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Si vanwa ná, Rómello vanwa, Valimar !

Publié le 30/10/2013

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Si vanwa ná, Rómello vanwa, Valimar !   Namárië ! Nai hiruvalyë Valimar. Nay elyë hiriva. Namarië !   « Ah, comme l'or tombent les feuilles dans le vent, de longues années innombrables comme les ailes des arbres ! Les longues années ont passé comme de rapides gorgées du doux hydromel dans les hautes salles de ar-delà l'Ouest, sous les voûtes bleues de Varda, où les étoiles tremblent dans le chant de sa voix, sainte et oyale. Qui donc à présent remplira pour moi la coupe ? Car maintenant l'Incitatrice, Varda, la Reine des Étoiles, u Mont Toujours Blanc a élevé ses mains comme des nuages et tous les chemins sont noyés dans une ombre rofonde ; et, venues d'un pays gris, les ténèbres s'étendent sur les vagues écumantes, et la brume couvre à amais les joyaux de Calacirya. Maintenant perdu, perdu pour ceux de l'Est est Valimar ! Adieu ! Peut-être rouveras-tu Valimar. Peut-être toi la trouveras-tu. Adieu ! « (Varda est le nom de la Dame que les Elfes de ces erres d'exil nomment Elbereth.)   Soudain, la Rivière décrivit une courbe ; les rives s'élevèrent de part et d'autre, et la lumière de la Lorien fut achée. En ce beau pays, Frodon ne devait jamais revenir. Les Compagnons se tournèrent alors vers leur voyage ; le soleil était devant eux et les éblouissait, car tous les yeux étaient emplis de larmes. Gimli pleurait ouvertement. -- Mon dernier regard a été pour ce qui était le plus beau, dit-il à son compagnon Legolas. Désormais, je ne qualifierai plus rien de beau, si ce n'est son cadeau. Il porta la main à sa poitrine. -- Dites-moi, Legolas, pourquoi me suis-je joint à cette Quête ? Je ne savais guère où gisait le principal anger ! Elrond disait vrai quand il déclarait que nous ne pouvions prévoir ce que nous trouverions sur notre oute. Le danger que je redoutais était le tourment dans les ténèbres, et il ne m'a pas retenu. Mais je ne serais as venu si j'avais connu celui de la lumière et de la joie. J'ai maintenant reçu ma pire blessure dans ce départ, ussé-je même aller cette nuit droit au Seigneur Ténébreux. Hélas pour Gimli fils de Gloïn ! -- Non ! dit Legolas. Hélas pour nous tous ! Et pour tous ceux qui courent le monde dans les jours à venir. Car ainsi va-t-il : on trouve et l'on perd, comme il paraît à ceux dont l'embarcation vogue au fil des eaux. Mais je ous considère comme heureux, Gimli fils de Gloïn, car votre perte, vous la subissez de votre propre gré et vous uriez pu faire un autre choix. Mais vous n'avez pas abandonné vos compagnons, et la moindre récompense que ous en aurez sera que le souvenir de la Lothlorien demeurera à jamais clair et sans tache dans votre coeur, et il e s'estompera ni ne vieillira jamais. -- Peut-être, dit Gimli, et je vous remercie de ces paroles. Des paroles vraies, sans doute, mais un tel éconfort est froid. Le souvenir n'est pas ce que le coeur désire. Ce n'est qu'un miroir, fût-il aussi clair que le heled zâram. Tout au moins est-ce ce que dit le coeur de Gimli le Nain. Les Elfes peuvent voir les choses utrement. En vérité, j'ai entendu dire que pour eux le souvenir ressemblait davantage au monde qui s'éveille u'au rêve. Il n'en est pas de même pour les Nains. « Mais ne parlons plus de cela. Il faut s'occuper du bateau ! Il enfonce trop avec tout ce bagage, et le Grand leuve est rapide. Je n'ai aucune envie de noyer mon chagrin dans l'eau froide. « Il saisit une pagaie et gouverna en direction de la rive occidentale, suivant la barque d'Aragorn qui était en ête et qui avait déjà quitté le milieu de la rivière.   