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Pour une autre société: FOURIER et MARCUSE

Publié le 12/06/2011

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fourier

« Il faudra que l'industrie sociétaire, pour devenir attrayante, remplisse les sept conditions suivantes : 1° que chaque travailleur soit associé, rétribué par dividende et non pas salarié ; 2° que chacun, homme, femme ou enfant, soit rétribué en proportion des trois facultés : capital, travail et talent ; 3° que les séances industrielles soient variées environ huit fois par jour, l'enthousiasme ne pouvant se soutenir plus d'une heure et demie ou deux heures dans l'exercice d'une fonction agricole ou manufacturière ; 4° qu'elles soient exercées avec des compagnies d'amis spontanément réunis, intrigués ou stimulés par des rivalités très actives ; 5° que les ateliers et cultures présentent à l'ouvrier les appâts de l'élégance et de la propreté ; 6° que la division du travail soit portée au suprême degré, afin d'affecter chaque sexe et chaque âge aux fonctions qui lui sont convenables ; 7° que, dans cette distribution, chacun, homme, femme ou enfant, jouisse pleinement du droit au travail ou droit d'intervenir dans tous les temps à telle branche de travail qu'il lui conviendra de choisir, sauf à justifier de probité et aptitude. « Enfin, que le peuple jouisse dans ce nouvel ordre d'une garantie de bien-être, d'un minimum suffisant pour le temps présent et à venir, et que cette garantie le délivre de toute inquiétude pour lui et pour les siens. «

Charles FOURIER, Traité de l'association domestique et agricole. « Dans la société capitaliste, un mode déterminé d'existence humaine — et un mode qui n'appartient qu'à elle — est devenu réalité. À partir du système de l'économie, tous les domaines sont entrés dans ce processus de "réification", qui a détaché de toute personnalité les formes de vie et les unités de sens autrefois liées à la personne concrète de l'homme, et a créé un pouvoir placé entre les personnes et au-dessus d'elles qui, une fois établi, s'est soumis par son propre dynamisme toutes les formes et les valeurs de la personne et de la communauté. Les modes de la vie en soçiété sont vidés de tout contenu essentiel et réglés de l'extérieur par des lois "étrangères" : les hommes qui vivent ensemble sont avant tout des sujets, ou plutôt des objets économiques, des collègues à l'intérieur d'une profession, des citoyens d'un État, des membres de la même "société" ; les relations essentielles de l'amitié, de l'amour, toute véritable communauté des personnes se limitent à la petite sphère de vie qui subsiste en dehors de l'activité utilitaire. En même temps du fait de l'individualisme que suscite cette évolution (individualisme qui n'est nullement incompatible avec le collectivisme marqué de l'économie), l'individu est séparé de son "activité" ; celle-ci lui est "imposée" et il l'exerce sans qu'elle lui permette de réaliser effectivement sa personne. « Le monde dans lequel cette existence vit, est devenu lui aussi, dans une mesure croissante, une "entreprise". Les objets qu'on y rencontre sont tenus d'emblée pour des "biens", des choses que l'on doit utiliser, non pas pour accomplir à travers eux les nécessités de l'existence, mais pour occuper ou remplir une vie qui sans eux tournerait à vide, jusqu'à ce qu'ils soient devenus réellement des "nécessités". De sorte que l"'entreprise" consomme toujours plus d'existences à seule fin de se maintenir dans son état. Les formes de vie de toutes les classes deviennent enfin tellement creuses qu'elles font surgir la nécessité de placer l'existence elle-même sur une base nouvelle. «

Herbert MARCUSE, philosophe américain (1898-1979), Philosophie et révolution, Denoël.

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