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Sénégal

Publié le 11/04/2013

Extrait du document

1 PRÉSENTATION

Sénégal, pays d’Afrique de l’Ouest, ouvert sur l’océan Atlantique. Sa capitale est Dakar.

Le Sénégal est bordé à l’ouest par l’océan Atlantique, au nord par la Mauritanie, à l’est par le Mali, au sud par la Guinée-Bissau et la Guinée. Dans le sud du pays, la Gambie constitue une enclave tout en longueur. Ancienne colonie française, devenu indépendant le 20 juin 1960, le pays joue depuis cette date un rôle important dans la région et plus globalement sur le continent africain.

2 LE PAYS ET SES RESSOURCES
2.1 Relief et hydrographie

Le Sénégal couvre une superficie de 196 722 km². Le pays est couvert de plaines ondoyantes ne dépassant guère quelques dizaines de mètres au-dessus du niveau de la mer. Les contreforts du Fouta-Djalon, au sud-est du pays, culminent à 494 m dans la région de Kédougou ; les collines du Fouta-Toro, dans l’Est, bordent la vallée du fleuve Sénégal. Sur la côte, à l’extrémité de la presqu’île du Cap-Vert, les collines volcaniques des Mamelles atteignent 104 m ; dans le reste du pays, quelques grandes dunes donnent l’illusion d’un relief. Les côtes, d’une longueur totale de 531 km, présentent une large diversité. Elles sont sableuses, rectilignes et basses, de l’embouchure du Sénégal à la presqu’île du Cap-Vert. Celle-ci, qui forme l’extrémité occidentale de l’Afrique à la pointe des Almadies, est rocheuse, découpée et accompagnée d’îles (Gorée, Ngor) et d’îlots (les Madeleine, Yoff) ; elle est dominée par une corniche d’une dizaine de mètres de hauteur. La baie de Dakar est l’une des plus amples et des mieux protégées du continent. Au sud, le rivage est bas, parfois marécageux et bordé de mangroves à l’embouchure des cours d’eau.

Le fleuve Sénégal, qui a donné son nom au pays, forme la frontière avec la Mauritanie ; son principal affluent, la Falémé, marque les limites avec le Mali dans sa presque totalité. Au centre, le Saloum reçoit son affluent le Siné peu avant son embouchure et se jette dans la mer par un long estuaire encombré de mangroves et d’une végétation inextricable (forêt des îles du Saloum). Le cours supérieur du fleuve Gambie, dont la source se trouve en Guinée, traverse la région forestière et accidentée du Niokolo Koba. Au sud, la Casamance arrose la province du même nom. Ces fleuves sont sujets aux variations saisonnières, en particulier le Saloum, né au centre du pays dans une région affectée par la sécheresse. Ils ne sont navigables qu’en pirogue pendant les basses eaux, sauf le bras principal du Sénégal qui a été aménagé pour permettre l’irrigation de son delta (barrage de Diama à 25 km en amont de Saint-Louis).

2.2 Climat

Le climat est tropical. Il se caractérise par une longue saison sèche de novembre à juin et une saison humide de juillet à octobre, plus longue en Casamance. Cependant, la côte (de Saint-Louis à la presqu’île du Cap-Vert) est soumise à l’alizé durant la saison sèche. La température diurne moyenne est de 23,3 °C en janvier, et de 28,3 °C en juillet. Les précipitations annuelles sont plus importantes dans le Sud, avec une moyenne de 1 400 mm, et chutent considérablement dans le Nord, avec moins de 381 mm. Au centre des régions non soumises à l’influence marine, le Ferlo est une vaste plaine en voie de désertification que la sécheresse de ces dernières décennies, accentuée par l’harmattan soufflant du désert, a transformée en une plaine de poussière.

2.3 La faune et la flore

Le nord du pays fait partie du Sahel, une zone transitoire entre le Sahara et les savanes plus humides. Dans cette région, la savane arborée qui dominait autrefois, laisse de plus en plus place à une savane arbustive, voire à une steppe à épineux, sous l’effet de la désertification. Ne subsistent que quelques îlots de forêt résiduelle et des baobabs. La forêt-galerie borde le fleuve Sénégal et ses différents bras aux cours erratiques. Plus au sud, dans la région du fleuve Gambie, les arbres sont plus nombreux et les forêts-galeries plus denses aux embouchures. La mangrove borde les rives des fleuves dans la partie de leur cours qui subit des remontées maritimes. L’extrême-sud du pays, en bordure de la Guinée-Bissau, est occupé par une forêt tropicale dense et humide, où poussent différentes essences telles le palmier à huile, l’acajou et le teck, importé d’Asie pour le bois d’œuvre. La faune est assez diversifiée ; les grands mammifères sont rares et les éléphants, les lions, les guépards et les antilopes sont principalement retranchés dans le sud-est du pays, peu peuplé (parc du Niokolo Koba). Hippopotames et crocodiles vivent dans les cours d’eau du Sud. Le pays compte de nombreuses espèces de serpents, parmi lesquelles le cobra et le boa. Le delta du Sénégal est le paradis des oiseaux, en particulier des migrateurs européens. Des lamantins remontent parfois le cours du fleuve.

