «Cet homme a la manie De faire des ingrats, puisqu'il fait des heureux». Dieu dit: «De la bonté, cet homme eut le génie, C'est la seule grandeur que je couronne aux cieux»­. III CARLO SOLIVA[23] SONNET TRADUIT DE L'ITALIEN Du beau dans tous les arts, disciple intelligent, Tu possédas longtemps la science profonde Que n'encourage point la vanité d'un monde Insensible et rebelle au modeste talent. Dans le style sacré, dans le style élégant, Sur le divin Mozart ta puissance se fonde, Puis dans Cimarosa, ton âme se féconde, Nouvelles lettres d'un voyageur XI.

A PROPOS DU CHOLÉRA DE 1865 78. »

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