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Académisme

Publié le 16/07/2011

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Ni mouvement artistique, ni style historique, l’académisme est une attitude : la soumission de l’artiste aux principes enseignés dans les académies officielles de peinture et les écoles de Beaux-Arts. Le programme d’études des académies de peinture avait été conçu par les ateliers à la fin de la Renaissance pour former de bons apprentis capables de seconder les maîtres, puis de les remplacer. Le principe de ce programme était la séparation entre dessin et peinture : on définissait d’abord la forme (le contour), puis on le remplissait de couleurs en suggérant le relief par le modelé. La perspective géométrique était une règle absolue. Le premier souci était de faire croire à la réalité, à tromper l’œil. Quand les impressionnistes se mettent à peindre en plein air, sans dessin préalable, ils répudient les grands principes de l’académisme et sont exclus des Salons officiels. En effet, au XIXe siècle, professeurs et académiciens règnent en dictateurs sur toutes les activités artistiques de Paris. Ils sélectionnent les toiles exposées, recommandent les œuvres de leurs disciples aux collectionneurs, aux musées, à l’Etat.
L’académisme se caractérise par le choix de sujets “ nobles ” (l’Antiquité et la mythologie) et par ses techniques : la composition classique centrée, une facture bien léchée de glacis où la touche n’est pas apparente, une palette de terres sombres, la peinture en atelier d’après esquisses sur le motif que l’on agrandit ensuite “ au carré ”.

« et à laprédominance de la ligne sur la couleur. Lesmanifestes picturaux du du peintre, Le Serment des Horace w /m** : "a #1 Jfj§ : À (1784, musée du Louvre, Paris) et tes Sabines (1799, musée du Louvre,Paris) sont proposéscomme des exempta virtutis au monde contemporain. Lesélèvesdu maître prolongerontses théories, créant un nouveaumouvement stylistique. • Anne Louis Girodet (1767-1824) appliqueainsil'enseignement de David dans l'illustration des œuvres littéraires classiques deRacine, deVirgile, mais aussides romans contemporainsde Chateaubriand, comme dans Atala autombeau, dit aussiLes Funérailles d'Atala (1807, musée du Louvre, Paris). • Vers la fin du siècle, les académies,considérées comme des institutions d'élite trop proches del'État, sont supprimées. Elles sont restaurées en1795 sous la nouvelle appellation d'«instituts »associés auxbelles-lettresjusqu'en 1803 - date à laquelleles beaux-arts retrouvent leur autonomie. LES DISSENSIONS DU XIX' SIÈCLE Vers 1800, alors que le système des corporations a pratiquement disparu, lesacadémies vont setrouver dans l'obligation d'assurer l'enseignement pratique des artistes. Elles essaient de remplacer l'intimitédu travail avec unprofessionnel par des cours dans lesquelsl'étudiant s'exerce sous lasurveillance d'un professeur. Une réforme structurelle établit une forte sélection des étudiants, notammentpar l'âge,et l'instauration d'un jury pour les salons.

Ces innovations ont pour effetd'augmenterle nombre de peintreset entraînent une notable élévation du niveau social moyen des étudiants. Cedurcissement général de l'institution déclenche une multitude decontroverses et de vives oppositions publiques. L'académisme duxix*siècle se divise alors en courants divers, etparfois opposés,s'adaptant aux goûts et aux modes du temps. Lerègne duromantisme Le puissant mouvement européenduromantisme, situédans la lignée dunéoclassicisme deDavid, est repris dans l'enseignement académique. Lessourceslittéraires, lesmythologies,l'imaginaire commela psychologie deviennent les sujetsde prédilection. • Lereprésentant le plus illustredel'académisme de cette époque est Jean Auguste Dominique Ingres (1780-1867), qui considère que « le dessin est toutet la couleur estaccessoire ». JEAN AUGUSTE DOMINIQUE INGRES (1780-I8S7) Né à Montauban, Jean Auguste Dominique Ingresrentre à 11ans à l'académie de Toulouse.

En 1797, ildevient l'élève de David à Paris et remporte, en 1801, le premier Grand Prix pour Les Ambassadeurs d'Agamemnon (École des beaux-arts, Paris). Enattendant son départ pour la Villa Médicis deRome, Ingres peint des portraits comme celui de LaFamille Rivière (1806, musée du Louvre, Paris).

Pensionnaire à Romede 1806 à 1811, il envoie en France des travaux obligatoires que réclame l'Académie, comme Œdipe et le Sphinx (1808, musée du Louvre), qui sont peu appréciés par ses pairs.Déçu, Ingres reste vivre à Rome, mais continued'envoyer en France des œuvres comme La Grande Odalisque (1814, musée du Louvre, Paris), qui reçoivent un accueiltoujours aussi réservé delacritique. Alors qu'ils'est installé à Florence, legouvernement français luicommande Le Vœu de Louis XIII (cathédralede Montauban), envoyé au Salon de 1824,et qui connaît, lui,un immense succès.

