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A rebours Joris-Karl HUYSMANS 1884

Huysmans déclare avoir imaginé cet ouvrage «sans idées préconçues», comme «une nouvelle bizarre» (Préface de 1903).
II apparaît en définitive au lecteur comme le roman d’une révolte et d’une tentative d’évasion dans l’imaginaire, au moyen de tous les artifices capables de masquer la réalité de la vie à un homme qui ne peut plus la souffrir.
Un dandy écrasé sous le spleen, le duc Jean des Esseintes, dernier descendant de sa race, quitte Paris pour s’installer à la campagne dans une maison isolée d’où il ne sort plus.
Pour lui, « la nature a fait son temps : elle a définitivement lassé, par la dégoûtante uniformité de ses paysages et de ses ciels, l’attentive patience des raffinés. [...] II s’agit de la remplacer, autant que faire se pourra, par l’artifice. »
Le décor et l’éclairage d’une salle copiée sur la cabine d’un bateau suffisent à lui procurer l’illusion du voyage. Il s’entoure d’un luxe agressif et bizarre, fait incruster de pierreries la carapace d’une tortue, se donne des symphonies de liqueurs, collectionne les objets sacrés, les parfums, les maquillages, les fleurs rares, et s’épuise à chercher sans cesse de nouveaux excitants.
Il en demande aussi à la littérature, en particulier aux écrivains latins du Bas-Empire et à certains orateurs sacrés, mais surtout à la poésie contemporaine : à Baudelaire, son maître, dont l’esthétique inspire sa vie; à Verlaine ; à Mallarmé ; à Corbière ; aux récits de Barbey d’Aurevilly pour leur mélange de satanisme et de mysticisme; à ceux de Villiers de l’Isle-Adam; à certains romans de Flaubert, de Zola, des Concourt, quand ils évoquent «l’éclat asiatique des vieux âges», car il lui faut «des œuvres mal portantes, minées et irritées par la fièvre ».
Mais à force de vivre «à rebours» de la nature en torturant son esprit et son corps, des Esseintes parvient aux portes de la mort et son médecin doit le contraindre à reprendre une existence normale.

Aventure expérimentale, où se révèle l’angoisse métaphysique de Huysmans (il devait se convertir au catholicisme en 1892), l’œuvre a pour mérite de traduire dramatiquement les tentations morales et artistiques dites «décadentes» vers 1880.

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