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Pierre CURNIER, Pages commentées d'auteurs contemporains

Publié le 21/06/2012

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Les techniciens de la« prospective «,le plus jeune rameau de l'arbre

de la science, nous invitent à imaginer, dès à présent, ce que sera

l'homme de l'an 2000, ou même plus tôt. Or, on se le figure radicalement

différent de ses devanciers, par la nécessité où il se trouvera

d'adapter au progrès matérielles normes de son esprit. A peu près maître

de la matière- si ce n'est de l'antimatière-, il réalisera les vieux

rêves fous des alchimistes. Il sera capable de commander, sur un simple

geste, aux éléments. Fort bien. Mais que son existence sera donc

compliquée ! Quelle tension nerveuse pour n'oublier aucun de ces boutons

à presser ou ne pas presser, sous peine de déclencher des cataclysmes

! Quel contrôle permanent du Moi conscient et de l'autre, cet

inconnu qui peut pousser le bras au mauvais moment ! Si seulement

nous pouvions en savoir assez de ses impulsions désordonnées, et le

surveiller, ce monstre !

« RÉSUMÉ QUESTIONS DE VOCABULAIRE.

DISCUSSION.

d'adapter au progrès matérielles normes de son esprit.

A peu près maî­ tre de la matière- si ce n'est de l'antimatière-, il réalisera les vieux rêves fous des alchimistes.

Il sera capable de commander, sur un sim­ ple geste, aux éléments.

Fort bien.

Mais que son existence sera donc compliquée ! Quelle tension nerveuse pour n'oublier aucun de ces bou­ tons à presser ou ne pas presser, sous peine de déclencher des cataclys­ mes ! Quel contrôle permanent du Moi conscient et de l'autre, cet inconnu qui peut pousser le bras au mauvais moment ! Si seulement nous pouvions en savoir assez de ses impulsions désordonnées, et le surveiller, ce monstre ! La littérature actuelle peut nous y préparer, et nous entendons ici, encore une fois, par littérature celle qui ne vise pas au pur « divertisse­ ment».

Mais, estimée au poids du papier imprimé, ce n'est pas, de loin, la plus répandue.

Elle n'est, et ne peut être forcément, ni la plus attrayante, ni la plus commodément assimilable, et il y a péril à mal l'interpréter.

Nous devons d'abord compter avec les difficultés inhé­ rentes à la matière même, c'est-à-dire à des réalités très complexes, suivre les détours d'une dialectique très subtile, compter enfin avec les pièges d'une langue généralement simple en apparence, mais en fait foisonnante d'allusions, de sous-entendus, qui, comme celle de Mon­ taigne, « emprunte à toutes mains », pour qui tous les effets, tous les coups sont bons.

On reste parfois éberlué devant un déferlement de grossièretés, de cynisme, de jongleries, de rapprochements ou de rai­ sonnements « farfelus » (le mot est à la mode), alibis d'une étrange pudeur qui cachent tant bien que mal une aspiration éperdue vers la pureté, vers une authentique spiritualité.

La plupart de nos auteurs, soit découragés par les impénétrables mystères de l'inconscient, soit horrifiés par le visage monstrueux qu'ils découvrent, à mesure qu'ils déchirent le masque des séculaires poli­ tesses, s'abandonnent à un stérile pessimisme.

Du moins est-ce l'impres­ sion que l'on ressent de prime abord.

Cependant, à mieux peser leurs intentions, on s'aperçoit que presque tous, mis à part quelques irré­ ductibles, font quand même confiance à l'homme ou à la nature.

Quel espoir fragile et secret les soutient, tandis qu'ils accumulent les cons­ tats d'échec et les motifs de désespoir? Il serait malaisé de le définir, autant pour eux que pour nous.

Ils sentent qu'ils ont quelque chose de nouveau et d'important à dire, mais ils ne savent ni très précisément quoi, ni comment, car ils se gar­ dent de toute forme de dogmatisme, par crainte de sombrer dans le ridicule.

Il faut pourtant qu'ils se le disent.

Sans vouloir jouer aux mages, ils ont un rôle à tenir.

Les moins optimistes, même s'ils écri­ vent le contraire, conservent l'espoir que dans les sociétés futures, encore plus mécanisées que les nôtres, l'essentiel pourra être sauvé par l'art.

Il n'est point question, certes, de ranimer le culte de« l'art pour. »

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