Ainsi, la Compagnie suivit sa longue navigation le long des larges et rapides eaux, toujours portée vers le ud. Des bois dénudés défilaient de part et d'autre, et ils ne pouvaient rien apercevoir des terres qui s'étendaient ar derrière. La brise tomba, et le Fleuve coulait sans bruit. Aucun chant d'oiseau ne rompait le silence. Le soleil e voila à mesure que la journée s'avançait, et il finit par luire dans un ciel pâle comme une haute perle blanche. uis il s'effaça dans l'ouest, et le crépuscule tomba de bonne heure, suivi d'une nuit grise et sans étoiles. Ils ontinuèrent longtemps de flotter dans les heures noires et silencieuses, gouvernant leurs barques sous les mbres surplombantes des bois de l'Ouest. De grands arbres passaient comme des spectres, jetant dans l'eau à ravers la brume leurs racines tordues et assoiffées. Il faisait froid, et le voyage était lugubre. Frodon restait mmobile, écoutant le faible clapotis et les glouglous du Fleuve bouillonnant parmi les racines des arbres et les ois flottants près de la rive ; finalement il dodelina de la tête et sombra dans un sommeil inquiet.     CHAPITRE NEUF LE GRAND FLEUVE Frodon fut réveillé par Sam. Il vit qu'il était couché, bien enveloppé sous de grands arbres à l'écorce grise ans un coin tranquille des bois situés sur la rive occidentale du Grand Fleuve, l'Anduin. Il avait dormi toute la nuit, et le gris du matin était terne parmi les branches dénudées. Gimli s'affairait sur un petit feu tout à côté. Ils se remirent en route avant le grand jour. Non que la plupart des compagnons fussent tellement pressés 'aller vers le sud : ils n'étaient pas mécontents d'avoir encore un peu de répit avant la décision qu'ils devraient rendre au plus tard en arrivant à Rauros et à l'île de Tindrock, dans quelques jours ; et ils laissaient le Fleuve es porter à sa propre allure, n'ayant aucun désir de se hâter vers les périls qui les attendaient quel que fût 'itinéraire qu'ils choisiraient en fin de compte. Aragorn les laissait aller au fil de l'eau comme ils le désiraient, énageant leurs forces en vue de la fatigue à venir. Mais il tenait tout au moins à un départ très matinal chaque our et à une poursuite du voyage jusqu'à une heure tardive le soir ; car il sentait dans son coeur que le temps pressait, et il craignait que le Seigneur Ténébreux ne fût pas resté inactif pendant qu'ils s'attardaient dans la orien. Ils ne virent néanmoins aucun signe d'ennemi ce jour-là ni le suivant. Les heures grises et monotones assèrent sans aucun événement. Vers la fin du troisième jour de leur voyage, le paysage changea peu à peu : les rbres s'éclaircirent, puis disparurent entièrement. Sur la rive orientale, à leur gauche, ils virent de longues entes informes qui montaient dans le lointain vers le ciel ; elles avaient un aspect brunâtre et desséché, comme i le feu eût passé par-là sans laisser aucun brin de verdure vivante : un désert hostile, dépourvu même de tout rbre brisé ou de la moindre pierre proéminente pour rompre l'uniformité. Ils étaient arrivés aux Terres Brunes, ui s'étendent, vastes et désolées, entre le sud de la Forêt Noire et les collines d'Emyn Muil. Même Aragorn ne ouvait dire quelle pestilence, quelle guerre ou quel méfait de l'Ennemi avait ainsi détruit toute cette région. À l'ouest, sur leur droite, la terre était également sans arbre, mais elle était plate et en maints endroits verte vec de larges plaines herbeuses. De ce côté du Fleuve, ils passèrent devant des forêts de grands roseaux, si auts qu'ils cachaient toute vue vers l'ouest, tandis que les petites embarcations longeaient en bruissant leur isière oscillante. Leurs plumets sombres et desséchés se courbaient et se relevaient avec un chuintement doux et triste dans l'air frais et léger. De temps à autre, Frodon avait, par des ouvertures, des aperçus soudain de prés onduleux et, bien au-delà, de collines dans le couchant ; et à l'horizon, se dessinait une ligne sombre, là où ommençaient les chaînes les plus méridionales des Monts Brumeux. Il n'y avait aucun signe d'êtres vivants mobiles, sinon des oiseaux. Ceux-ci étaient nombreux : des petits volatiles sifflaient et pépiaient dans les roseaux, mais on les voyait rarement. Deux ou trois fois, les voyageurs entendirent le mouvement rapide et le son plaintif des ailes de cygnes, et, levant les yeux, ils virent une grande phalange traverser le