Devoir de Philosophie

va risquer un de ces coups hardis et périlleux auxquels on ne se résout qu'après une lutte violente.

Publié le 15/12/2013

Extrait du document

va risquer un de ces coups hardis et périlleux auxquels on ne se résout qu'après une lutte violente. Le juif, avec son oeil de lynx, aurait facilement reconnu ces symptômes et s'en serait alarmé ; mais Sikes n'était pas un finaud comme lui, et il ne montra d'autres soupçons que ceux qui tenaient à sa rude et grossière méfiance avec tout le monde. Il était d'ailleurs, contre son ordinaire, de bonne humeur ce jour-là, comme nous l'avons dit ; il ne vit donc rien de singulier dans ses manières et s'occupa si peu de Nancy, que le trouble de celle-ci eût pu être mille fois plus visible sans éveiller son attention. À mesure que le jour baissait, l'agitation de Nancy augmentait ; quand la nuit fut venue, elle s'assit, attendant que le rigand aviné se fût endormi ; ses joues étaient si pâles, son oeil si ardent, que Sikes lui-même s'en étonna. Sikes, affaibli par la fièvre, était étendu dans son lit et buvait son grog pour se calmer ; c'était la troisième ou quatrième ois qu'il tendait son verre à Nancy, quand il fut frappé du changement qui s'était opéré en elle.  Le diable m'emporte, dit-il en se soulevant sur son bras pour regarder en face la jeune fille, on dirait un revenant. Qu'asu ?  Ce que j'ai ? répondit-elle. Rien. Pourquoi me regardes-tu comme ça ?  Qu'est-ce que c'est que ces bêtises-là ? fit Sikes en la secouant rudement par le bras. Hein ? qu'est-ce que ça veut dire ? quoi penses-tu ? Allons ! Allons !  À bien des choses, Guillaume, répondit la jeune fille toute frissonnante et se cachant le visage dans ses mains. Mais ah ! qu'est-ce que ça fait ? » es mots furent prononcés d'un ton de gaieté feinte qui produisit sur Sikes une impression plus profonde que ne l'avaient ait les traits décomposés de la jeune fille.  Écoute un peu, dit Sikes ; si tu n'as pas la fièvre, il se passe quelque chose de drôle dans l'air ; oui, quelque chose de auvais. Tu n'irais pas par hasard... ? Ah bien oui ! n'y a pas de danger que tu fasses ça.  Que je fasse quoi ?  Non, non, dit Sikes en la regardant fixement et en se parlant à lui-même. N'y a pas de fille qui ait le coeur plus solide, ou l y a déjà trois mois que je lui aurais coupé le sifflet. C'est la fièvre qui la tient ! voilà la chose. » ette idée qu'elle avait la fièvre le rassura, et il avala d'un seul trait son verre ; puis, avec force jurons, il demanda sa édecine. La jeune fille s'élança avec promptitude et versa, en se détournant, la potion dans une tasse dont elle lui fit ider elle-même le contenu.  Maintenant, dit le voleur, viens t'asseoir là, à côté de moi, et fais-moi une autre mine que ça, ou je t'arrangerai de façon ue tu auras de la peine à te reconnaître dans la glace. » ancy obéit. Sikes lui serra la main dans la sienne et retomba sur son oreiller, les yeux fixés sur elle. Il les ferma, les ouvrit, les referma et les rouvrit de nouveau. Le brigand se retournait mal à l'aise ; il sommeillait deux ou trois minutes et 'éveillait avec un regard de terreur ; puis il resta les yeux fixes, et, encore sur son séant, il tomba tout à coup dans un ourd et profond sommeil. Sa main lâcha celle de Nancy, son bras retomba languissamment ; il avait l'air d'un homme ombé dans une profonde catalepsie.  Le laudanum a enfin produit son effet, murmura la jeune fille en quittant le chevet du lit. Peut-être est-il déjà trop ard. » lle mit en toute hâte son chapeau et son châle, non sans jeter de temps en temps un regard de crainte autour d'elle. En épit de la liqueur soporifique, elle semblait s'attendre à tous moments à sentir sur son épaule la lourde main de Sikes. nfin, elle se baissa doucement sur le lit, embrassa le voleur et, ouvrant sans bruit la porte de la chambre qu'elle referma vec la même précaution, elle sortit de la maison en courant. n veilleur de nuit criait neuf heures et demie au bout d'un sombre passage qu'elle avait à traverser pour gagner la rand-rue.  