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Achille

Achille

Achille est fils de Pélée, roi de Phthiotide en Thessalie. Par son grand-père Éaque, il descend de Zeus (certains disent de Poséidon). Les sujets sur lesquels règne Pélée sont appelés Myrmidons, depuis que Zeus, désireux de donner un peuple à Éaque, métamorphosa en hommes une colonie de fourmis (myrmex). La mère d'Achille est la Néréide Thétis, petite-fille de la Terre et de la Mer. Si bien qu'Achille se trouve être le commun rejeton de la Terre primordiale et du Ciel (par ses deux parents), ainsi que de la Mer (par sa mère). Zeus et Poséidon avaient eu l'intention l'un et l'autre de conquérir Thétis. Mais l'oracle ayant révélé qu'un fils qui naîtrait d'elle deviendrait plus puissant que son père, les dieux résolurent de marier la Néréide avec un mortel. Tout l'Olympe assista aux noces de Thétis et de Pélée.


• Enfance et adolescence d'Achille
Cependant, dès qu'elle porta des enfants, Thétis n'eut qu'une pensée: les purifier de tous les caractères mortels qu'ils tenaient de leur père ; pour cela, à peine nés, elle les exposait à la flamme, mais ne réussissait qu'à les faire périr. Six enfants furent traités successivement de la sorte, au grand désespoir de Pélée. Aussi celui-ci décida-t-il de sauver coûte que coûte le septième, le petit Ligyron. Dès qu'il vit que Thétis allait le plonger dans le feu, il le lui arracha des mains et l'enfant s'en tira avec un des os du pied calciné.
Pélée le confia à son ami, le centaure Chiron, lequel vivait en Thessalie sur le mont Pélion, où il exerçait l'art médical (c'est Chiron qui devait donner à Ligyron le nom d'Achille): le centaure remplaça la partie détruite par un os prélevé sur un squelette de géant (l'opération allait doter Achille d'extraordinaires dispositions pour la course ; ce qui justifie l'épithète qu'Homère lui décerne de héros « aux pieds légers »).

Une autre version, moins cruelle, de la légende contait que Thétis, dans le dessein d'octroyer l'immortalité à Achille, vint le tremper dans l'eau du Styx, le fleuve infernal, qui possédait cette propriété. Mais elle ne prit pas garde que le talon par lequel elle retenait l'enfant échapperait à l'ablution magique et que là résiderait malgré tout une partie vulnérable de son corps1.
Le centaure Chiron se chargea d'élever le jeune garçon. Il le nourrissait du miel des abeilles, de la moelle des ours et des sangliers et des entrailles des lions. Il l'initiait à la vie rude au contact de la nature; il l'exerçait à la chasse, au dressage des chevaux, à la médecine et aussi à la musique ; surtout, il lui faisait pratiquer la vertu. Achille devint un bel adolescent, blond, aux yeux vifs, intrépide, capable de tendresse autant que de violence. Pélée devait donner à son fils un second précepteur, Phœnix, dont il avait pu apprécier la sagesse, et qui eut à instruire le prince dans les arts oratoire et militaire. Avec Achille était élevé son petit-cousin Patrocle, fils du roi de Locride, Ménœtios, et les deux garçons se lièrent d'une profonde amitié. Achille était encore adolescent quand éclata la guerre de Troie. Le devin Calchas, consulté, prédit que la cité ennemie ne pourrait être défaite que lorsqu'Achille serait en mesure de participer à l'action. Ce qu'apprenant, Thétis se hâta de travestir son fils sous des vêtements féminins et l'envoya à Scyros, chez le roi des Dolopes, Lycomède, où il se laissa éduquer avec les jeunes princesses, sous le nom de Pyrrha (la blonde). De leur côté, les Grecs dépêchent Ulysse comme ambassadeur pour qu'il ramène l'indispensable Achille. Ne le trouvant pas à la cour de Pélée, il a recours à Calchas, qui lui dévoile la supercherie. Ulysse se déguise alors en marchand, se rend au palais de Scyros et se fait introduire dans le gynécée. Il étale aux yeux émerveillés des princesses les plus riches parures. Parmi les tissus et les bijoux, comme par hasard, se dissimule une épée. Aussitôt, la prétendue Pyrrha bondit sur elle et, comme en cet instant éclate à l'extérieur une sonnerie de trompette, elle se précipite hors du palais l'arme au poing, trahissant à la fois son sexe et sa nature impétueuse.
1. L'expression: «le talon (ou: le tendon) d'Achille» signifie: le point faible d'une personne.

