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Odelette (Les Jeux rustiques et divins, Mercure de France, édit.)

Publié le 01/05/2011

Extrait du document

Un petit roseau m'a suffi Pour faire frémir l'herbe haute Et tout le pré Et les doux saules Et le ruisseau qui chante aussi ; 5 Un petit roseau m'a suffi A faire chanter la forêt. Ceux qui passent l'ont entendu Au fond du soir, en leurs pensées, Dans le silence et dans le vent, 10 Clair ou perdu, Proche ou lointain.... Ceux qui passent, en leurs pensées, En écoutant, au fond d'eux-mêmes L'entendront encore et l'entendent 15 Toujours qui chante. Il m'a suffi De ce petit roseau cueilli, A la fontaine où vint l'Amour Mirer, un jour, 20 Sa face grave Et qui pleurait, Pour faire pleurer ceux qui passent Et trembler l'herbe et frémir l'eau ; Et j'ai, du souffle d'un roseau, 25 Fait chanter toute la forêt.

(Les Jeux rustiques et divins, Mercure de France, édit.)

QUESTIONS D'EXAMEN

I. — L'ensemble. — Poésie harmonieuse et souple, dans laquelle le poète a donné libre cours à sa fantaisie. — 1° Montrez la parfaite adaptation du titre à cette poésie (Ode, odelette : poème qui, chez les anciens, était destiné à être chanté...), 2° Quelle idée constitue le fond du morceau ? (La musique — même la plus simple — exerce sur la nature entière une influence profonde...) ; 3° Montrez que Henri de Régnier s'est affirmé, dans cette pièce, poète symboliste, qu'il y a appliqué quelques-unes des règles préconisées par Verlaine (De la musique avant toute chose..., — La rime assagie...', L'Indécis joint au Précis). On conçoit l'influence pénétrante de la musique sur les hommes, — qui pleurent, — sont ravis — ou chantent; — mais si, au son du chalumeau, l'herbe haute frémit, si le pré, les saules et le ruisseau chantent, cela ne peut résulter que d'une assimilation, dans l'esprit du poète, de la nature tout entière aux hommes. Pour lui, la nature aussi a une âme: 4° Montrez que la répétition de certaines expressions ajoute encore à l'harmonie de la pièce (m'a suffi... ; ceux qui passent...) ; 3° Quelle impression laisse en vous la lecture de cette poésie?

II. — L'analyse de la poésie. — i° Combien la poésie étudiée con-tient-elle de strophes? 2° Les strophes sont-elles d'égale étendue? (7, — 9, — 10 vers) ; 2° Montrez l'alternance des vers (vers de huit pieds et vers de quatre pieds); 3° Essayez de donner un titre à chacune des strophes. a) Influence de la musique sur la nature (l'herbe, le pré, les saules, le ruisseau, la forêt) ; — b) Influence de la musique sur les hommes; — c) Influence de la musique sur les choses et sur les hommes (résumé des deux strophes précédentes); 4° Indiquez nettement le sens des vers de la 2e strophe (Ceux qui passent l'ont entendu, en leurs pensées..., — l'entendront encore... et l'entendent...). Ne pas trop insister sur le fond même du morceau : le charme de cette poésie est plus facile à saisir qu'à définir.

III. — Le style ; — les expressions. — 1° Quels vous paraissent être les caractères distinctifs de cette poésie? (L'harmonie..., ici, poésie est vraiment synonyme de musique...), — l'aisance..., — la légèreté... (forme aussi légère que le son du chalumeau), — l'exacte propriété des termes (faire frémir l'eau...; faire chanter la forêt...; en écoutant, au fond d'eux- mêmes...).

IV. — La grammaire. — 1° Indiquez les compléments de ont entendu (1er vers de la 2e strophe), nature de chacun d'eux; 2° Quelles sont les propositions contenues dans : Ceux qui passent Vont entendu? — Analysez les pronoms qui se trouvent dans ce vers. Rédaction. — Vous avez assisté à l'exécution d'un morceau de musique sur la flûte, — sur le violon, — ou sur le piano. — Ou bien, vous avez entendu un beau chant. Impressions qu'a produites en vous cette audition.    

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