2.4 Ressources minières

La vallée du Sénégal fut au centre d’une importante activité métallurgique au Ier millénaire. Aujourd’hui, les phosphates de chaux et d’alumine calcite hydratée, extraits dans la région de Thiès (à une soixantaine de kilomètres à l’est de Dakar), constituent la principale ressource minière du pays ; la région de Matam, dans le nord-est du pays, en bordure du fleuve Sénégal, recèle un important gisement de phosphates, non encore exploité. Le pays possède aussi d’importantes réserves de calcaire argileux alimentant une industrie de cimenterie (Rufisque). D’importantes réserves de marbre, dans le Sud-Est (environs de Kédougou), sont encore largement inexploitées. À la fin des années 1970, un gisement de gaz naturel a été découvert à Diamnidio (à une soixantaine de kilomètres au sud de Dakar), ainsi que des gisements de pétrole off-shore, à la frontière entre le Sénégal et la Guinée-Bissau. Enfin, la vallée de la Falémé, au Sénégal oriental, recèle d’importants dépôts de minerai de fer, dont l’exploitation nécessite de coûteuses infrastructures en cours de projection au milieu des années 2000.

3 POPULATION ET SOCIÉTÉ
3.1 Démographie

En 2008, la population du Sénégal était estimée à 12,9 millions d'habitants, soit une densité moyenne de 67 habitants au km². Cette moyenne cache une répartition extrêmement inégale de la population, avec une opposition entre le sous-peuplement de l’Est (avec des densités de l’ordre de 1 à 5 habitants au km2), et une forte concentration sur la côte (la densité de la région de Dakar dépasse les 4 000 habitants au km2) ainsi qu’au centre, dans les zones de culture de l’arachide. Liés aux contraintes naturelles et à des facteurs historiques, ces contrastes ont été accentués ces dernières décennies par l’exode rural (ce phénomène intéressant plus particulièrement les jeunes). Le Sénégal possède l’un des taux d’urbanisation les plus élevés d’Afrique noire (50 p. 100 en 2003).

Le développement des centres urbains absorbe une grande partie de la croissance de la population sénégalaise qui a plus que doublé en trente ans (de 5 millions en 1975 à 8,5 millions en 1995 et près de 12 millions au milieu des années 2000). Cette expansion démographique (le taux de croissance décennal de la population a été de 30,5 p. 100 pour la période 1995-2005) est principalement due à l’accroissement naturel de la population (2,3 p. 100 en 2006), résultant à la fois du recul de la mortalité (9,4 p. 1 000 en 2006) et d’une vigoureuse natalité (32,8 p. 1 000 en 2006).

Outre son inégale répartition, le dépeuplement des campagnes au profit des villes et sa croissance rapide, la population sénégalaise se caractérise par sa jeunesse : au milieu des années 2000, les moins de 25 ans représentent plus 60 p. 100 de la population, et les plus de 65 ans environ 3 p. 100. L’ensemble de ces données démographiques a des répercussions politiques, sociales et économiques cruciales, notamment en termes d’éducation et d’emploi : le taux de chômage, qui est estimé entre 40 et 50 p. 100 de la population active, touche durement les jeunes et alimente une émigration clandestine maritime massive (5 000 Sénégalais périssent noyés en tentant de gagner le territoire espagnol en 2005).

3.2 Villes principales

Dakar, la capitale, qui compte 2,2 millions d'habitants, est le principal port du pays ainsi que le premier pôle économique. Il sert également de port maritime au Mali ; un quai spécialement dédié à ce pays enclavé en reçoit les matières premières par le chemin de fer Dakar-Niger. Les autres grands centres urbains sont Thiès, Kaolack, Saint-Louis, tous situés dans l’ouest du pays. Tambacounda est la principale ville du Sénégal oriental. Le long du fleuve Sénégal, Podor, Dagana, Matam et Bakel, comptoirs de traite ou postes militaires français édifiés au xixe siècle à l’époque de la pénétration française, sont devenus des agglomérations avec la sédentarisation des nomades et l’essor des échanges avec la Mauritanie et le Mali. À Rosso, de part et d’autre du bac qui traverse le fleuve et complète la route Dakar-Saint-Louis-Nouakchott, une population de plus en plus nombreuse s’est établie, le fleuve faisant ici office de frontière avec la Mauritanie.

