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Sido, la mère de Colette, revient de l'enterrement de son mari.

Publié le 27/04/2011

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   Elle se rassit, et commença d'apprendre la patience, en regardant sur le parquet, de la porte du salon à la porte de la chambre vide, un chemin poudreux marqué par de gros souliers pesants.    Un petit chat entra, circonspect et naïf, un ordinaire et irrésistible chaton de quatre à cinq mois. Il se jouait à lui-même une comédie majestueuse, mesurait son pas et portait la queue en cierge, à l'imitation des seigneurs matous. Mais un saut périlleux en avant, que rien n'annonçait, le jeta séant par-dessus tête à nos pieds, où il prit peur de sa propre extravagance, se roula en turban, se mit debout sur ses pattes de derrière, dansa de biais, enfla le dos, se changea en toupie...    — Regarde-le, regarde-le, Minet-Chéri! Mon Dieu, qu'il est drôle !    Et elle riait, ma mère en deuil, elle riait de son rire aigu de jeune fille, et frappait dans ses mains devant le petit chat... Le souvenir fulgurant tarit cette cascade brillante, sécha dans les yeux de la mère les larmes du rire. Pourtant, elle ne s'excusa pas d'avoir ri, ni ce jour-là, ni ceux qui suivirent, car elle nous fit cette grâce, ayant perdu celui qu'elle aimait d'amour, de demeurer parmi nous toute pareille à elle-même, acceptant sa douleur ainsi qu'elle eût accepté l'avènement d'une saison lugubre et longue, mais recevant de toutes parts la bénédiction passagère de la joie, — elle vécut balayée d'ombre et de lumière, courbée sous des tourmentes, résignée, changeante et généreuse, parée d'enfants, de fleurs et d'animaux comme un domaine nourricier.    Colette, La maison de Claudine.    Vous ferez de ce texte un commentaire composé. Vous pourrez, par exemple, montrer avec quelle tendresse Colette évoque le souvenir d'une scène surprenante, et caractériser le naturel et la vivacité du récit.

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