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Quatre-vingt-treize J'ai été au marquis de la Rouarie.

Publié le 12/04/2014

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Quatre-vingt-treize J'ai été au marquis de la Rouarie. C'est bien, dit le marquis. Et, calme et grave, il ceignit l'écharpe. Puis il tira l'épée, et l'agitant nue au-dessus de sa tête: Debout! dit-il, et vive le roi! Tous se levèrent. Et l'on entendit dans les profondeurs du bois une clameur éperdue et triomphante: Vive le roi! Vive notre marquis! Vive Lantenac! Le marquis se tourna vers Gavard. Combien donc êtes-vous? Sept mille. Et tout en descendant de l'éminence, pendant que les paysans écartaient les ajoncs devant les pas du marquis de Lantenac, Gavard continua: Monseigneur, rien de plus simple. Tout cela s'explique d'un mot. On n'attendait qu'une étincelle. L'affiche de la république, en révélant votre présence, a insurgé le pays pour le roi. Nous avions en outre été avertis sous main par le maire de Granville qui est un homme à nous, le même qui a sauvé l'abbé Olivier. Cette nuit on a sonné le tocsin. Pour qui? Pour vous. Ah! dit le marquis. Et nous voilà, reprit Gavard. Et vous êtes sept mille? Aujourd'hui. Nous serons quinze mille demain. C'est le rendement du pays. Quand M. Henri de La Rochejaquelein est parti pour l'armée catholique, on a sonné le tocsin, et en une nuit six paroisses, Isernay, Corqueux, les Echaubroignes, les Aubiers, Saint-Aubin et Nueil, lui ont amené dix mille hommes. On n'avait pas de munitions, on a trouvé chez un maçon soixante livres de poudre de mine, et M. de La Rochejaquelein est parti avec cela. Nous pensions bien que vous deviez être quelque part dans cette forêt, et nous vous cherchions. Et vous avez attaqué les bleus dans la ferme d'Herbe-en-Pail? Le vent les avait empêchés d'entendre le tocsin. Ils ne se défiaient pas ; les gens du hameau, qui sont patauds, les avaient bien reçus. Ce matin, nous avons investi la ferme, les bleus dormaient, et en un tour de main la chose a été faite. J'ai un cheval. Daignez-vous l'accepter, mon général? VI. LES PERIPETIES DE LA GUERRE CIVILE 66 Quatre-vingt-treize Oui. Un paysan amena un cheval blanc militairement harnaché. Le marquis, sans user de l'aide que lui offrait Gavard, monta à cheval. Hurrah! crièrent les paysans. Car les cris anglais sont fort usités sur la côte bretonne-normande, en commerce perpétuel avec les îles de la Manche. Gavard fit le salut militaire et demanda: Quel sera votre quartier général, monseigneur? D'abord la forêt de Fougères. C'est une de vos sept forêts, monsieur le marquis. Il faut un prêtre. Nous en avons un. Qui? Le vicaire de la Chapelle-Erbrée. Je le connais. Il a fait le voyage de Jersey. Un prêtre sortit des rangs et dit: Trois fois. Le marquis tourna la tête. Bonjour, monsieur le vicaire. Vous allez avoir de la besogne. Tant mieux, monsieur le marquis. Vous aurez du monde à confesser. Ceux qui voudront. On ne force personne. Monsieur le marquis, dit le prêtre, Gaston, à Guéménée, force les républicains à se confesser. C'est un perruquier, dit le marquis ; mais la mort doit être libre. Gavard, qui était allé donner quelques consignes, revint: Mon général, j'attends vos commandements. D'abord, le rendez-vous est à la forêt de Fougères. Qu'on se disperse et qu'on y aille. L'ordre est donné. Ne m'avez-vous pas dit que les gens d'Herbe-en-Pail avaient bien reçu les bleus? VI. LES PERIPETIES DE LA GUERRE CIVILE 67

« \24 Oui.

Un paysan amena un cheval blanc militairement harnaché.

Le marquis, sans user de l'aide que lui offrait Gavard, monta à cheval.

\24 Hurrah! crièrent les paysans.

Car les cris anglais sont fort usités sur la côte bretonne-normande, en commerce perpétuel avec les îles de la Manche.

Gavard fit le salut militaire et demanda: \24 Quel sera votre quartier général, monseigneur? \24 D'abord la forêt de Fougères.

\24 C'est une de vos sept forêts, monsieur le marquis.

\24 Il faut un prêtre.

\24 Nous en avons un.

\24 Qui? \24 Le vicaire de la Chapelle-Erbrée.

\24 Je le connais.

Il a fait le voyage de Jersey.

Un prêtre sortit des rangs et dit: \24 Trois fois.

Le marquis tourna la tête.

\24 Bonjour, monsieur le vicaire.

Vous allez avoir de la besogne.

\24 Tant mieux, monsieur le marquis.

\24 Vous aurez du monde à confesser.

Ceux qui voudront.

On ne force personne.

\24 Monsieur le marquis, dit le prêtre, Gaston, à Guéménée, force les républicains à se confesser.

\24 C'est un perruquier, dit le marquis ; mais la mort doit être libre.

Gavard, qui était allé donner quelques consignes, revint: \24 Mon général, j'attends vos commandements.

\24 D'abord, le rendez-vous est à la forêt de Fougères.

Qu'on se disperse et qu'on y aille.

\24 L'ordre est donné.

\24 Ne m'avez-vous pas dit que les gens d'Herbe-en-Pail avaient bien reçu les bleus? Quatre-vingt-treize VI.

LES PERIPETIES DE LA GUERRE CIVILE 67. »

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