3.3 Groupes ethniques, langues et religions

La population sénégalaise présente une forte diversité ethnique. On peut distinguer plusieurs grands groupes de population. Les Wolof (42 p. 100 de la population), peuple d’agriculteurs musulmans cultivant principalement l’arachide dans le centre du pays, peuvent être regroupés avec les Sérères (10,7 p. 100), première communauté catholique du Sénégal formant l’élite du pays et plutôt regroupée sur la côte et dans la région de Thiès. Un autre groupe est formé par les Peul (environ 14 p. 100), des pasteurs souvent sédentarisés, présents dans toutes les zones sahéliennes et les montagnes du Sud, et les Toucouleur (environ 8 p. 100), qui vivent dans la vallée du Sénégal. Un troisième groupe est constitué des peuples « forestiers « (à majorité catholique mais avec une forte tradition animiste) habitant la Casamance, région de forêts pluviales située dans le sud-ouest de pays : les Diola (3 p. 100) en constituent la communauté la plus importante. Enfin, les Mandingues (5,3 p. 100) et les Bambara (0,5 p. 100 chacun) constituent de petites communautés dans les régions périphériques proches du Mali ou de la Guinée. D’autres petites ethnies isolées habitent dans les montagnes du Sud-Est, tels les Bassari dans les contreforts du Fouta-Djalon. Enfin, le Sénégal abrite aussi des communautés étrangères issues de mouvements migratoires (appelées les « Nars «) ; ceux-ci sont principalement constitués de Libanais et de Maures et sont implantés à Dakar et dans les agglomérations au nord de la Gambie, où ils tiennent des petits et moyens commerces.

Le français est la langue officielle du Sénégal. Le wolof, le sérère et le peul (poulaar) sont les langues africaines les plus parlées (voir langues d’Afrique). Le wolof est cependant la langue prééminente et des efforts ont été faits dans le domaine de l’éducation pour la promouvoir comme langue écrite. Près de neuf habitants sur dix sont des musulmans sunnites regroupés en confréries. La plus importante, celle des Mourides, se trouve essentiellement chez les Wolof ; elle a fait du travail manuel (notamment la culture de l’arachide) et de l’attachement à son initiateur, Amadou Bamba M’Backé, la base de sa foi. Son chef spirituel, le « Calife général «, se trouve dans la ville sainte de Touba, haut lieu de pèlerinage abritant la dépouille d’Amadou Bamba M’Backé. Le poids politique et économique du mouridisme est incontournable. La confrérie tidjane, moins importante, professe un islam plus classique et plus mystique.

3.4 Éducation et institutions culturelles

En 2005, 42% des adultes de la population est alphabétisée. L’école est obligatoire pour tous les enfants âgés de 7 à 12 années. Cependant, en 2002–2003, 80 p. 100 des enfants dans la tranche d’âge concernée sont scolarisés à l’école primaire, et seulement 19 p. 100 dans l’enseignement secondaire (et 3,5 p. 100 dans l’enseignement supérieur). De nombreux étudiants sénégalais (environ 80 000 pour l’année 2003-2004) étudient à l’étranger : 10 p. 100 d’entre eux sont inscrits dans les universités françaises, contre 14 p. 100 en Grande-Bretagne et 30 p. 100 aux États-Unis (les échanges culturels, politiques et commerciaux avec les États-Unis se sont démultiplié à partir du milieu des années 1990).

Jusqu’à l’indépendance en 1960, l’université de Dakar, fondée en 1949, a reçu les étudiants des autres pays francophones de l’Afrique sahélienne en attendant la création de pôles universitaires dans leur pays respectif. Elle a été à l’origine des premières recherches en histoire et en ethnologie africaines dans la région. Dakar, où s’est tenu le premier festival mondial des Arts nègres en 1966, abrite un musée des beaux-arts, un musée d’ethnologie et, sur l’île de Gorée, au large de Dakar, un musée d’histoire de la mer et la « Maison des esclaves «, haut lieu de visite pour les Américains d’origine africaine (Afro-Americans) en quête de leurs racines.

3.5 Institutions et vie politique
3.5.1 Historique

Dès l’indépendance du Sénégal (1960), sa vie politique est dominée par l’Union progressiste sénégalaise (UPS), alors dirigée par Léopold Sédar Senghor. L’établissement d’institutions démocratiques et du multipartisme, dès 1970, sera longtemps cité en exemple sur un continent où dominent les régimes autoritaires. L’UPS se transforme en Parti socialiste (PS), affilié à l’Internationale socialiste, lorsqu’en 1970 sont autorisés le Parti démocratique sénégalais (PDS), dirigé par Abdoulaye Wade, le Parti africain pour la démocratie et le socialisme (PADS) et le Mouvement pour le socialisme et l’unité (MSU).

En 1981, Abdou Diouf succède à Senghor à la présidence de la République. Réélu en 1983, en 1988 et en 1993, sur fond d’accusations de fraude électorale de la part de l’opposition, il accepte sa défaite en 2000 face à son rival de toujours, Abdoulaye Wade. Après quarante ans de domination du Parti socialiste, celui-ci incarne le désir de changement au sein de la population sénégalaise et devient le représentant d’une des rares alternances politiques sur le continent africain. En janvier 2001, les électeurs sénégalais approuvent par référendum la nouvelle Constitution présentée par Abdoulaye Wade (avec plus de 90 p. 100 des suffrages).

Toutefois, la coalition présidentielle, hétéroclite, formée autour de l’opposition au régime socialiste, se fissure progressivement, tandis que se durcit le climat politique pour les opposants et la presse. L’opposition est notamment incarnée par Idrissa Seck, ancien Premier ministre (2002-2004) d’Abdoulaye Wade, Ousmane Tanor Dieng, à la tête du Parti socialiste, et Moustapha Niasse, dissident du Parti socialiste et leader de l’Alliance des forces du progrès (AFP).