Enfin reconnu,Ingres estnommé professeur àl'École des beaux-arts, et les commandesofficielles affluent. Cependant, une grande composition sur laquelleil travaille durant sept ans est vivement critiquéeau Salonde 1834. Ingres décide alors d'accepter le poste de directeur de la Villa Médicis à Rome de 1835 à 1841 ; il ne reviendra à Paris qu'en 1841, sous la protection du duc d'Orléans.

Ses dernières toiles, dontLaVénus Anadyomène (1848, musée de Chantilly) ouLeBain turc (1862, musée du Louvre, Paris), où régnent la beautéet le jeu complexe des lignes et des gestes,sont aujourd'huitenues pour les œuvres modèlesdu peintre. • Parallèlement, certains élèves deDavid produisent des œuvres tendant vers la prédominance de la couleuret duréalisme. Leurenseignementet leur habiletétechniquesont mis au service d'un sens dramatiqueet d'un réalisme épiquenouveaux.ThéodoreCéricault (1791- 1824) puis Eugène Delacroix(1798-1863)illustrent ce mouvement qui, selon les critiquesd'art, s'opposait à celui d'Ingres. Rapidement, lesantagonismes vont croissant, le déclin de la domination deDavid au sein de l'Académie s'amorçant avec la création de l'École des beaux-arts, qui va réintégrerles règlements et lesenseignements des anciennesacadémies. L'APOGEE DUREALISME Au milieu du xix*siècle, l'idéalisme académique renaît avec la fondation de la nouvelle école etl'apparition du mouvement réaliste, né en Francevers 1830. Aprèsavoir manifesté une certaine résistance, l'enseignement académique intègre la notion de réalisme dans l'exécution del'œuvre d'art, mais pas dans sa conception.L'idée première de la création, sortie de l'imagination du peintre,est étudiée d'après la nature, et les thèmes illustrés sont tirés de l'histoire contemporaine et de la vie quotidienne. • Dansla lignéedu renouveau de l'iconographie profanede la Hollande duxvn' siècle,des genres nouveaux apparaissent : les travaux, les bains, la chasse,les sports et surtout la viesociale.

Honoré Daumier (1808-1879) reflète l'académismede cette époque.Reconnu en tout premier lieu pour seslithographies publiées dans leCharivari, Daumier se tourne vers la peintureà partirde 1860. Iltraite de thèmes inspirés de la vie des gens humbleset représentedes scènes de rue prises sur le vif (Lavandière, 1860- 1862, musée d'Orsay, Paris), utilisant pour cela des teintes chaudes alliées à un clair-obscur profond. • GustaveCourbet (1819-1877), qui est fortement influencé par la découverte des peintres hollandais duxvn' siècle, développe quant à lui un style réaliste extrême, dans lequel le traitement dela réalité quotidienne se fait à l'échelle de la peinture d'histoire sur des toiles immenses. Des œuvres telles que L'Atelier(1855, muséed'Orsay, Paris)provoquentd'ailleursdes scandales retentissantset se voient aussitôt retirées des salons officiels. LE « STYLE POMPIER » Parallèlement auréalisme et issu dunéoclassicisme, un mouvement nouveau est représenté autour de 1845 au sein de l'Académie.

Ilse caractérisealorspar un grandretourà l'Antiquité, aux méthodesde la Renaissance et par une abondance de codifications dans letraitement des œuvres. L'étude ducorps, aussi bien en sculpture qu'en peinture, faitl'objet delongs enseignements. L'influence de l'art d'Ingres apparaît dans la précision du dessin, l'équilibre des compositions et une certaine idéalisation des corps. En effet, lepuritanisme de la société contemporaine considère commeindécentle corps nu des modèlesféminins vivants. Lesreprésentations adoptent doncpourthèmesdes sujets mythologiques dans lesquels les corps prennent une apparence lisse et claire,et où la sensualité demeure pudique, voire évanescente. •William Bouguereau (1825-1905) illustretout particulièrement cettetendance nouvelle. Après avoirreçu une formation dans un des hauts lieux del'enseignement académique, l'atelier de Picot, il remportele prix deRome en1850 avec son tableau Zénobie retrouvée par les bergers surles bords de l'Araxe.

Il s'oriente ensuite vers des sujets historiques etreligieux, dont le chef-d'œuvre estLaVierge entourée d'anges (musée du Petit Palais, Paris). Bouguereaudomine - avec d'autres peintres,dont son élève Alexandre Cabanel -l'art officiel des dernières années dusiècle. • AlexandreCabanel (1823-1889) représente certes la grande tradition classique au travers de ses peintures d'histoire, mais également une nouvelle sensualitéproche de celledes dessinsdu maniériste Bronzino, du xvfsiècle, avec La Naissance de Vénus (1863, musée d'Orsay, Paris), notamment. Ce peintre se caractériseainsi par desatmosphères voluptueuses entourant des corps ronds et lisses aux tonalités singulièrement douces. Trèsrapidement caricaturé,ce style prend l'appellation moqueuse d'« art pompier ».