ciel. -- Des cygnes ! dit Sam. Et rudement gros, encore ! -- Oui, dit Aragorn, et ce sont des cygnes noirs. -- Que tout ce pays a l'air vaste, vide et lugubre ! dit Frodon. J'avais toujours imaginé qu'en allant vers le sud on trouvait des régions de plus en plus chaudes et de plus en plus gaies jusqu'à ce que l'hiver soit à jamais abandonné. -- Mais nous ne sommes pas encore très au sud, répondit Aragorn. C'est encore l'hiver, et nous sommes loin de la mer. Ici, le monde est froid jusqu'au soudain printemps, et nous pourrons encore avoir de la neige. Très oin au sud, dans la Baie de Belfalas, où se jette l'Anduin, il fait chaud et tout est peut-être gai, ou le serait s'il n'y vait pas l'Ennemi. Mais ici, nous ne sommes pas, je pense, à plus de cinquante lieues au sud du Quartier Sud, à-bas dans votre Comté, à des centaines de longs milles. Vous regardez maintenant vers le sud-ouest, pardessus les plaines septentrionales du Riddermark, Rohan, le pays des Seigneurs des Chevaux. Nous ne tarderons pas à arriver au confluent du Limeclair, qui descend du Fangorn pour rejoindre le Grand Fleuve. C'est la frontière septentrionale de Rohan ; et jadis tout ce qui s'étendait entre le Limeclair et les Montagnes Blanches ppartenait aux Rohirrim. C'est une terre riche et aimable, dont l'herbe n'a pas de rivale ; mais en ces jours éfastes, on n'habite plus auprès du Fleuve, et l'on ne chevauche plus guère vers ses rives. L'Anduin est large, mais les Orques peuvent tirer leurs flèches très loin par-dessus l'eau ; et l'on dit que, ces derniers temps, ils ont osé traverser et razzier les troupeaux et les haras de Rohan. Le regard de Sam passait avec inquiétude d'une rive à l'autre. Les arbres lui avaient auparavant paru hostiles, comme s'ils abritaient des yeux secrets et des dangers imprécis ; mais il souhaitait maintenant leur présence. Il sentait que la Compagnie était trop à découvert, flottant ainsi dans de petits bateaux non pontés au milieu de terres sans abri et sur un fleuve qui représentait la frontière de la guerre. Les deux ou trois jours suivants, comme ils poursuivaient leur route, portés régulièrement vers le sud, ce entiment d'insécurité s'empara de tous les compagnons. Un jour entier, ils firent force de pagaies pour hâter eur progression. Les rives défilèrent. Bientôt, le Fleuve s'élargit, se faisant moins profond ; de longues plages pierreuses s'étendirent à l'est, et il y avait dans l'eau des bancs de gravier qui nécessitaient une conduite attentive. Les Terres Brunes s'élevèrent en plateaux déserts, balayés par un vent froid venu de l'est. De l'autre côté, les prairies s'étaient muées en vallonnements d'herbe desséchée au milieu d'un terrain marécageux parsemé de canche. Frodon frissonna à la pensée des pelouses et des sources, du soleil clair et des douces pluies de la Lothlorien. Peu de paroles et nul rire ne se faisaient entendre dans aucun des bateaux. Chaque membre de la Compagnie était occupé à ses propres pensées. Le coeur de Legolas courait sous les étoiles d'une nuit d'été en quelque clairière septentrionale parmi les bois de hêtres ; Gimli manipulait de l'or en pensée, se demandant si ce métal convenait à un écrin pour le présent de a Dame. Merry et Pippin, dans l'embarcation du milieu, étaient mal à l'aise, car Boromir ne cessait de armonner, se rongeant par moments les ongles, comme en proie à quelque inquiétude ou quelque doute ; il 'emparait parfois d'une pagaie pour mener la barque juste derrière celle d'Aragorn, et Pippin, assis à la proue et egardant en arrière, apercevait alors dans son oeil une curieuse lueur, tandis que l'autre scrutait devant lui la ersonne de Frodon. Sam avait depuis longtemps décidé que, si les bateaux n'étaient peut-être pas aussi angereux qu'on l'en avait persuadé, ils étaient par contre beaucoup plus inconfortables qu'il ne l'avait lui-même maginé. Il se sentait rempli de crampes et malheureux, sans rien d'autre à faire que suivre des yeux les paysages ivernaux qui rampaient le long de la rive et l'eau grise de part et d'autre. Même quand on avait recours aux agaies, on ne lui en confiait pas. À la tombée du crépuscule, le quatrième jour, il regardait en arrière par-dessus les têtes courbées de Frodon t d'Aragorn et les embarcations suivantes ; somnolent, il ne pensait qu'au campement et à la sensation de la erre ferme sous ses pieds. Soudain, quelque chose accrocha son regard : au début, ses yeux se posèrent dessus vec nonchalance mais peu après, il se redressa et se frotta les yeux ; quand il regarda de nouveau, toutefois, il e vit plus rien.   