Le 25 février 2007, Abdoulaye Wade est cependant réélu dès le premier tour du scrutin avec 55,9 p. 100 des suffrages, à l’issue d’un scrutin entaché d’irrégularités mais valide selon les observateurs internationaux. Parmi ses quatorze adversaires, ses principaux rivaux, Idrissa Seck, Ousmane Tanor Dieng et Moustapha Niasse recueillent respectivement 14,9 p. 100, 13,5 p. 100 et 5,9 p. 100 des suffrages.

3.5.2 Organisation des pouvoirs

Le Sénégal est un État unitaire, composée de dix régions (chaque région est administrée par un gouverneur et dispose d’une assemblée régionale).

Le Sénégal est une république, régie par la Constitution du 17 janvier 2001. Celle-ci instaure un régime de type semi-présidentiel. Le pouvoir exécutif est détenu par le président de la République et par le gouvernement. Le chef de l’État est le président de la République, élu au suffrage universel direct (majoritaire à deux tours) pour un mandat de cinq ans, renouvelable une seule fois. Il détermine la politique de la nation et nomme le Premier ministre, qui est le chef du gouvernement, et les ministres, sur proposition du Premier ministre. Le gouvernement conduit et coordonne la politique de la nation. Le pouvoir législatif est exercé par l’Assemblée nationale dont les 140 membres sont élus au suffrage universel pour un mandat de cinq ans. L’initiative des lois appartient au président de la République, au Premier ministre, et aux députés. Le président de la République a le pouvoir de dissoudre l’Assemblée nationale. Le gouvernement est responsable devant le président et devant l'Assemblée nationale.

Le pouvoir judiciaire est indépendant du pouvoir législatif et du pouvoir exécutif. Le système judiciaire sénégalais s’inspire du modèle français et comprend notamment un Conseil constitutionnel et un Conseil d’État.

4 ÉCONOMIE

En 2004, le produit national brut (PNB) s’élevait à 7,2 milliards de dollars, soit un revenu moyen par habitant de 760 dollars. À la suite d’un ambitieux programme de réformes structurelles lancé en 1994, l’économie sénégalaise est entrée dans une phase de croissance vigoureuse (5 p. 100 de croissance annuelle du PIB pour la période 1995-2006), portée à partir des années 2000 par le bâtiment, le commerce, les transports et les télécommunications. Si ce programme a permis d’améliorer la situation des finances publiques et la stabilité monétaire, il ne permet cependant pas de réduire la pauvreté de manière significative (plus de la moitié des Sénégalais vivent en dessous du seuil de pauvreté) et de faire diminuer un chômage touchant entre 40 à 50 p. 100 de la population, en particulier chez les jeunes. 

Alors que l’économie reste très dépendante de la vulnérabilité de la production agricole, le président Abdoulaye Wade a engagé en 2005 le pays dans une « stratégie de croissance accélérée « visant à le hisser au rang de pays émergent et reposant notamment sur la modernisation de l’agriculture et le développement de l’industrie agroalimentaire, le secteur tertiaire (tourisme, téléservices), l’industrie textile et l’habillement ainsi que les produits de la mer. Il a également lancé de « grands projets « destinée à combler le déficit d’infrastructures entravant le développement du pays (nouvel aéroport international à Ndiass et autoroute entre Dakar et Thiès pour décongestionner Dakar, construction d’une « cité des affaires « sur le site de l’ancien aéroport de Yof, construction d’un port minéralier à Bargny, modernisation du réseau ferré, exploitation des moines de fer du Sénégal oriental).

Le Sénégal peine cependant à attirer les investissements étrangers privés permettant de financer ces chantiers et continue de dépendre lourdement de l’aide internationale (Banque mondiale, Union européenne). En outre, les transferts de fonds provenant de la diaspora sénégalaise représentent une ressource essentielle pour l’économie du pays, en particulier pour la consommation courante et les investissements immobiliers (secteur du bâtiment et industrie du ciment).

4.1 Agriculture

Alors que le secteur agricole emploie environ 70 p. 100 de la population sénégalaise, la part du secteur primaire dans le PIB s’élève à moins de 20 p. 100 (17 p. 100 en 2004) et la production agricole ne permet pas d’assurer la sécurité alimentaire de la population rurale, soit la moitié de la population du pays. Le secteur agricole sénégalais, en crise depuis la fin des années 1970 à la suite de vagues de sécheresses successives, présente de graves faiblesses structurelles liées en partie aux aléas climatiques et à la désertification : les vents chargés de sable en provenance de la Mauritanie transforment progressivement le Ferlo — zone de culture de l’arachide (dont le Sénégal est l’un des principaux producteurs du monde) située au centre du pays — en une zone aride (la désertification est en outre accentuée par la déforestation pratiquée en zone sahélienne pour le bois de chauffe destiné aux centres urbains). L’insuffisance de la production agricole s’explique aussi par la quasi-inexistence de moyens de production modernes (mécanisation, engrais, etc.). Enfin, et surtout, la dépendance de l’économie sénégalaise à la production d’arachides a de graves conséquences, tant sur la qualité des terres arables, qui ont pâti de cette monoculture, que sur les agriculteurs sénégalais, qui en vivent dans leur grande majorité. La vulnérabilité de la filière agricole aux aléas des cours du marché mondial a en outre été aggravée par la libéralisation accélérée menée à partir du milieu des années 1980 sous la pression du Fonds monétaire et de la Banque mondiale (suppression progressive des subventions à la commercialisation des arachides et aux engrais et des services de vulgarisation agricole).