L'une des filles de Lycomède n'avait pas attendu cette révélation pour connaître le véritable identité d'Achille : elle portait de lui un enfant, qui naquit après le départ de son père et qui reçut le nom de Néoptolème et le surnom de Pyrrhos (masculin de Pyrrha). Ulysse ramena Achille chez ses parents. Thétis, effrayée devant l'échec de sa ruse, fit au jeune homme de pressantes recommandations : sa vie, lui révéla-t-elle, serait d'autant plus longue qu'il saurait la garder plus obscure. Achille refuse la tentation : rien ne compte à ses yeux que l'éclat de la gloire, et les oracles ont beau prévoir la mort du héros devant Troie - il périra, disent-ils, parce qu'il aura tué un fils d'Apollon -, le jeune homme demande une armée et une flotte à son père ; celui-ci lui accorde cinquante vaisseaux et lui confie les armes dont les dieux lui ont fait présent le jour de ses noces. Achille emmène avec lui son fidèle gouverneur Phœnix, ainsi que son ami Patrocle, qui deviendra dès lors l'inséparable compagnon.


• Achille en campagne
Au cours d'un débarquement, effectué peut-être par erreur, en Mysie, que les Grecs auraient confondue avec la Troade, Achille blesse de sa lance le roi du pays, Télèphe, fils d'Héraclès. Il devra plus tard user de ses compétences médicales pour le soigner et le guérir. Retournés au port d'Aulis - huit ans plus tard - pour se regrouper après cette expédition manquée, le Grecs allaient se trouver immobilisés par le calme plat des éléments. Agamemnon, le chef des Grecs, ayant appris de l'oracle qu'il ne pouvait obtenir le concours des vents qu'en sacrifiant sa fille Iphigénie, n'imagina rien de mieux pour attirer celle-ci sans méfiance que de lui proposer le mariage avec Achille. Quand le héros aura connaissance de la fourberie à laquelle il a été mêlé à son insu, il en fera de violents reproches au « roi des rois » : ce sera sa première querelle avec Agamemnon. Le sacrifice d'Iphigénie accompli, la flotte grecque put mettre à la voile et fit escale dans l'île de Ténédos, au large de Troie. Le roi de l'île, Ténès, s'opposa-t-il au débarquement des Grecs ou voulut-il simplement protéger sa sœur contre les visées d'Achille? Quoi qu'il en fût, celui-ci le perça de coups. Or Ténès était fils d’Apollon. Achille organisa pour sa victime de magnifiques funérailles : il ne pouvait toutefois échapper au destin qui lui avait été prédit.
Pendant neuf années, Grecs et Troyens ne connurent sous les murs de Troie que des engagements sans conséquence. À l’occasion, les envahisseurs ne se privaient pas d’effectuer des expéditions pirates dans les îles et les cités voisines ; en particulier en Mysie, où Achille tua le père d’Andromaque, Éétion, et ses sept fils, tandis qu’Agamemnon s’emparait de la fille du prêtre d’Apollon, nommée Chryséis ; et à Lyrnessos, où Achille captura la belle Briséis, dont il fit sa compagne.