Cette nuit-là, ils campèrent sur un petit îlot proche de la rive occidentale. Sam, roulé dans des couvertures, tait étendu près de Frodon. -- J'ai eu un drôle de rêve, une heure ou deux avant notre halte, monsieur Frodon, dit-il. Ou peut-être 'était-ce pas un rêve. En tout cas, c'était drôle. -- Eh bien, de quoi s'agissait-il ? demanda Frodon, sachant que Sam ne s'endormirait pas avant d'avoir aconté son histoire, quelle qu'elle fût. Je n'ai rien vu ni n'ai-je pensé à quoi que ce soit de nature à me faire ourire depuis notre départ de la Lothlorien. -- Ce n'était pas drôle de cette façon-là, monsieur Frodon. C'était curieux. Tout faux, si ce n'était pas un êve. Et il vaut mieux que vous l'entendiez. Voilà : j'ai vu une grosse bûche avec des yeux ! -- Pour la bûche, ça va, dit Frodon. Il y en a des quantités dans le Fleuve. Mais laisse tomber les yeux ! -- Pour ça non, dit Sam. C'est les yeux qui m'ont fait redresser, pour ainsi dire. J'ai vu ce que j'ai pris pour une bûche qui flottait dans le demi-jour derrière la barque de Gimli ; mais je n'y faisais pas grande attention. Puis il m'a semblé que la bûche nous rattrapait lentement. Et c'était bizarre, il faut dire, vu que nous flottions tous ensemble dans le courant. Juste alors, j'ai vu les yeux : deux espèces de points pâles, comme brillants, sur une bosse au bout le plus proche de la bûche. Qui mieux est, ce n'était pas une bûche, car ça avait des pattes palmées, presque semblables à celles d'un cygne, mais elles semblaient plus grandes et elles ne cessaient de plonger dans l'eau et d'en sortir. « Ça, c'était quand je me suis redressé tout droit et que je me suis frotté les yeux, avec l'intention de crier si c'était toujours là après que j'ai effacé la somnolence de ma tête. Parce que le je-ne-sais-pas-quoi avançait alors rapidement, et il était tout derrière Gimli. Mais je ne sais si ces deux lampes repérèrent mon mouvement et mon regard scrutateur ou si je repris mes sens. En tout cas, quand je regardai de nouveau, ce n'était plus là. Mais je crois tout de même que j'aperçus du coin de l'oeil, comme on dit, quelque chose de sombre qui se précipitait dans l'ombre de la rive. Je n'ai pas vu d'autres yeux, toutefois. « Tu rêves encore, Gamegie, que je me suis dit ; et j'ai plus rien dit sur le moment. Mais j'y ai pensé depuis, et maintenant, je ne suis plus si sûr. Qu'en pensez-vous, monsieur Frodon ? -- Je n'y verrais qu'une grosse bûche, le crépuscule et le sommeil dans tes yeux, Sam, si c'était la première fois qu'on apercevait ces yeux-là, dit Frodon. Mais ce n'est pas le cas. Je les ai vus là-bas dans le Nord avant que nous n'atteignions la Lorien. Et j'ai vu une étrange créature avec des yeux, qui grimpait au flet cette nuit-là. aldir l'a vue aussi. Et rappelle-toi ce qu'avaient dit les Elfes qui étaient partis à la poursuite des Orques. -- Ah, oui, dit Sam, je m'en souviens bien ; et d'autre chose aussi. Je n'aime pas ce que j'ai en tête ; mais en ettant bout à bout une chose et une autre, les histoires de M. Bilbon et tout ça, j'ai l'impression que je pourrais onner un nom à cette créature-là à tout hasard. Un vilain nom - Gollum, peut-être ? -- Oui, c'est ce que je crains depuis quelque temps, répondit Frodon. Depuis même cette nuit sur le flet. Je uppose qu'il était tapi dans la Moria, et qu'il a suivi notre trace dès lors ; mais j'espérais que notre séjour en orien l'aurait de nouveau dérouté. Cette misérable créature devait être cachée dans les bois près du Cours

