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ATTITUDES ET THÉORIES ESTHETIQUES: sentimentalisme, vitalisme, réalisme, idéalisme, rationalisme...

Publié le 17/01/2022

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   Dans ce traité, nous comprenons à la fois deux aspects nettement différents, de la question, — dualité que le titre proposé (attitudes et théories) s'est efforcé de traduire :    • pour l'artiste le problème est celui de la réalisation du beau;    • pour l'esthéticien, celui de sa définition.    Ce que nous appelons attitudes est relatif à notre comportement en face de l'objet d'art qu'il s'agit d'apprécier ou de créer.    Ce qui est nommé théories est relatif à notre effort d'entendement pour saisir et caractériser le beau.    ♦ Aussi l'attitude est-elle liée à l'action;    ♦ la théorie à la réflexion.    L'attitude est fonction de l'objet à apprécier ou à parfaire; la théorie est fonction de l'idée à former ou à vérifier.  Les attitudes possibles en face de l'objet d'art peuvent être indiquées selon deux modalités principales, l'une réaliste, l'autre idéaliste. Toutes deux supposent en quelque manière la sympathie.    Car, de même qu'il ne suffit ni d'ouvrir les yeux pour voir, ni de prêter l'oreille pour entendre, il ne suffit pas de copier une réalité ou un modèle pour faire œuvre d'art.

« dogme : est beau ce qui plaît.

Combien de gens, en effet, confondent leur commune satisfaction avec le sentimentesthétique.

Pour combien l'exclamation : cela est beau est-elle synonyme de cela me plaît! Une telle façon de voirdispense, d'ailleurs, de toute autre recherche et a tôt fait de clore la spéculation sur la nature du beau. Cette conception provient d'une confusion de valeurs. Elle joue d'une ambiguïté non résolue, qui provient de ce que nous prenons spontanément conscience à la fois duplaisir (qu'il soit anesthétique ou esthétique), et du beau, même si son intuition a été préparée par une culturepréalable. D'autre part, il est vrai qu'un sens esthétique rudimentaire peut être éveillé par des formes esthétiques douteuses :autrement dit, le mauvais goût est encore une manière de goût.

Or, la satisfaction esthétique étant un plaisir, ilarrive que, par voisinage en quelque sorte, un quelconque plaisir puisse mettre en cause le sens esthétique. Mais on ne saurait pour autant négliger la différence qualitative qui existe entre un plaisir non caractérisé et lasatisfaction du sens esthétique.

En particulier le contenu sentimental de la satisfaction causée par le beau ne seréduit à aucun moment à de l'agréable pur.

Certaines satisfactions esthétiques peuvent même être liées à desimpressions désagréables1 qui sont, en fait, surmontées dans le sentiment complexe et orienté dont la beautéimpose la conscience ou suscite la présence. Ce texte de Lanza del Vasto, d'inspiration tout à fait opposée au sensualisme, et qui pourrait caractériser unethéorie mystique ou idéaliste du beau, montre, en tout cas, à quel point plaisir commun et sentiment esthétiquepeuvent être dissociés : Ils ne sauront jamais ce qu'est la Beauté, ceux qui la cherchent à leur aise et la prennent pour un plaisir de plus.Mais cette faim, cette soif, cet abandon extrême, cette veille ardente aux pieds de la nuit toute nue la font brillerdans mon sang, plus présente à moi que moi-même, elle, « la vérité des formes», «la splendeur du vrai.

» Le réalisme.

Issue, au fond, du sensualisme est cette autre théorie que l'on peut formuler : est beau ce qui est, etselon laquelle la loi suprême de la création artistique est l'imitation.

L'homme ne saurait rivaliser avec la nature, il nepeut que la copier Toutefois, si cette théorie est un aboutissement de l'exercice normal des sens dans laperception, elle s'imprègne souvent d'une tonalité panthéistique et souffre alors cette explication : c'est parce quela nature est divine que l'homme ne peut prétendre à une création plus belle que celle dont le milieu où il plonge luioffre la représentation. Souvent aussi, il est vrai, le réalisme s'inspire de l'humble souci de ne pas détacher le sens esthétique desconditions qui l'ont fait naître.

Il y a, pense-t-on alors, assez de poésie dans les objets qui nous entourent pourque, avant de les renier et de chercher ailleurs, nous ayons à cœur d'en dégager, par la représentation, tous lesstimulants esthétiques.

L'appui que l'artiste prend sur les formes naturelles est le seul guide qui le puisse servir dansune exploration, hasardeuse si elle emprunte d'autres voies. Discussion.

Un artiste, qui professe cette croyance, admet que son œuvre peut, moyennant une certaine habiletétechnique, être belle à proportion de la beauté du modèle.

C'est également ce qui explique ce jugement sommaire dela part du public pour lequel la perfection du rendu est synonyme de la beauté.

Sensiblement différente, encore quevoisine, est l'attitude d'un Wordsworth, cherchant les formes familières du beau, d'un Ruskin, préconisant comme «motif » l'emploi des plantes les plus communes, d'un Théophile Gautier, par ailleurs théoricien de l'art pour l'art etgrand ouvrier de la forme, et qui trouvait les sources de ses inspirations dans le réel, affirmant volontiers : Je suisun homme pour qui le monde extérieur existe1.

Mais c'est en grande partie celle des naturalistes qui, avec les frèresde Goncourt, définissent l'art comme la reproduction d'une tranche de vie.

Le mot « tranche », ici, vise à indiquercette substitution : au lieu de composer et de choisir, il s'agit d'imiter une scène quelconque, pourvu qu'elle soitréelle. Certains réalistes même, pour affirmer plus nettement leur point de vue, ont souvent recherché le détail qui étaithabituellement jugé laid en fonction d'une réaction naturelle ou apprise.

On a vu dès lors intervenir une sorte dechoix à rebours, lequel montre bien que le réalisme lui-même est fonction d'une opinion et réserve les problèmes dela spéculation et du style. L'esthétique vitaliste.

Une théorie, où se mêlent évidemment réalisme et mysticisme, est celle de Guyau, le vitalismeesthétique.

Notre auteur ne dit-il pas que l'art, c'est de la vie concentrée? Selon cette opinion, le beau est ce quivit et qui ne cesse de vivre dans la représentation qu'on en donne.

En quoi l'œuvre d'art ne cesse d'avoir une actionpar le potentiel de vie qu'elle enferme et qu'elle est capable de faire rayonner ou exploser. Cette conception est déjà au nombre des idées romantiques et a contribué, à cette époque, à introduire uneesthétique du mouvement.

L'action est alors supérieure à l'équilibre, le devenir à l'être, la tendance à la conscience.Hernani se définit comme une forme de l'univers esthétique en disant de lui-même : Je suis une force qui va. Discussion.

Ici, encore, se décèle une ambiguïté concernant le dynamisme créateur communiqué à la forme créée,d'une part, et l'objet de la représentation d'autre part.

Il apparaît, en effet, que la vie d'une « nature morte », parexemple, ne vient pas du sujet traité, mais de la façon dont il a été traité.

Si bien que la vie concentrée de l'art ne. »

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