Si vanwa ná, Rómello vanwa, Valimar !
Publié le 30/10/2013
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CHAPITRE
NEUF
LE GRAND FLEUVEFrodon
futréveillé parSam.
Ilvit qu’il était couché, bienenveloppé sousdegrands arbresàl’écorce grise
dans uncoin tranquille desbois situés surlarive occidentale duGrand Fleuve, l’Anduin.
Ilavait dormi toutela
nuit, etlegris dumatin étaitterne parmi lesbranches dénudées.
Gimlis’affairait surunpetit feutout àcôté.
Ils seremirent enroute avant legrand jour.Nonquelaplupart descompagnons fussenttellement pressés
d’aller verslesud : ilsn’étaient pasmécontents d’avoirencoreunpeu derépit avant ladécision qu’ilsdevraient
prendre auplus tardenarrivant àRauros etàl’île deTindrock, dansquelques jours ;etils laissaient leFleuve
les porter àsa propre allure,n’ayant aucundésirdesehâter verslespérils quilesattendaient quelquefût
l’itinéraire qu’ilschoisiraient enfin decompte.
Aragorn leslaissait alleraufilde l’eau comme ilsledésiraient,
ménageant leursforces envue delafatigue àvenir.
Maisiltenait toutaumoins àun départ trèsmatinal chaque
jour etàune poursuite duvoyage jusqu’à uneheure tardive lesoir ; carilsentait danssoncœur queletemps
pressait, etilcraignait queleSeigneur Ténébreux nefût pas resté inactif pendant qu’ilss’attardaient dansla
Lorien.
Ilsnevirent néanmoins aucunsigned’ennemi cejour-là nilesuivant.
Lesheures grisesetmonotones
passèrent sansaucun événement.
Verslafin dutroisième jourdeleur voyage, lepaysage changea peuàpeu : les
arbres s’éclaircirent, puisdisparurent entièrement.
Surlarive orientale, àleur gauche, ilsvirent delongues
pentes informes quimontaient danslelointain versleciel ; ellesavaient unaspect brunâtre etdesséché, comme
si le feu eût passé par-là sanslaisser aucunbrindeverdure vivante : undésert hostile, dépourvu mêmedetout
arbre briséoudelamoindre pierreproéminente pourrompre l’uniformité.
Ilsétaient arrivésauxTerres Brunes,
qui s’étendent, vastesetdésolées, entrelesud delaForêt Noire etles collines d’Emyn Muil.Même Aragorn ne
pouvait direquelle pestilence, quelleguerre ouquel méfait del’Ennemi avaitainsidétruit toutecetterégion.
À l’ouest, surleur droite, laterre étaitégalement sansarbre, maiselleétait plate eten maints endroits verte
avec delarges plaines herbeuses.
Dececôté duFleuve, ilspassèrent devantdesforêts degrands roseaux, si
hauts qu’ilscachaient toutevuevers l’ouest, tandisquelespetites embarcations longeaientenbruissant leur
lisière oscillante.
Leursplumets sombres etdesséchés secourbaient etse relevaient avecunchuintement douxet
triste dansl’airfrais etléger.
Detemps àautre, Frodon avait,pardes ouvertures, desaperçus soudain deprés
onduleux et,bien au-delà, decollines danslecouchant ; etàl’horizon, sedessinait uneligne sombre, làoù
commençaient leschaînes lesplus méridionales desMonts Brumeux.
Iln’y avait aucun signed’êtres vivants
mobiles, sinondesoiseaux.
Ceux-ciétaientnombreux : despetits volatiles sifflaient etpépiaient dansles
roseaux, maisonles voyait rarement.
Deuxoutrois fois,lesvoyageurs entendirent lemouvement rapideetle
son plaintif desailes decygnes, et,levant lesyeux, ilsvirent unegrande phalange traverserleciel.
— Des cygnes ! ditSam.
Etrudement gros,encore !
— Oui, ditAragorn, etce sont descygnes noirs.
— Que toutcepays al’air vaste, videetlugubre ! ditFrodon.
J’avaistoujours imaginéqu’enallant versle
sud ontrouvait desrégions deplus enplus chaudes etde plus enplus gaies jusqu’à ceque l’hiver soitàjamais
abandonné.
— Mais nousnesommes pasencore trèsausud, répondit Aragorn.
C’estencore l’hiver, etnous sommes loin
de lamer.
Ici,lemonde estfroid jusqu’au soudainprintemps, etnous pourrons encoreavoirdelaneige.
Très
loin ausud, dans laBaie deBelfalas, oùsejette l’Anduin, ilfait chaud ettout estpeut-être gai,ouleserait s’iln’y
avait pasl’Ennemi.
Maisici,nous nesommes pas,jepense, àplus decinquante lieuesausud duQuartier Sud,
là-bas dansvotre Comté, àdes centaines delongs milles.
Vousregardez maintenant verslesud-ouest, par-
dessus lesplaines septentrionales duRiddermark, Rohan,lepays desSeigneurs desChevaux.
Nousnetarderons
pas àarriver auconfluent duLimeclair, quidescend duFangorn pourrejoindre leGrand Fleuve.
C’estla
frontière septentrionale deRohan ; etjadis toutcequi s’étendait entreleLimeclair etles Montagnes Blanches
appartenait auxRohirrim.
C’estuneterre riche etaimable, dontl’herbe n’apas derivale ; maisences jours
néfastes, onn’habite plusauprès duFleuve, etl’on nechevauche plusguère verssesrives.
L’Anduin estlarge,
mais lesOrques peuvent tirerleurs flèches trèsloin par-dessus l’eau ;etl’on ditque, cesderniers temps,ilsont
osé traverser etrazzier lestroupeaux etles haras deRohan.
Le regard deSam passait avecinquiétude d’uneriveàl’autre.
Lesarbres luiavaient auparavant paru
hostiles, commes’ilsabritaient desyeux secrets etdes dangers imprécis ; maisilsouhaitait maintenant leur
présence.
Ilsentait quelaCompagnie étaittropàdécouvert, flottantainsidansdepetits bateaux nonpontés au
milieu deterres sansabrietsur unfleuve quireprésentait lafrontière delaguerre..
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