«   CHAPITRE NEUF LE GRAND FLEUVEFrodon futréveillé parSam.

Ilvit qu’il était couché, bienenveloppé sousdegrands arbresàl’écorce grise dans uncoin tranquille desbois situés surlarive occidentale duGrand Fleuve, l’Anduin.

Ilavait dormi toutela nuit, etlegris dumatin étaitterne parmi lesbranches dénudées.

Gimlis’affairait surunpetit feutout àcôté. Ils seremirent enroute avant legrand jour.Nonquelaplupart descompagnons fussenttellement pressés d’aller verslesud : ilsn’étaient pasmécontents d’avoirencoreunpeu derépit avant ladécision qu’ilsdevraient prendre auplus tardenarrivant àRauros etàl’île deTindrock, dansquelques jours ;etils laissaient leFleuve les porter àsa propre allure,n’ayant aucundésirdesehâter verslespérils quilesattendaient quelquefût l’itinéraire qu’ilschoisiraient enfin decompte.

Aragorn leslaissait alleraufilde l’eau comme ilsledésiraient, ménageant leursforces envue delafatigue àvenir.

Maisiltenait toutaumoins àun départ trèsmatinal chaque jour etàune poursuite duvoyage jusqu’à uneheure tardive lesoir ; carilsentait danssoncœur queletemps pressait, etilcraignait queleSeigneur Ténébreux nefût pas resté inactif pendant qu’ilss’attardaient dansla Lorien.

Ilsnevirent néanmoins aucunsigned’ennemi cejour-là nilesuivant.

Lesheures grisesetmonotones passèrent sansaucun événement.

Verslafin dutroisième jourdeleur voyage, lepaysage changea peuàpeu : les arbres s’éclaircirent, puisdisparurent entièrement.

Surlarive orientale, àleur gauche, ilsvirent delongues pentes informes quimontaient danslelointain versleciel ; ellesavaient unaspect brunâtre etdesséché, comme si le feu eût passé par-là sanslaisser aucunbrindeverdure vivante : undésert hostile, dépourvu mêmedetout arbre briséoudelamoindre pierreproéminente pourrompre l’uniformité.