La demie est-elle sonnée depuis longtemps ? demanda la jeune fille.  L'heure va sonner dans un quart d'heure, dit l'homme en levant sa lanterne sur le visage de Nancy. - Et il me faut au moins une heure pour y arriver », murmura Nancy en disparaissant avec la rapidité de l'éclair. On fermait déjà les boutiques dans les petites rues qu'elle suivait pour se rendre de Spitalfields dans le West-End. 'horloge, en sonnant dix heures, accrut son impatience. Elle glissait sur le trottoir, coudoyant les passants de droite et de gauche, se heurtant contre la tête des chevaux, et traversait, sans s'inquiéter, des rues encombrées où une foule de gens ttendaient avec impatience le moment de traverser comme elle.  C'est une folle ! » disait-on en se retournant pour la regarder courir sur la chaussée. uand elle fut arrivée dans le beau quartier de la ville, les rues étaient en comparaison plus désertes, et sa course rapide embla exciter plus de curiosité parmi les flâneurs au milieu desquels elle passait. Quelques-uns hâtaient le pas pour voir ù elle se rendait si vite ; d'autres, qui avaient pris l'avance sur elle, se retournaient pour la regarder, étonnés de la voir archer toujours aussi vite ; mais ils s'éloignaient l'un après l'autre. Quand elle eut atteint le lieu de sa destination, elle se rouvait tout à fait seule. lle s'arrêta devant un hôtel situé dans une de ces rues paisibles et bien habitées qui avoisinent Hyde-Park. Au moment ù la brillante clarté du gaz qui éclairait la porte lui fit reconnaître la maison, onze heures sonnaient. Elle avait ralenti son as un peu auparavant, d'un air irrésolu et ne sachant trop si elle devait avancer ; mais l'heure la décida et elle s'arrêta ans le vestibule. La loge du concierge était vide ; elle regarda autour d'elle avec incertitude et se dirigea du côté de 'escalier.  Eh bien ! jeune fille, dit une femme de chambre à la mise coquette, ouvrant une porte derrière elle et la regardant, qui emandez-vous ?  Une dame qui reste dans la maison.  Une dame ! répliqua l'autre d'un air dédaigneux. Quelle dame, s'il vous plaît ?  Mlle Maylie », dit Nancy. a domestique qui, pendant ce temps, l'avait toisée des pieds à la tête, ne répondit que par un regard de vertueux édain ; elle appela un laquais pour lui répondre. Nancy fit à celui-ci la même question.  Qui dois-je annoncer ? demanda le laquais.  Mon nom est inutile.  Ni le motif qui vous amène ?  Non plus. Il faut que je voie cette dame.  Allons, dit le domestique en la poussant vers la porte, finissons-en ; décampez, s'il vous plaît.  En ce cas, il faudra que vous me portiez dehors, dit la jeune fille avec colère, et ce sera une besogne dont deux d'entre ous ne viendraient pas à bout, je vous en réponds. N'y a-t-il personne ici, dit-elle en regardant autour d'elle, qui veuille onsentir à faire cette commission pour une pauvre malheureuse comme moi ? » et appel produisit de l'effet sur un bon gros cuisinier qui, au milieu de quelques autres domestiques, regardait ce qui se assait ; il s'avança pour s'interposer.  Faites sa commission, Joseph, voyons, dit-il.  À quoi bon ? répliqua l'autre. Ne croyez-vous pas que mademoiselle va recevoir une créature comme ça, hein ? » ette allusion à la moralité douteuse de Nancy fit pousser à quatre servantes, témoins de la scène, des exclamations de udeur révoltée.  Une créature comme ça, disaient-elles, mais c'est la honte de notre sexe ; ça n'est bon qu'à être jeté sans pitié au henil.  Faites de moi ce que vous voudrez, dit la jeune fille en se retournant vers les domestiques, mais rendez-moi d'abord le ervice que je vous demande. Pour l'amour de Dieu, faites-le ! » e sensible cuisinier joignit ses instances à celles de Nancy, et le laquais qui avait paru le premier consentit à faire la

« – Et ilme faut aumoins uneheure pouryarriver », murmura Nancyendisparaissant aveclarapidité del’éclair. On fermait déjàlesboutiques danslespetites ruesqu’elle suivaitpourserendre deSpitalfields dansleWest-End. L’horloge, ensonnant dixheures, accrutsonimpatience.

