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renseignements sur nous.

Publié le 15/12/2013

Extrait du document

renseignements sur nous. -- Je comprends, dit Lamorak d'une voix sans timbre. De toute évidence, il était devenu un Ragusnik. Il avait manipulé les commandes du recyclage des déchets ; l subissait à son tour le même ostracisme. Il était un manipulateur de cadavres, un porcher, un type de 'intérieur de la fabrique à skonk. -- Adieu, dit-il. -- Avant que nous vous dirigions vers votre vaisseau, docteur Lamorak, au nom du Conseil d'Elsevere, je ous remercie pour votre aide dans cette crise. -- Il n'y a pas de quoi, répliqua amèrement le Terrien.         LA MACHINE QUI GAGNA LA GUERRE (THE MACHINE THAT WON THE WAR)       La fête était loin d'être finie et, dans les profondeurs silencieuses des salles souterraines du Multivac, elle planait dans l'air. Le plus remarquable, c'était l'isolement et le silence. Pour la première fois depuis dix ans, aucun technicien ne courait, çà et là, dans les entrailles de l'ordinateur géant, les lumières tamisées ne clignotaient pas selon leurs schémas erratiques, le flot d'information s'était tari, dans un sens comme dans l'autre. L'arrêt ne durerait pas longtemps, bien sûr, car les besoins de la paix étaient pressants. Mais, en attendant, pour une journée, une semaine peut-être, même le Multivac avait le droit de fêter ce grand moment, et de se reposer. Lamar Swift ôta sa casquette militaire et regarda dans le corridor principal désert de l'énorme ordinateur. l s'assit, assez lourdement, sur un des tabourets à pivot des techniciens, et son uniforme, dans lequel il n'avait amais été à l'aise, prit un air lourd et fripé. -- Tout cela va me manquer, dit-il, d'une façon un peu macabre. C'est dur de se rappeler le temps où nous 'étions pas en guerre contre Deneb, et cela paraît contre nature, aujourd'hui, d'être en paix et de contempler les toiles sans anxiété. Les deux hommes accompagnant le directeur général de la Fédération solaire étaient plus jeunes que Swift. i l'un ni l'autre n'étaient aussi grisonnants. Ni l'un ni l'autre ne paraissaient aussi fatigués. John Henderson, les lèvres minces et réprimant difficilement le soulagement qu'il éprouvait en plein riomphe, s'exclama : -- Ils sont détruits ! Ils sont détruits ! C'est ce que je me répète inlassablement, et je n'arrive toujours pas à e croire. Nous avons tous tellement parlé, pendant de si longues années, de la menace en suspension au-dessus e la Terre et de tous ses mondes, au-dessus de chaque être humain ! Et c'était vrai, absolument vrai ! Et aintenant, nous sommes en vie, et ce sont les Denebiens qui sont brisés et détruits. Ils ne nous menaceront lus, plus jamais ! -- Grâce au Multivac, murmura Swift en jetant un coup d'oeil discret vers l'imperturbable Jablonsky, qui urant toute la guerre avait été le principal interprète de l'oracle de la science. Pas vrai, Max ? Jablonsky fit un geste vague. Machinalement, il prit une cigarette mais se ravisa. Lui seul, parmi les illiers qui avaient vécu dans les souterrains à l'intérieur du Multivac, avait eu le droit de fumer mais, vers la in, il avait fait de réels efforts pour ne pas profiter de ce privilège. -- Enfin, c'est ce qu'ils disent, grommela-t-il. Son pouce spatulé se leva en direction de son épaule droite, et vers le haut. -- Jaloux, Max ? -- Parce qu'ils acclament le Multivac ? Parce que le Multivac est le grand héros de l'humanité, dans cette uerre ? (La figure burinée de Jablonsky exprimait un mépris absolu.) Qu'est-ce que ça peut me faire ? Que le ultivac soit la machine qui a gagné la guerre, si ça peut leur faire plaisir ! Du coin de l'oeil, Henderson observa les deux autres. Durant ce bref intermède que tous trois avaient instinctivement recherché, dans le seul recoin paisible d'une métropole devenue folle, durant cet entracte entre es périls de la guerre et les difficultés de la paix où, pour un moment, chacun trouvait un sursis, il n'avait onscience que du poids du remords. Soudain, ce poids devint trop grand pour être porté seul. Il devait le rejeter, avec la guerre, mmédiatement ! -- Le Multivac n'a rien à voir avec la victoire, dit-il. Ce n'est qu'une machine. -- Enorme, dit Swift. -- Oui, rien qu'une énorme machine. Qui ne vaut pas plus que l'information qu'on lui programme. Henderson s'interrompit, soudain effrayé par ce qu'il disait. Jablonsky le regarda, ses doigts épais herchant encore une cigarette et se ravisant, une fois de