Plusieurs hypothèses sont avancées pour expliquer ce terme, parmi lesquelles une référenceauxcasques des Grecs et des Romains, souvent représentés, ou bien une parenté avec les termes « pompe » et « pompeux ». L'apparition dusymbolisme Dès 1885, un mouvement européennouveau, le symbolisme,arrive enFrance.

Le refus du matérialisme et du progrès contemporains amène les artistes à représenter un monde au-delà du réel.

Lessujets illustrés se réfèrent généralementaux légendes médiévales, aux rêves,jusqu'aux hallucinations ou aux angoisses. Lesthéories académiques prônentalors une étude des grands Italiens du Quattrocento (Raphaël etMichel-Ange). Et l'enseignement artistiques'oriente vers un graphismeépuré, des jeuxde lumière mystérieuse et un abandon de la narration. • Gustave Moreau (1826-1898),toutempreintde sa formation académique, imposeainsi un style nouveau,sensuel et mystique, enillustrant les mythes et les récits bibliques dans de largesreprésentationsorientalisanteset fantastiques(L'Apparition,1875, musée d'Orsay, Paris).Ilexerce une forte influence sursesélèves en tant que professeur àl'École des beaux-arts de 1892 à sa mort, car il chercheà développerleurs spécificités et àtransmettre unsavoir ouvert aux innovations. Ilforme les peintresles plus audacieux de la première moitié duxx"siècle : Georges Rouault, Henri Matisseou Albert Marquet.Au cours du xix*siècle, les théories esthétiquessont remisesen question, puis restaurées : la prédominance du dessin sur la couleur, celle dela peinture d'histoire sur les autresgenres, du « fini» surl'esquisse. En1863, l'institution refuse quelque 3 000 œuvres sur 5 000 présentéesauSalon officiel. Cette exclusion poussera les artistes à organiser,la mêmeannée, le premier Salon des refusés, qui marquera la fin du grand règne académique. L'ACADEMISME DU XX' SIECLE Dans ce climat tourmenté,l'ouvertured'esprit et la perfectiontechnique decertainsprofesseurs de l'Académie du début du xx'siècle permettentlaformation et ledéveloppement de personnalités fortes, variéeset novatrices ausein de l'école. Gustave Moreau, notamment, initie une doctrinede l'expression personnelle.

En même temps, le dessin sur modèle vivant est toujours pratiqué, mais l'objectif devient l'appréhension de la notion d'esthétisme et non la reproductionde la nature. L'enseignement se tourne vers la couleur, l'expressivité, et vers lesthéoriesissues d'une école d'arts industriels : celles du t.tSkTs Bauhaui S|ÉK fondé par HKjBII Walter Cropius. • En 1919,leBauhaus souhaite établir une coopération entreartisteset artisans. L'enseignement que dispense l'institut allemand comprend un pan pratique et théoriquedanstoutes les sections des arts, puis uneinstruction pratique et formelle donnée par un artisan et un artiste dans diversateliers(peinture, sculpture, meuble, verre, métal, tissage, architecture, céramique, reliure, typographie). Des conférences surlesmatières del'art ancien etmoderne etsur la science complètent les cours.• Reprenant les innovations allemandes,les techniques de base demeurent les éléments fondateurs de l'enseignement académique, appliquéesdans tous lesdomaines. Ces écoles deviennent alors un système complexe,où les théories se renouvellent rapidement, suivant les goûts des maîtres, des marchands oudes collectionneurs. •L'académisme du xx" siècle reflète la persistance des fondements del'enseignement ainsique la variété des domaines etdes orientations. Cetterichesse estd'ailleurs reconnue par une grande part des chefsd'école de la seconde moitiédu sièclequi ont suivi une formation académique, tels que Pablo Picasso, Georges Braque, Henri Matisse, Fernand Léger, Vassili Kandinsky, Paul Klee, Giorgio De Chirico, PietMondrian ou Salvador Dali (L'AngélusdeCala, 1935,Muséum of Modem Art,New York). DES CRITIQUES ACERBES AU COURS DES SIÈCLES • « Une peinture en gris » - AusujetdeE.Flandrin, avecl'anagramme du nom d'Ingres. • « Le manque de vigueur, delargeur, de chaleur...

» - Delaborde au sujet deA.Cabanel. • « Une peinture gazeuse...

» - Huysmans au sujet de W. Bouguereau. • «Ilmet des chaînesdemontre auxdieux del'Olympe » -Degas au sujet de G. Moreau.. »

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