Des efforts de diversification, axés surtout sur la culture maraîchère d’exportation et la mise en valeur du delta du Sénégal, ont entraîné l’expansion de cultures vivrières et commerciales variées (tomate, riz, coton, canne à sucre, maïs, sésame). Parmi les autres priorités des autorités figurent l’augmentation des investissements en infrastructures rurales (développement du réseau d’irrigation, du réseau d’électricité), la mise en place de mesures de protection contre les fluctuations du marché et du climat, la promotion de la formation agricole et le développement de l’élevage, qui n’existe que sous une forme traditionnelle.

La pêche constitue en revanche un secteur clé de l’économie familiale sénégalaise, et l’une des principales ressources du pays. Toutefois, après que le Sénégal a accordé des droits de pêche à des armements étrangers, l’épuisement des bancs, causé par la pêche industrielle, affecte directement la pêche traditionnelle.

4.2 Mines et industries

Le secteur secondaire emploie 8 p. 100 de la population active et contribue à près de 20 p. 100 du PIB (19,7 p. 100 en 2004). Il repose sur l’exploitation des phosphates (production d’engrais et d’acide phosphorique) et sur la transformation de l’arachide (huile, savon, détergents, tourteaux pour le bétail). Les autres principales activités industrielles, concentrées dans la région de Dakar, concernent l’agroalimentaire (sucre raffiné, conserveries de poisson et farine), le ciment, le bâtiment, le textile et le raffinage de pétrole importé.

L’ensemble de la production en électricité (1,33 milliard de kilowattheures en 2003) est d’origine thermique. L’obsolescence du parc électrique nécessite un plan de modernisation, tant au niveau des centrales de production que de la distribution. Seul un tiers des habitants du Sénégal a accès à l’électricité avec un taux de couverture disparate de 57 p. 100 en milieu urbain et de 10 p. 100 en milieu rural.

4.3 Services, finances et commerce

Le Sénégal est l’un des rares pays d’Afrique où le secteur tertiaire représente plus de la moitié du PIB (63,4 p. 100 en 2004). Fortement promu par les autorités sénégalaises, le tourisme a connu un essor considérable au cours des années 1970 et est devenue l’une des premières sources de devises pour le pays. Le pays se distingue aussi par la qualité de ses infrastructures de télécommunications et leur développement dans les secteurs des téléservices et de l’Internet.

Le Sénégal est membre de la zone franc. Sa monnaie est le franc CFA, divisible en 100 centimes. La BCEAO, qui a son siège à Dakar, assure les fonctions de banque centrale pour tous les États de l’Afrique de l’Ouest membres de la zone franc.

La balance du commerce extérieur est régulièrement déficitaire. En 2003, les exportations annuelles se chiffraient à 1 151 millions de dollars, et les importations à 2 392 millions de dollars. L’arachide et ses dérivés (huile, tourteaux), les phosphates, le pétrole raffiné, le poisson et les textiles sont les produits les plus exportés. Le pétrole brut, les denrées agroalimentaires de base et les céréales représentent la majeure partie des importations. La France, le Nigeria, l’Italie, l’Inde et les États-Unis sont les partenaires commerciaux privilégiés du Sénégal. Le Sénégal importe du bétail sur pied de Mauritanie. La fraude avec la Gambie constitue un problème important pour le pays.

Le Sénégal possède un réseau routier d’environ 13 576 km (2004), dont 5 000 km environ de routes bitumées ; ce réseau relie Dakar à tous les chefs lieux de régions et les principaux centres de production minière, agricole et halieutique. Le réseau ferroviaire, d’une longueur de 900 km environ, comprend deux lignes principales (pour le trafic de marchandises et de voyageurs) : la liaison entre Dakar et Saint-Louis dessert Thiès et la zone d’extraction des phosphates de Taïba ; la ligne Dakar-Bamako (via Thiès, Diourbel et Tambacounda) assure le désenclavement du Sénégal oriental et le trafic international avec le Mali. Avec le port de Dakar, le Sénégal dispose d’un site stratégique sur la côte ouest-africaine, à l’intersection des lignes reliant l’Europe à l’Amérique du Sud, et l’Amérique du Nord à l’Afrique du Sud. Les ports secondaires de Saint-Louis, de Ziguinchor et de Kaoloack se caractérisent par leur vétusté. Le Sénégal est doté de trois aéroports internationaux — Aéroports Léopold Sédar Senghor (Dakar), Cap Skirring et Saint-Louis.