plus. -- Vous devriez le savoir. C'est vous qui avez fourni l'info. A moins que vous ne vouliez simplement vous ttribuer tout l'honneur ? -- Non ! protesta Henderson avec colère. Il n'y a pas d'honneur. Qu'est-ce que vous savez des enseignements que le Multivac a dû utiliser, prédigérés par cent ordinateurs subsidiaires ici, sur Terre, sur la Lune, sur Mars, et même sur Titan ? Avec Titan toujours en retard, et ce sentiment perpétuel que ses chiffres vont introduire un préjugé inattendu. -- Oui, il y a de quoi devenir fou, dit Swift avec une aimable compassion. Henderson secoua la tête. -- Pas seulement ça. Je reconnais qu'il y a huit ans, quand j'ai remplacé Lepont comme chef programmeur, j'avais le trac. Mais les choses étaient encore exaltantes, à l'époque. La guerre était encore à longue portée, une aventure sans danger réel. Nous n'en étions pas encore au point où des vaisseaux habités devaient prendre la relève, et où des fissures interstellaires pouvaient carrément avaler des planètes entières, si c'était bien visé. Mais alors, quand les vraies difficultés ont commencé... Vous n'en savez rien du tout ! conclut-il, rageusement, car il pouvait enfin se permettre la colère. -- Eh bien, racontez-nous, dit Swift. La guerre est finie. Nous avons gagné. -- Oui, reconnut Henderson. (Il hocha la tête, en se disant qu'il devait se souvenir que la Terre avait gagné, donc tout avait été pour le mieux.) Mais alors, toute la programmation a perdu sa signification. -- Perdu sa signification ? Vous parlez littéralement ? demanda Jablonsky. -- Littéralement. Qu'est-ce que vous croyez ? L'ennui, avec vous deux, c'est que vous n'étiez pas dans le bain. Vous n'avez jamais quitté le Multivac, Max, et vous monsieur le directeur, vous n'avez jamais quitté la Demeure, sauf pour des visites officielles où l'on vous faisait voir strictement ce qu'on voulait vous faire voir. -- J'en étais plus conscient que vous ne le croyez, dit Swift. -- Est-ce que vous savez, insista Henderson, dans quelle mesure les renseignements concernant notre capacité de production, notre potentiel de ressources, notre main-d'oeuvre entraînée - en somme, tout ce qui est important pour l'effort de guerre - étaient devenus sujets à caution, douteux, durant la seconde moitié de la guerre ? Les chefs de groupe, civils et militaires, cherchaient à projeter leur propre image améliorée, pour ainsi dire, ils estompaient donc le mauvais et faisaient ressortir le bon. Quoi que pussent faire les machines, les hommes qui les programmaient et interprétaient les résultats pensaient à leur propre peau, et à leurs concurrents à abattre. Il n'y avait aucun moyen d'empêcher ça. J'ai essayé et j'ai échoué. -- Naturellement, dit Swift en manière de rapide consolation. Je le comprends bien. Jablonsky finit par se décider à allumer sa cigarette. -- Pourtant, je présume que vous avez fourni des renseignements au Multivac, avec votre programme. Vous ne nous avez jamais dit qu'il était sujet à caution. -- Comment aurais-je pu vous le dire ? Et même si je l'avais fait, auriez-vous pu vous permettre de me croire ? demanda farouchement Henderson. Tout notre effort de guerre était axé sur le Multivac. C'était la grande arme, pour notre camp, car les Denebiens n'avaient rien de semblable. Qu'est-ce qui a soutenu le moral face au désastre, sinon la certitude que le Multivac saurait toujours prédire et circonvenir tout mouvement denebien, et saurait toujours diriger et prévenir le débordement de nos manoeuvres ? Nom du Cosmos ! quand notre gauchisseur-espion a été détruit dans l'hyperespace, nous n'avons plus eu de renseignements denebiens sûrs à introduire dans le Multivac et nous n'allions quand même pas crier ça sur les toits ! -- C'est assez vrai, reconnut Swift. -- Eh bien, alors, reprit Henderson, si je vous avais dit qu'on ne pouvait pas se fier aux renseignements, qu'est-ce que vous auriez pu faire, sinon me remplacer et refuser de me croire ? Je ne pouvais pas me le permettre ! -- Qu'avez-vous fait ? demanda Jablonsky. -- Comme la guerre a été gagnée, je vais vous le dire. J'ai rectifié les renseignements. -- Comment ? demanda Swift. -- A l'intuition, je suppose. J'ai jonglé avec eux jusqu'à ce qu'ils me paraissent justes. Au début, je l'osais à peine. Je changeais un petit détail par-ci, par-là, pour corriger ce qui était manifestement impossible. Comme le ciel ne nous est pas tombé sur la tête, je me suis enhardi. Vers la fin, je ne m'en souciais même plus. J'écrivais