• La colère d'Achille C’est au cours de la dixième année de guerre qu’une grave contestation allait s’élever entre Achille et Agamemnon, celui-ci, pour compenser l’abandon qu'il avait dû faire de la fille du prêtre, s’étant approprié la captive d’Achille. Bafoué, furieux, Achille décide de renoncer au combat et se retire dans son camp, remettant en cause du même coup la victoire possible des Grecs. L’histoire de la colère d’Achille devant Troie fait le sujet de I’ Iliade, l’ouvrage le plus lu de toute l’Antiquité, et qui donna au personnage son immense notoriété. La situation des Grecs ne tardera pas à devenir angoissante. Achille résiste farouchement aux supplications d’Ulysse et même de Phœnix, mais se laissera émouvoir par les pleurs de Patrocle : il fait une première concession en autorisant son ami à revêtir les armes de Pélée et à ramener les Myrmidons au combat. Or, dans cet engagement, Patrocle va trouver la mort sous les coups d’Hector, le mari d’Andromaque, le plus valeureux des fils du roi Priam. Fou de douleur, Achille bondit, sans armes, sur le champ de bataille. Il pousse un tel hurlement que l’armée troyenne se replie derrière ses remparts. Dès lors, la colère d’Achille est ’à son comble. Oubliant son différend avec Agamemnon, il n’aura de cesse qu’il n’ait vengé la mort de Patrocle. Ses armes étant aux mains d’Hector, Thétis a obtenu d’Héphaïstos une nouvelle panoplie pour son fils. Les victimes d’Achille vont encombrer le lit du fleuve Scamandre, qui déborde dans la plaine. Mais c’est Hector qu’Achille poursuit de sa haine et qu’il entend immoler à l'âme de Patrocle. Il le surprend enfin, le défie en combat singulier et le tue. Il attache le cadavre à son char et lui fait faire le tour des murs de Troie. Il ne rendra le corps qu'aux instances du vieux Priam, venu le supplier dans son camp.
La légende posthomérique a rapporté bien d'autres prouesses, constituant tout un cycle d'Achille. Entre autres, sa lutte contre la reine des Amazones, Penthésilée, intervenue avec ses troupes au secours des Troyens, et qui rendra l'âme sous ses coups : découvrant le visage de sa victime à l'ultime moment, Achille, enflammé d'un vain amour, pleura sur sa beauté. On contait également sa rencontre avec Memnon, fils de l'Aurore, qui se termina par la mort du Troyen, source de larmes désormais intarissable pour sa mère.


• Mort d'Achille Mais quels que fussent la vaillance d'Achille et l'éclat de ses hauts faits, la fatalité ne pouvait pas ne pas s'accomplir. De la mort du héros les Anciens ont rapporté deux versions. Dans l'une, il tombe au combat devant les portes Scées, frappé d'une flèche meutrière au talon tirée par Pâris, mais guidée par Apollon, vengeur de son fils Ténès. Dans l'autre version, plus romanesque, le héros s'éprend de la plus jeune fille du roi troyen, nommée Polyxène, au point qu'il eût été prêt, pour la posséder, à abandonner la cause des Grecs. Il avait avec elle un rendez-vous dans un temple d'Apollon proche de Troie, lorsque Pâris, frère de Polyxène, surgit, l'arc au poing. Trouvant son ennemi étendu en posture galante, il le perce aisément et lâchement d'une flèche au talon. Persuadés que Polyxène avait organisé le guet-apens, les Grecs, lorsqu'ils se furent emparés de la ville de Troie, se mirent à sa recherche : Pyrrhos, fils d'Achille, que les Grecs étaient allés quérir pour qu'il prît à l'armée la place de son père, la découvrit et l'immola sur la tombe' du héros. Achille, après sa mort, devait trouver de sa vie ardente la juste récompense. Thétis obtint de Zeus que son fils fût transporté dans l'île des Bienheureux, où il devint l'époux d'une héroïne (on cite Médée, Iphigénie, Polyxène et même Hélène : de son union avec celle-ci serait né un fils ailé, Euphorion, qu'on identifie à la brise du matin).


Les Anciens, tout particulièrement Alexandre le Grand, ne cessèrent de voir dans Achille l'un des plus remarquables spécimens d'humanité et l'ont révéré comme le type du héros, tout à la fois beau, robuste et courageux, qui met sa gloire à s'élever toujours davantage au-dessus de sa condition d'homme (encore que les Stoïciens aient condamné ce tempérament violent, trop souvent esclave de ses passions). Ils lui vouèrent un culte vivace dans tout le monde grec, et dont le centre semble s'être fixé sur les bords de la mer Noire. On assurait que son tombeau se trouvait dans une île de cette mer, l'île Blanche (Leuké), également nommée Achilléa. Les œuvres littéraires abondent, dont Achille est le héros (outre l’Iliade et l'Odyssée - où l'on suit Achille aux Enfers —, citons surtout Iphigénie à Aulis1, tragédie d'Euripide « imitée » par Racine (1674) et portée à l'opéra par Gluck (1774), l'Achiliéide, poème épique de Stace, etc.) ; et les arts plastiques (peintures de vases, sculptures, etc.) se sont plu de tout temps (cf. toiles de Rubens, Teniers, Ingres, Delacroix, etc.) à illustrer ses multiples exploits.


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