 

5 HISTOIRE
5.1 Le Sénégal préhistorique

Les premières recherches sur la préhistoire du continent africain ont commencé à l’initiative de Théodore Monod, fondateur de l’Institut français d’Afrique noire (IFAN) à Dakar, à la veille de la Seconde Guerre mondiale. Le Sénégal est donc l’un des premiers pays d’Afrique de l’Ouest à avoir fait l’objet de recherches sur cette période. Des bifaces en amande caractéristiques du paléolithique inférieur ont été découverts dans la presqu’île du Cap-Vert, ainsi que d’autres objets lithiques plus élaborés (hachereaux, racloirs) dans la région de Rufisque et au bord des rivières du Sénégal oriental. Le néolithique, avec des industries très diversifiées et de belles céramiques, est présent sur presque tout le territoire, en particulier sur les côtes basses libérées des eaux par les transgressions marines et les dépôts alluvionnaires. De nombreuses buttes de coquillages contenant des « débris de cuisine « (par exemple, des poteries cassées) témoignent d’une importante population de pêcheurs (marigot de Khant dans le delta, embouchure du Saloum). L’époque protohistorique (500 ans environ avant notre ère) marque l’apparition de l’âge des métaux dans la vallée du Sénégal avec des buttes contenant d’anciens fours pour la fonte du minerai et leurs tuyères, des tombeaux en forme de tumulus. Dans le centre du pays, débordant sur la Gambie, on trouve un ensemble de cercles de mégalithes (cylindres et pierres lyres) unique en Afrique de l’Ouest, couvrant un secteur de 100 km sur 250 km.

5.2 Les royaumes sénégalais

De nombreuses tombes contenant de beaux objets en fer ou en or sont contemporaines de l’arrivée de l’islam au sud du Sahara et sont attribués aux Sérères. Du viie siècle de notre ère date aussi la formation des premiers royaumes connus, en particulier le Djolof qui présente de lointaines parentés avec l’empire du Ghana, son voisin oriental. Au xve siècle, les provinces du royaume deviennent autonomes et fondent les royaumes de Cayor, du Walo, du Baol et du Siné-Saloum. La traite des Noirs, liée au commerce avec les Maures et, bientôt, avec les Européens, attise les conflits. Au ixe siècle, les Toucouleur s’installent dans le Fouta-Toro et la vallée du Sénégal ; le puissant royaume du Tekrour domine l’est du pays du xie au xive siècle. Jusqu’à la fin du xviiie siècle, ce qui reste du Djolof exerce encore une prééminence formelle sur ses voisins.

5.3 Les rivalités européennes

Les premiers échanges commerciaux avec l’Europe ont lieu lorsque les Portugais atteignent l’embouchure du Sénégal et le Cap-Vert en 1444. Le troc est la première forme de commerce : les Portugais échangent des étoffes et des métaux contre de la poudre d’or, de la gomme arabique et de l’ivoire.

Après 1600, les Hollandais et les Français chassent les Portugais et, en 1700, la France domine le commerce de la région côtière. Malgré la rivalité franco-britannique et de nombreux conflits à la fin du xviie siècle et durant tout le xviiie siècle, l’influence française s’étend (l’île de Gorée change plusieurs fois de mains jusqu’en 1815 lorsque le congrès de Vienne l’attribue à la France). Établie à Saint-Louis, la France entreprend la remontée méthodique du fleuve Sénégal pour parvenir aux pays du Niger, malgré la résistance des Toucouleur d’El-Hadj Omar et des Peul du Fouta-Toro.

5.4 La colonisation française

Sous le commandement de Louis Faidherbe et de ses successeurs, la France étend et renforce son contrôle sur les populations. En 1895, le Sénégal devient officiellement une colonie française, administrée depuis Saint-Louis. En 1902, le gouvernement s’installe à Dakar, qui devient la capitale de l’Afrique-Occidentale française. La France développe l’économie sénégalaise autour de la culture de l’arachide destinée à l’exportation.

Les Africains de Saint-Louis et de l’île de Gorée deviennent citoyens français et envoient un député pour les représenter à l’Assemblée nationale en 1848-1852. Après 1871, les habitants de Dakar et de Rufisque bénéficient également de la citoyenneté et peuvent élire un représentant (pour des raisons religieuses, les musulmans refusent de s’y associer). Dakar devient la capitale administrative de l’Afrique-Occidentale française (A-OF). En 1914, Blaise Diagne est le premier Africain du sud du Sahara à siéger au Parlement français ; il conserve son poste de député jusqu’en 1934. Après la Seconde Guerre mondiale, une assemblée territoriale est créée au Sénégal, qui reçoit le statut de territoire d’outre-mer, et tous les habitants majeurs de la colonie obtiennent le droit de vote. Lamine Guèye et Léopold Sédar Senghor, députés au Parlement français, dominent alors la vie politique locale.