«       LA MACHINE QUIGAGNA LAGUERRE (THE MACHINE THATWONTHEWAR)       La fête était loind’être finieet,dans lesprofondeurs silencieusesdessalles souterraines duMultivac, elle planait dansl’air. Le plus remarquable, c’étaitl’isolement etlesilence.

Pourlapremière foisdepuis dixans, aucun technicien ne courait, çàetlà, dans lesentrailles del’ordinateur géant,leslumières tamisées neclignotaient passelon leurs schémas erratiques, leflot d’information s’étaittari,dans unsens comme dansl’autre. L’arrêt nedurerait paslongtemps, biensûr,carlesbesoins delapaix étaient pressants.

Mais,enattendant, pour unejournée, unesemaine peut-être, mêmeleMultivac avaitledroit defêter cegrand moment, etde se reposer.

Lamar Swiftôtasacasquette militaireetregarda danslecorridor principal désertdel’énorme ordinateur. Il s’assit, assezlourdement, surundes tabourets àpivot destechniciens, etson uniforme, danslequel iln’avait jamais étéàl’aise, pritunair lourd etfripé. — Tout celavame manquer, dit-il,d’une façonunpeu macabre.

C’estdurdeserappeler letemps oùnous n’étions pasenguerre contreDeneb, etcela paraît contre nature, aujourd’hui, d’êtreenpaix etde contempler les étoiles sansanxiété. Les deux hommes accompagnant ledirecteur généraldelaFédération solaireétaient plusjeunes queSwift. Ni l’un nil’autre n’étaient aussigrisonnants.

Nil’un nil’autre neparaissaient aussifatigués. John Henderson, leslèvres minces etréprimant difficilement lesoulagement qu’iléprouvait enplein triomphe, s’exclama : — Ils sontdétruits ! Ilssont détruits ! C’estceque jeme répète inlassablement, etjen’arrive toujours pasà le croire.

Nousavons toustellement parlé,pendant desilongues années,delamenace ensuspension au-dessus de laTerre etde tous sesmondes, au-dessus dechaque êtrehumain ! Etc’était vrai,absolument vrai !Et maintenant, noussommes envie, etce sont lesDenebiens quisont brisés etdétruits.

Ilsnenous menaceront plus, plusjamais ! — Grâce auMultivac, murmura Swiftenjetant uncoup d’œil discret versl’imperturbable Jablonsky,qui durant toutelaguerre avaitétéleprincipal interprète del’oracle delascience.

Pasvrai, Max ? Jablonsky fitun geste vague.

Machinalement, ilprit une cigarette maisseravisa.

Luiseul, parmi les milliers quiavaient vécudans lessouterrains àl’intérieur duMultivac, avaiteuledroit defumer mais,versla fin, ilavait faitderéels efforts pournepas profiter deceprivilège. — Enfin, c’estcequ’ils disent, grommela-t-il. Son pouce spatulé seleva endirection deson épaule droite, etvers lehaut. — Jaloux, Max ? — Parce qu’ilsacclament leMultivac ? ParcequeleMultivac estlegrand hérosdel’humanité, danscette guerre ? (Lafigure burinée deJablonsky exprimaitunmépris absolu.) Qu’est-ce queçapeut mefaire ? Quele Multivac soitlamachine quiagagné laguerre, siça peut leurfaire plaisir !. »

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