Elleglissait surletrottoir, coudoyant lespassants dedroite etde gauche, seheurtant contrelatête deschevaux, ettraversait, sanss’inquiéter, desrues encombrées oùune foule degens attendaient avecimpatience lemoment detraverser commeelle. « C’est unefolle ! » disait-on enseretournant pourlaregarder courirsurlachaussée. Quand ellefutarrivée danslebeau quartier delaville, lesrues étaient encomparaison plusdésertes, etsa course rapide sembla exciterplusdecuriosité parmilesflâneurs aumilieu desquels ellepassait.

Quelques-uns hâtaientlepas pour voir où elle serendait sivite ; d’autres, quiavaient prisl’avance surelle, seretournaient pourlaregarder, étonnésdelavoir marcher toujoursaussivite ;maisilss’éloignaient l’unaprès l’autre.

Quandelleeutatteint lelieu desadestination, ellese trouvait toutàfait seule. Elle s’arrêta devantunhôtel situédansunedeces rues paisibles etbien habitées quiavoisinent Hyde-Park.

Aumoment où labrillante clartédugaz quiéclairait laporte luifitreconnaître lamaison, onzeheures sonnaient.

Elleavait ralenti son pas unpeu auparavant, d’unairirrésolu etne sachant tropsielle devait avancer ; maisl’heure ladécida etelle s’arrêta dans levestibule.

Laloge duconcierge étaitvide ; elleregarda autourd’elleavecincertitude etse dirigea ducôté de l’escalier. « Eh bien ! jeunefille,ditune femme dechambre àla mise coquette, ouvrantuneporte derrière elleetlaregardant, qui demandez-vous ? – Une damequireste danslamaison. – Une dame ! répliqua l’autred’unairdédaigneux.

Quelledame,s’ilvous plaît ? – M lle Maylie », ditNancy. La domestique qui,pendant cetemps, l’avaittoisée despieds àla tête, nerépondit queparunregard devertueux dédain ; elleappela unlaquais pourluirépondre.

Nancyfitàcelui-ci lamême question. « Qui dois-je annoncer ? demandalelaquais. – Mon nomestinutile. – Ni lemotif quivous amène ? – Non plus.Ilfaut quejevoie cette dame. – Allons, ditledomestique enlapoussant verslaporte, finissons-en ; décampez,s’ilvous plaît. – En cecas, ilfaudra quevous meportiez dehors, ditlajeune filleavec colère, etce sera unebesogne dontdeux d’entre vous neviendraient pasàbout, jevous enréponds.

N’ya-t-il personne ici,dit-elle enregardant autourd’elle,quiveuille consentir àfaire cette commission pourunepauvre malheureuse commemoi ? » Cet appel produisit del’effet surunbon gros cuisinier qui,aumilieu dequelques autresdomestiques, regardaitcequi se passait ; ils’avança pours’interposer. « Faites sacommission, Joseph,voyons, dit-il. – À quoi bon ? répliqua l’autre.Necroyez-vous pasque mademoiselle varecevoir unecréature commeça,hein ? » Cette allusion àla moralité douteuse deNancy fitpousser àquatre servantes, témoinsdelascène, desexclamations de pudeur révoltée. « Une créature commeça,disaient-elles, maisc’estlahonte denotre sexe ; çan’est bonqu’à êtrejetésans pitié au chenil. – Faites demoi ceque vous voudrez, ditlajeune filleenseretournant verslesdomestiques, maisrendez-moi d’abordle service quejevous demande.

Pourl’amour deDieu, faites-le ! » Le sensible cuisinier joignitsesinstances àcelles deNancy, etlelaquais quiavait parulepremier consentit àfaire la. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles