« Qu'est-ce qu'un forçat ?
Publié le 15/12/2013
Extrait du document
«
Si
je dormis unpeu cette nuit-là, cefut pour mesentir entraîné verslespontons parlecourant delarivière.
En
passant prèsdelapotence, jevis unfantôme depirate, quime criait dansunporte-voix quejeferais mieux d’aborder
et d’être pendu toutdesuite qued’attendre.
J’auraiseupeur dedormir, quandmême j’enaurais eul’envie, carje
savais quec’était àla première aubequejedevais pillerlegarde-manger.
Ilne fallait passonger àagir lanuit, carje
n’avais aucunmoyen deme procurer delalumière, sice n’est enbattant lebriquet, ouune pierre àfusil avec un
morceau defer, cequi aurait produit unbruit semblable àcelui dupirate agitant seschaînes.
Dès que legrand rideau noirquirecouvrait mapetite fenêtre eûtpris une légère teintegrise,jedescendis.
Chacun
de mes pas,surleplancher, produisait uncraquement quime semblait crier :« Auvoleur !...
Réveillez-vous, mistress
Joe !...
Réveillez-vous !... » Arrivéaugarde-manger qui,vulasaison, étaitplusabondamment garniquedecoutume,
j’eus unmoment defrayeur indescriptible àla vue d’un lièvre pendu parlespattes.
Ilme sembla mêmequ’ilfixait sur
moi unœil beaucoup tropvifpour sasituation.
Jen’avais pasletemps derien vérifier, nide choisir ; enun mot, je
n’avais letemps derien faire.
Jepris dupain, dufromage, uneassiette dehachis, quejenouai dansmonmouchoir avec
la fameuse tartinedelaveille, unpeu d’eau-de-vie dansunebouteille degrès, quejetransvasai dansunebouteille de
verre quej’avais secrètement emportéedansmachambre pourcomposer celiquide enivrant appelé« jusderéglisse »,
remplissant labouteille degrès avec del’eau quejetrouvai dansunecruche danslebuffet delacuisine, unos, auquel il
ne restait quefortpeu deviande, etun magnifique pâtédeporc.
J’allais partirsanscesplendide morceau,quandj’eus
l’idée demonter surune planche pourvoirceque pouvait contenir ceplat deterre sisoigneusement reléguédansle
coin leplus obscur del’armoire etque jedécouvris lepâté, jem’en emparai avecl’espoir qu’iln’était pasdestiné àêtre
mangé desitôt, etqu’on nes’apercevrait pasdesadisparition, dequelque tempsaumoins.
Une porte delacuisine donnait accèsdanslaforge ; jetirai leverrou, j’ouvris cetteporte, etjepris une lime parmi
les outils deJoe.
Puis, jeremis toutes lesfermetures dansl’état oùjeles avais trouvées ; j’ouvrislaporte parlaquelle
j’étais rentré lesoir précédent ; jem’élançai danslarue, etpris macourse verslesmarais brumeux..
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