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Vivre en ville lorsqu'on est un handicapé

Publié le 16/12/2011

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Il y a environ un demi-million d'handicapés moteurs en France, soit presque un Français sur cent, et ce nombre augmente avec les accidents de la route. Voilà donc une population importante réduite à vivre dans des fauteuils roulants et pour qui, jusqu'à ce jour, rien n'a été prévu, ni les appartements, ni les ascenseurs, ni les magasins, ni les transports en commun. La SNCF vient de mettre en circulation des wagons munis de crémaillères grâce auxquelles il est possible de faire accéder les handicapés à bord, les couloirs ont une largeur satisfaisante pour laisser le passage aux fauteuils. C'est un essai intéressant. Quelques municipalités, comme Grenoble, essaient, de leur côté, de faire en sorte que les handicapés puissent vivre d'une façon à peu près normale parmi le reste de la population. A Evry, en Essonne, un effort particulier a été réalisé en ce sens.

« tent l'existence de ceux qui leur confièrent leur emploi du temps.

Maisons rurales La Foire de Paris a présenté cette année à ses visiteurs un village dont toutes les maisons consti­ tuaient des exemples d'architecture régionale de la Provence à la Bretagne et de la Savoie au Pays Basque.

A la différence des traditionnels pavillons de banlieue de l'entre-deux-guerres qui multi­ pliaient aussi les styles plus ou moins bien inspirés des anciennes maisons rurales, le Village de France construit à la Foire de Paris avait l'avantage de faire preuve d'une certaine inspiration.

Ces résiden­ces plus ou moins secondaires ont tout le confort et même plus : du gazon anglais, des allées dallées et des plates-bandes bien fleuries.

Ce sont pourtant des maisons un peu falsifiées qui font semblant d'être du cru mais qui font seulement semblant ; elles ignorent souvent la réalité de la civilisation dont on les croit issues et des modes de vie spécifi­ ques à une région donnée.

En cherchant la ressem­ blance et l'unité, elles risquent parfois de donner dans le conformisme.

On peut le comprendre en comparant ces constructions à celles que publient, aux éditions Berger-Levrault, Henri Raulin et Georges Ravis­ Giordani l'Architecture rurale française.

Aux deux ouvrages précédemment édités, consacrés à la Savoie et au Dauphiné, s'ajoute un très passion­ nant volume sur la maison rurale corse.

Tradition­ nellement, jusqu'au début du siècle, jusqu'au moment où les campagnes se sont désemplies de leurs populations de bergers, de vignerons, de forestiers au profit des villes, sur le continent, et aux colonies, la maison corse grandissait avec la famille ; elle pouvait accueillir quatre ménages, chacun construisant l'aile qu'il allait habiter ou l'étage qui serait le sien, car les maisons corses ont toujours tendance à monter vers le ciel plutôt qu'à s'étaler sur le sol.

Les constructions de trois et quatre étages ne sont pas rares.

La tour est une forme d'habitat répandue.

Les femmes transportaient sur la colline, dans des paniers portés sur leur tête les morceaux de schiste et de granit destinés à l'édification des murs et des cloisons ; les hommes se réservaient le travail noble, les planchers et les charpentes.

La maison-tour, la torra, c'est celle des paysans, une espèce de gratte-ciel en miniature qui annonce par sa hauteur l'importance de la famille ; la casone qui est la demeure du notable, avec une façade recherchée, fait apparaître la position sociale des habitants avec ses fenêtres à arcades, ses balcons en fer forgé et sa grande porte en bois clouté ; le pa/azzu enfin, au sommet de la hiérarchie, rappelle les grandes demeures nobles de Gênes et de Paler­ me avec leurs loggias.

Toutes ces constructions sont de véritables forteresses qui pouvaient soutenir des sièges.

La vendetta était une tradition ; la rivalité des familles obligeait chacune d'elles à s'enfermer derrière ses murs.

Pourtant, l'escalier qui conduit au premier étage, celui que les Italiens disent « noble » était extérieur.

Au-dessous, un banc exposé au soleil était réservé aux vieux qui venaient s'y réchauffer et y lire la gazette locale.

La cuisine était au dernier étage pour la simple raison que l'âtre évacuait sa fumée par une ouverture pratiquée dans le toit ; rien n'a changé, jusqu'aux années précédant la der­ nière guerre dans l'architecture domestique des Corses depuis trois mille ans ou plus.

Le village de Cucuruzzu, qui date de l'époque du Bronze, en donne un exemple évident ; les maisons à terrasses qu'on y a retrouvées ressemblent étran­ gement à celles qui étaient construites dans l'île voilà encore moins d'un siècle.

Toute la Méditerra­ née antique et préhistorique a survécu dans ce type de demeure qu'on retrouve, exactement identique à Mycènes ; le palais d'Agamemnon, au sommet de la colline, était aussi construit sur plusieurs niveaux de terrasses et l'âtre se trouvait également au milieu de la pièce principale ; une ouverture du toit y permettait aussi l'évacuation de la fumée.

Les femmes venaient y filer la quenouille en devisant et en surveillant les pots qui cuisaient.

La maison corse traditionnelle est restée pareille à ce modèle jusqu'à la dernière génération ; les grands-mères, dans les villages de la montagne, continuaient à vivre non seulement comme la Colomba de Méri­ mée mais encore comme Pénélope qu'on voit tisser sa toile, dans l'Odyssée, assise sur les pierres du foyer.

Outre quelques rares fenêtres, les murs étaient percés d'ouvertures par lesquelles on pou­ vait discrètement vider les pots de chambre, à l'au­ be et au couchant.

Ces maisons n'ont sans doute pas le confort de celles qui étaient présentées à la Foire de Paris, mais personne ne peut nier leur saveur ni leur humanité ni leur beauté.

Beaucoup ont été transfor­ mées en résidences d'été ; elles insèrent ceux qui les habitent dans un monde que notre civilisation urbanisée nous a obligés à rejeter.

Dans leur sim­ plicité souvent majestueuse comme dans leur majesté un peu_ ostentatoire elles s'accordent har­ monieusement avec le paysage et avec la façon de vivre des hommes.. »

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