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Aïda de Giuseppe VERDI

Publié le 15/10/2010

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verdi

opéra italien du XIXe siècle de Giuseppe VERDI (1813-1901)

  • opéra en quatre actes et sept tableaux

  • livret italien d'Antonio Ghislanzoni (d'après un scénario français de Camille du Locle, et une intrigue d'Auguste Mariette)

  • créé en 1871 au Caire

 

verdi

« Acte IV : Amnéris propose à Radams de lui sauver la vie, à condition qu'il oublie Aïda.

Comme il refuse dédaigneusement, les prêtres le condamnent à être emmuré vivant dans la crypte du temple d'Isis.

Aïdase glisse dans la tombe pour partager son supplice.

Ils sont unis dans la mort, tandis qu'Amnéris selamente au-dessus du tombeau. ANALYSE une oeuvre intimiste sous des dehors de Grand Opéra Aïda présente toutes les apparences du Grand Opéra : un sujet mi-historique, mi-légendaire, des personnages qui appartiennent aux plus hautes sphères (deux princesses, un roi et un général), animéspar des passions violentes, une instrumentation colorée, un cadre grandiose, monumental et exotique,amplifié par des masses chorales impressionnantes (choeur des esclaves d'Amnéris, choeur du peupleégyptien, choeur des prêtres), et rehaussé par des ballets (danse des esclaves, danse des prêtresses).Pourtant, même si certaines mises en scène transforment Aïda en opéra à grand spectacle, il s'agit d'une oeuvre profondément intimiste : pas plus que l'héroïsme patriotique, Aïda ne célèbre le triomphe du Grand Opéra. Ainsi, la fanfare du deuxième acte (les célèbres «trompettes d'Aïda») glorifie la victoire du général, mais sonne le glas pour l'amant : Radamès, en gagnant une guerre, perd sa bien-aimée.

La position socialed'Amnéris (ce personnage est le plus complexe et le plus intéressant) ne lui sert pas à obtenir l'hommequ'elle désire, mais seulement à s 'humilier davantage.

Les trompettes du pouvoir et de la gloireclaironnent l'oppression sociale incarnée par Ramfis et les prêtres, tandis que le chant de profundis d'Aïda et Radamès, au quatrième acte, célèbre une libération.

En dessous et au-delà pourtant de l'univers pétrifiéauquel Amnéris, enfermée elle-même dans une passion trop chamelle, se heurte obstinément, s'élève leduo mystique des amants qui ne peuvent s'unir que dans la mort : «0 terra, addio» (Adieu, vallée delarmes).

Verdi opère ici un véritable renversement des valeurs.

Loin des fresques historiques et clinquantes d'un Meyerbeer (Robert le Diable), c'est le système rigide du Grand Opéra, à l'image de la société des prêtres, figé, étouffant, que Verdi pervertit subtilement : il en conserve lesformes et l'éclat mais pour aboutir progressivement à son exacte antithèse.

A la fin de l'opéra, il ne resteplus, de la princesse et du général, que deux êtres humains, dont le bonheur s'exhale en un chant sublime,totalement épuré (véritable tour de force vocal puisque les interprètes doivent chanter enfermés dans untombeau).

Cet hymne ultime à l'intériorité, préparé par le nocturne du troisième acte, exige du spectateurle même recueillement que le Parsifal de Wagner. Situé après Don Carlos et avant Otello et Falstaff, Aïda inaugure en effet ce que l'on appelle la dernière période de Verdi, riche en novations, caractérisée par le rôle croissant de l'orchestre et le renoncement aubel canto.

Dans Aida, l'orchestre ne se réduit pas à un accompagnement mais acquiert une fonction dramatique.

Pour traduire le conflit entre l'amour et la société, Verdi oppose deux thèmes musicauxrécurrents : le thème ascendant d'Aïda, plein de douceur, qui dépeint un amour timide et délicat, et lethème descendant des prêtres, en forme de marche militaire, qui suggère le poids écrasant d'une autoritéimplacable.

Le troisième acte (appelé l'acte du Nil) est riche en effets orchestraux : violons, altos et flûteévoquent la sensualité sereine et envoûtante d'une nuit africaine.

Verdi s'éloigne de ses prédécesseurs -Bellini ou Donizetti-, en ne concédant aux interprètes que très peu d'airs isolés avec des reprises : laromance de Radamès au premier acte, «Celeste Aïda», et les deux airs d'Aïda, dont le pathétique «0 cieliazzurri» (Cieux azurés), au troisième acte.

Tous les autres sont intégrés au discours musical, si bien quele chant déclamé, le bel canto et l'orchestre se fondent en une continuité que l'on a parfois qualifiée de wagnérienne.

Mais l'auteur de Rigoletto et de La Traviata cherchait d'abord à se surpasser lui-même.

Avec Aida, Verdi dit adieu à l'opéra traditionnel, comme ses héros à la vie : un adieu solennel et plein d'espoir.. »

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