Autoportrait au feutre de Gauguin

« Analyse ~ L'Autoportrait au feutre fut réalisé l'année qui suivit l'exposition de la Grande Jatte de Seurat (Picto 888), oeuvre phare du néo-impression­ nisme, qui avait suscité force débats et polémi­ ques artistiques.

Mais si Van Gogh adopte ici une technique inspirée de celle des divisionnistes , il est évident qu'il nous en propose une interpréta­ tion très personnelle, où il se montre particuliè­ rement sensible à l'intensité de la couleur.

On remarque dans l'autoportrait d'Amsterdam une harmonie en jaune et bleu , exaltée par des éclats de rouge vermillon.

Quant au pli amer de la bouche et au regard inquisiteur , ils révèlent, comme dans la plupart des autoportraits de Van Gogh, un conflit intérieur permanent.

L'œuvre C Au cours de cette période parisienne particuliè­ rement féconde , Van Gogh réalise encore des tableaux aussi célèbres que le Père Tanguy ou Agostina Segatori au café du Tambourin (Pict o 870).

L 'Autoportrait au feutre e st con servé au Rijksmus eum Vincent Van Gogh d'Amster dam , qui poss ède une collection d'œuvres de l' artist e tout à fait exceptionnelle.

Un autoportrait très proche de celui-ci est conservé dans une collection particulièr e à Laren .

La période parisienne +Quand Vincent Van Gogh arrive à Paris en mars 1886, il n 'a encore jamais vu les oeuvres des impressionnistes et n'a pas participé aux discus­ sions passionnées qui ont cours dans les cafés littéraires ou dans les ateliers parisiens.

Il connaît surtout la,campag11e du Brabant et les cercle ,s littéraires restreints d'Anvers et de La Haye.

A Paris, l'étude attentive des œuvres de Gauguin et de Toulouse-Lautrec, ainsi que celle des néo­ impressionnistes Seurat et Signac, l'incite à aban­ donner les empâtements sombres, auxquels il préfère désormais les teintes claires et lumin eu­ ses ; «l'air français éclaircit le cerveau et fait du bien » écrit alors Vincent au peintre anglais Lievens.

Au cours de cette période , Vincent s'essaye à diverses techniques, du pointillisme -méthode où les - petites touches de couleur (les points) juxtaposées sur l'ensemble de la surface créent une luminosité particulière -au japonisme , sans oublier quelques belles pièces naturalistes.

Et pourtant, malgré de multiples références à la peinture de ses contemporains, les oeuvres de Van Gogh conservent une évidente originalité due à cette tension à la fois dramatique et poétique qui les place à part dans Je panorama artistique parisien.

L'année suivante il écrira à sa soeur Wilhemina : «Je ne sais si tu comprendras que l'on puisse dire de la poésie rien qu'en bien arrangeant des couleurs, comme on peut dire des choses conso­ lantes en musique.

De même des ligne s bizarres, cherchées et multipliées, serpentant dans tout le tableau doi­ vent non pas donner le jardin dans sa ressem­ blance vulgaire, mais nous le dessiner comme vu dans un rêve, à la fois dans le caractère et pourtant plus étrange que dans la réalité.

» On conna ît plus de vingt-deux autoportraits lréalifés durant cette période où l'on voit Van Gogp abandonner progressivement le réalisme exaspéré de sa période hollandaise pour attein­ dre à une expression de plus en plus violente et tourmentée.

Cette inlassable recherche de lui­ même le mènera aussi à un grand isolement.

Du même pe intre : PICTO 86 7 à 884 Photo Archives Nardin i © Nardini Editore , 1991.

VPC Larousse-La .ffont pour l'édition frança ise, 1 991 R1-04-08. »