5.5 L’indépendance et la présidence de Senghor (1960-1980)

En 1958, le Sénégal obtient le statut de république autonome, puis l’indépendance en juin 1960, et forme la Fédération du Mali avec le Soudan français (actuel Mali). Le 20 août 1960, le Sénégal quitte la Fédération. En 1962, à la suite d’une épreuve de force avec son Premier ministre, Mamadou Dia, qui est emprisonné, le président Senghor oriente le pouvoir vers un régime présidentiel dans le cadre d’une nouvelle Constitution, qui prend effet en 1963. L’Union progressiste sénégalaise (UPS) devient le parti dominant du nouveau régime. Léopold Sédar Senghor, qui bénéficie de larges pouvoirs, remporte la première élection présidentielle et est réélu régulièrement jusqu’en 1978.

L’économie se diversifie, mais l’exportation de l’arachide demeure essentielle pour le commerce extérieur et subit, comme les phosphates, les variations des cours mondiaux. Les étudiants manifestent plusieurs fois contre le régime, notamment en 1968 et en 1973. En 1970, un amendement à la Constitution autorise le multipartisme (limité à trois partis).

5.6 La présidence d’Abdou Diouf (1980-2000)

À la fin de l’année 1980, Léopold Sédar Senghor démissionne et Abdou Diouf, son Premier ministre depuis 1970, assure la présidence. En 1982, le Sénégal et la Gambie s’allient pour former la confédération de Sénégambie, dirigée par Abdou Diouf, et le Sénégal intervient pour mater un coup d’État contre le président gambien Dawda Jawara. Cette confédération, vieux rêve d’un Sénégal coupé de sa province méridionale de Casamance et victime d’une fraude douanière importante au profit de la Gambie, est dissoute en 1989. En 1991, les deux nations signent un nouveau traité de coopération, et en 1997 uniformisent les tarifs payés par les transporteurs des deux pays.

Lorsque Abdou Diouf et le Parti socialiste remportent les élections de 1988 avec une large majorité, les mouvements d’opposition manifestent violemment dans les rues de Dakar et le gouvernement proclame l’état d’urgence. La fin des années 1980 est également marquée par des tensions avec la Mauritanie en raison, notamment, d’une mauvaise délimitation de la frontière sujette aux variations du lit du fleuve et de la situation sociale et politique de la communauté noire dans ce pays. L’hostilité latente entre les Sénégalais et les Maures entraîne des émeutes dans les deux pays marquées par des violences entre les deux communautés. Plus de 400 personnes sont tuées ; les deux pays opèrent des expulsions croisées et la guerre est évitée de justesse. Des problèmes demeurent d’ailleurs liés à la présence de réfugiés mauritaniens noirs mais installés sur les rives sénégalaises du fleuve. Abdou Diouf est réélu en 1993, dès le premier tour de scrutin avec 58,4 p. 100 des suffrages, mais l’opposition conteste à nouveau les résultats. L’agitation continue de façon spasmodique au cours de l’année 1994. En mars 1995, le Premier ministre, Habib Thiam, annonce à la demande du président Diouf, et dans l’espoir de pallier l’instabilité politique, la création d’un nouveau gouvernement au sein duquel l’opposition est représentée par l’avocat Abdoulaye Wade, fondateur en 1974 du Parti démocratique sénégalais, et candidat arrivé en second lors du scrutin de 1993. Celui-ci démissionne du gouvernement en 1998 à la veille des élections législatives, qui sont gagnées par le Parti socialiste au pouvoir.

5.7 L’annonce du changement avec Abdoulaye Wade (2000- )

Déjà arrêté en 1988, puis en 1993 et en 1994 pour avoir dénoncé les fraudes dans des élections où il a été un candidat malheureux, Abdoulaye Wade sort vainqueur au second tour de l’élection présidentielle de mars 2000 face à Abdou Diouf, sur le mot d’ordre de « sopi « (changement en wolof), avec 58,5 p. 100 des suffrages. Il bénéficie de la désaffection pour son adversaire, au pouvoir depuis trente ans, de l’espoir des jeunes, des habitants des banlieues défavorisées, et de la diminution du pouvoir d’achat des classes moyennes. Il s’engage à prendre en compte les besoins du monde rural pour ralentir un exode qui fait de la région de Dakar une zone à la démographie explosive. Plus libéral que son prédécesseur, il prévoit la modernisation des moyens de communication (nouvel aéroport à Dakar, amélioration des lignes de chemin de fer) et la réduction des postes ministériels. Il nomme comme premier ministre Moustapha Niasse, longtemps ministre des Affaires étrangères d’Abdou Diouf et chef de l’Alliance des forces de progrès (AFP), qui s’est désisté en sa faveur au second tour. Le problème essentiel pour le Sénégal reste celui de la Casamance et les relations avec la Guinée-Bissau, où l’instabilité politique trouve une part importante de ses racines dans le conflit casamançais.

En effet, à partir de 1982, le Sénégal fait face, en Casamance, à un mouvement indépendantiste apparu parmi les Diola (80 p. 100 des 800 000 habitants de la province), qui protestent notamment contre l’installation de Sénégalais venus du nord du pays, principalement des Wolof cultivateurs d’arachide. Une guérilla active et meurtrière s’installe dans cette région forestière au début des années 1990, provoquant la fuite des populations en Guinée-Bissau. En 1996, des pourparlers de paix s’engagent entre le gouvernement et le Mouvement des forces démocratiques de Casamance (MFDC), dirigé par l’abbé Diamacoune Senghor, mais la tension persiste toujours. Elle se traduit aussi par une intervention armée du Sénégal en Guinée-Bissau aux côtés de la Guinée pour y appuyer les forces gouvernementales dans leur lutte contre une mutinerie de militaires liée au problème de la Casamance. À la suite d’un accord entre les belligérants, le Sénégal et la Guinée se retirent.

