Oh ! que j'aime la solitude!
Publié le 20/06/2012
Extrait du document
Bon soldat, grand voyageur, diplomate à l'occasion, Antoine Girard,
sieur de Saint-Amant, aimait la vie. Mais il ne fut pas seulement le
grand fumeur, le «biberon«, le « goinfre« (nom d'une confrérie à
laquelle il appartenait) qui hantait la taverne et chantait avec
verve les joies de la Crevaille, mais un musicien, un esprit résolument
moderne (il ignorait le latin et le grec mais connaissait
l'anglais, l'espagnol, l'italien) et un poète soucieux d'originalité.
Son talent le portait à la description, et sa sensibilité à la nature;
son goût de la rêverie, de la méditation, et des «fantasques
tableaux « lui inspirèrent des accents qui séduisirent les romantiques.
La Solitude fut écrite lors d'un séjour à Belle-Isle vers 1618.
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Un gai zéphire les caresse
D'un mouvement doux et flatteur.
Rien que leur extrême hauteur
Ne fait remarquer leur vieillesse.
Jadis
Pan et ses demi-dieux
Y vinrent chercher du refuge,
Quand Jupiter ouvrit les cieux
Pour nous envoyer le déluge,
Et, se sauvant sur leurs rameaux,
A peine virent-ils les eaux.
Que sur cette épine
fleurie,
Dont le printemps est amoureux,
Philomèle',
au chant langoureux,
Entretient bien ma rêverie!
Que je prends de plaisir
à voir
Ces monts pendant en précipices,
Qui, pour les coups du désespoir,
Sont aux malheureux si propices,
Quand la cruauté de leur sort
Les force à rechercher la mort!
Que je trouve doux le ravage
De ces fiers torrents vagabonds,
Qui se précipitent par bonds
Dans ce vallon vert et sauvage!
Puis, glissant sous les arbrisseaux,
Ainsi que des serpents sur l'herbe,
Se changent en plaisants ruisseaux,
Où quelque naïade superbe
Règne comme
en son lit natal.
Dessus un trône de cristal!
Que j'aime ce marais paisible!
Il est tout bordé d' aliziers,
D'aulnes,
de saules et d'osiers,
A qui le fer n'est point nuisible.
Les nymphes, y cherchant le frais,
1 Princesse athénienne, métamorphosée en rossignol.
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