Ilsétaient arrivésauxTerres Brunes, qui s’étendent, vastesetdésolées, entrelesud delaForêt Noire etles collines d’Emyn Muil.Même Aragorn ne pouvait direquelle pestilence, quelleguerre ouquel méfait del’Ennemi avaitainsidétruit toutecetterégion. À l’ouest, surleur droite, laterre étaitégalement sansarbre, maiselleétait plate eten maints endroits verte avec delarges plaines herbeuses.

Dececôté duFleuve, ilspassèrent devantdesforêts degrands roseaux, si hauts qu’ilscachaient toutevuevers l’ouest, tandisquelespetites embarcations longeaientenbruissant leur lisière oscillante.

Leursplumets sombres etdesséchés secourbaient etse relevaient avecunchuintement douxet triste dansl’airfrais etléger.

Detemps àautre, Frodon avait,pardes ouvertures, desaperçus soudain deprés onduleux et,bien au-delà, decollines danslecouchant ; etàl’horizon, sedessinait uneligne sombre, làoù commençaient leschaînes lesplus méridionales desMonts Brumeux.

Iln’y avait aucun signed’êtres vivants mobiles, sinondesoiseaux.

Ceux-ciétaientnombreux : despetits volatiles sifflaient etpépiaient dansles roseaux, maisonles voyait rarement.

Deuxoutrois fois,lesvoyageurs entendirent lemouvement rapideetle son plaintif desailes decygnes, et,levant lesyeux, ilsvirent unegrande phalange traverserleciel. — Des cygnes ! ditSam.

Etrudement gros,encore ! — Oui, ditAragorn, etce sont descygnes noirs. — Que toutcepays al’air vaste, videetlugubre ! ditFrodon.

J’avaistoujours imaginéqu’enallant versle sud ontrouvait desrégions deplus enplus chaudes etde plus enplus gaies jusqu’à ceque l’hiver soitàjamais abandonné.

— Mais nousnesommes pasencore trèsausud, répondit Aragorn.

C’estencore l’hiver, etnous sommes loin de lamer.

Ici,lemonde estfroid jusqu’au soudainprintemps, etnous pourrons encoreavoirdelaneige.

Très loin ausud, dans laBaie deBelfalas, oùsejette l’Anduin, ilfait chaud ettout estpeut-être gai,ouleserait s’iln’y avait pasl’Ennemi.

Maisici,nous nesommes pas,jepense, àplus decinquante lieuesausud duQuartier Sud, là-bas dansvotre Comté, àdes centaines delongs milles.

Vousregardez maintenant verslesud-ouest, par- dessus lesplaines septentrionales duRiddermark, Rohan,lepays desSeigneurs desChevaux.

Nousnetarderons pas àarriver auconfluent duLimeclair, quidescend duFangorn pourrejoindre leGrand Fleuve.

C’estla frontière septentrionale deRohan ; etjadis toutcequi s’étendait entreleLimeclair etles Montagnes Blanches appartenait auxRohirrim.

C’estuneterre riche etaimable, dontl’herbe n’apas derivale ; maisences jours néfastes, onn’habite plusauprès duFleuve, etl’on nechevauche plusguère verssesrives.

L’Anduin estlarge, mais lesOrques peuvent tirerleurs flèches trèsloin par-dessus l’eau ;etl’on ditque, cesderniers temps,ilsont osé traverser etrazzier lestroupeaux etles haras deRohan. Le regard deSam passait avecinquiétude d’uneriveàl’autre.

Lesarbres luiavaient auparavant paru hostiles, commes’ilsabritaient desyeux secrets etdes dangers imprécis ; maisilsouhaitait maintenant leur présence.

Ilsentait quelaCompagnie étaittropàdécouvert, flottantainsidansdepetits bateaux nonpontés au milieu deterres sansabrietsur unfleuve quireprésentait lafrontière delaguerre.. »

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