En janvier 2001, la nouvelle Constitution présentée par Abdoulaye Wade est approuvée par référendum avec plus de 90 p. 100 des suffrages. Tous les grands partis ont appelé à voter « oui «, et la participation a atteint 66 p. 100. Le nouveau texte permet notamment au président de dissoudre l’Assemblée nationale. Ce qu’il fait peu après, provoquant d’importantes dissensions au sein de la coalition gouvernementale, le Front pour l’alternance. Dans la perspective des élections législatives anticipées prévues pour la fin avril 2001, Moustapha Niasse est ainsi limogé en mars de son poste de Premier ministre, et remplacé par une femme, Mame Madior Boye, également garde des Sceaux. À l’issue du scrutin, la coalition présidentielle détient 89 des 120 sièges de l’Assemblée nationale. L’ancien Premier ministre Moustapha Niasse, dont le parti — l’Alliance des forces de progrès (AFP) — ne remporte que 11 sièges, dénonce une fraude électorale.

Si, sur le plan économique, le président Wade tente de relancer le pays avec le plan Omega, la situation en Casamance demeure confuse : le MFDC est en proie à de vives tensions, qui entraînent sur le terrain la reprise d’attentats en février 2001. En décembre 2001, la mort de Léopold Sédar Senghor, le père de l’indépendance, suscite une grande émotion dans le pays. L’État organise ses obsèques, et un deuil national de quinze jours est observé. La cohésion nationale est encore à l’œuvre au début de l’année 2002 lorsque l’équipe de football du Sénégal dispute sa première finale de la Coupe d’Afrique des nations (CAN), remportée par le Cameroun.

En septembre 2002, le pays est tragiquement endeuillé par le naufrage du ferry Le Joola, qui provoque la mort de près de 2 000 personnes au large des côtes gambiennes. Imputable à une surcharge et à la négligence des pouvoirs publics, ce drame suscite la colère des familles des victimes et de l’opinion publique. Il est suivi, au mois de novembre, d’un changement de gouvernement, qui conduit au poste de Premier ministre Idrissa Seck, le numéro deux du parti présidentiel. Tandis que les conditions de vie de la population ne s’améliorent guère, les espoirs mis en Abdoulaye Wade semblent déçus. Et ce d’autant plus que, sur le plan politique, les intentions du président restent floues et que ses méthodes, caractérisées par une dérive autoritaire, inquiètent ses anciens sympathisants comme ses opposants — l’ancien Premier ministre Moustapha Niasse évoque une « trahison de l’alternance «. En avril 2004, une nouvelle crise politique entraîne le limogeage d’Idrissa Seck, remplacé par Macky Sall, ministre de l’Intérieur sortant.

Après plusieurs tentatives de paix avortées, la crise casamançaise semble connaître un dénouement définitif en décembre 2004 avec la signature d’un accord de paix considéré comme historique par ses signataires, à savoir le gouvernement sénégalais et le Mouvement des forces démocratiques de Casamance (MFDC), représenté par l’abbé Diamacoune Senghor. L’accord prévoit notamment le renoncement définitif à la lutte armée, le retour des réfugiés, le déminage de la région, ainsi que l’intégration et la réinsertion des anciens combattants.

En 2005, Abdoulaye Wade engage le pays dans une « stratégie de croissance accélérée « visant à le hisser au rang de pays émergent et portée notamment par l’agriculture et l’industrie agroalimentaire, le secteur tertiaire (tourisme, téléservices), l’exploitation minière (minerai de fer) et la construction. À l’approche de l’élection de 2007, il doit faire face aux critiques croissantes de l’opposition et de la société civile ainsi que de ses anciens soutiens. Outre les graves difficultés économiques du pays, qui nourrissent une recrudescence du mouvement d’émigration maritime vers l’Europe parmi une jeunesse désespérée, les critiques portent principalement sur la dégradation de la vie politique — dont est emblématique l’emprisonnement en juillet 2005 de l’ancien Premier ministre Idrissa Seck, accusé d’atteintes à la sûreté de l’État et à la défense nationale et libéré sept mois plus tard à la suite d’un non-lieu —, la montée du népotisme et une série de scandales financiers liés aux grands travaux d’infrastructures menés par le chef de l’État.

Face à quatorze adversaires, Abdoulaye Wade est cependant réélu dès le premier tour du scrutin avec 55,86 p. 100 des suffrages, à l’issue d’une élection entachée d’irrégularités mais valide selon les missions d’observation internationales et marquée par un taux de participation très élevé (70,5 p. 100). Ses principaux rivaux, Idrissa Seck et Ousmane Tanor Dieng (Parti socialiste), recueillent respectivement 15 p. 100 et 13,5 p. 100 des suffrages.

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