C. FRANCK
Publié le 22/10/2012
Extrait du document
C'est une curieuse histoire que celle de ce musicien. Né en Belgique, Français d'adoption, Franck est d'origine germanique et, comme pour beaucoup de compositeurs et d'artistes, pour découvrir l'homme qu'il était, il faut tout d'abord détruire la légende et briser les miroirs déformants que se sont plu à disposer autour de lui admirateurs et détracteurs.
Excellent pédagogue, organiste célèbre, Franck attira autour de lui de nombreux disciples, ce qui ne pouvait manquer d'exciter la jalousie des médiocres. Compositeur d'avant-garde, il eut à supporter l'indifférence du public et l'opposition des critiques, mais il n'en souffrit guère, tant son caractère était modeste.
Plusieurs amis l'avaient surnommé le "Pater Seraphicus" et l'un d'entre eux avait un jour déclaré: "Il y a tout de même dans cet homme-là autre chose qu'un grand musicien; il m'a souvent fait penser à Fra Angelico (1); on a écrit que celui-ci peignait avec son âme; on pourrait en dire de même de Franck qui a une âme de séraphin (2) ". Cependant, si dans son oeuvre, le côté mystique de Franck est indéniable, il ne faut pas pour autant en oublier le côté profondément humain. Ce qui frappe surtout dans l'oeuvre de Franck, c'est cette recherche passionnée de la sonorité, non dans l'instrument soliste, mais dans l'assemblage, dans la combinaison des différents timbres mis à sa disposition dans l'orchestre (3).
Organiste, il savait l'importance de la registration (4) dans l'exécution d'une oeuvre pour orgue. Il connaissait, grâce à l'amitié qui le liait au grand facteur (5) d'orgue Aristide Cavaillé-Coll (6) les plus secrètes sonorités du nouvel orgue romantique sur lequel il improvisa si souvent.
«
2
Le 27 novembre suivant, un premier fils naissait: Georges-César, surnommé "Barricade", la
Révolution s'étalant durant cette période.
1848-1890 t PARIS (26 à 68 ans) - En quittant son père, César avait rompu avec celui qui,
jusque-là, s'était occupé de son avenir.
C'est alors que commencent les années sombres.
Le public oublie vite : la plupart de ses élèves ont été éloignés de Paris au moment de la Révolution, le succès de Ruth fait déjà partie du passé, personne n'ordonne plus à César de
composer, et les soucis matériels grandissent alors qu'il n'a plus, pour subvenir, que quelques
leçons à
1 ,50 F la demi- heure.
Tant bien que mal, la vie continue pourtant, et, en 1853, il obtient enfin le poste d'organiste à Saint-Jean-Saint- François à Paris.
Mais
les soucis matériels sont encore présents et dureront jusqu'en 1858.
D'autant qu'un nouveau fils, Germain, vient agrandir la famille.
(Deux autres fils naîtront mais mourront en bas âge).
Le talent exceptionnel de Franck, tant comme organiste que comme compositeur, ne pouvait
manquer d'être remarqué par Cavaillé-Coll puisque César tenait les nouvelles orgues de son
invention à l'église Saint-Jean.
C'est ainsi qu'en 1859, alors que Cavaillé-Coll inaugurait un nouvel orgue à l'église Sainte-Clotilde, César Franck fut choisi pour y tenir la place de premier
organiste, place qu'il conservera jusqu'à sa mort.
En 1866, Liszt est à la tribune, près de Franck.
Il est émerveillé.
Son émotion est si grande que, prenant l'organiste dans ses bras, il s'écrie: "C'est l'égal du grand Jean-Sébastien Bach".
En 1870, c'est la guerre.
Les services se font rares à Sainte-Clotilde.
Une fois encore, Franck voit ses élèves quitter la capitale.
La misère s'installe de nouveau dans sa vie; il continue de travailler à une œuvre qui lui tient à cœur, "Les Béatitudes".
Cette œuvre, commencée en 1869, ne sera achevée qu'en 1879.
Heureusement, en 1871, Franck devient professeur d'orgue au Conservatoire de Paris et
désormais son traitement lui permettra de vivre à l'abri des difficultés financières.
Il acquiert
alors un prestige énorme auprès de ses élèves qui le poussent sur le chemin de "l'avant-garde".
Cette fidélité, cette affection des élèves de Franck s'est toujours confirmée.
L'entente et
l'union qui régnaient entre le maître et ses élèves étaient telles, qu'au Conservatoire
de Paris, la classe d'orgue était surnommée "la bande à Franck".
Sur le plan humain, Franck fut déçu par l'accueil que le public venait de réserver à" Rédemption".
D'autant que cet échec se trouvait en grande partie dû non seulement à l'inexpérience du
jeune chef qu'était Colonne mais encore au peu de soin que celui-ci avait mis à préparer cette
œuvre.
Cette négligence avait-elle été volontaire? Edouard Colonne n'aimait pas César Franck.
En mai 1890, Franck est victime d'un accident.
C'est à Nemours, chez l'une de ses cousines, qu'il passe sa convalescence.
De retour à Paris, en octobre, il doit, s'aliter, le 19, atteint d'une pleurésie.
Les journaux entretiennent régulièrement le public de son état de santé.
Il ne devait,
hélas, plus jamais se rétablir et le 8 novembre 1890, à 5 heures du matin, la maladie l'emportait.
Il
fut enterré le 10 novembre, et c'est Emmanuel Chabrier qui prononça son éloge funèbre:
"Adieu Maître, adieu et merci, c'est un des grands artistes de ce siècle que nous saluons en vous; c'est aussi le professeur incomparable dont le merveilleux enseignement a fait éclore toute une
génération de musiciens robustes, croyants et réfléchis, armés de toutes pièces pour les combats
souvent longuement disputés.
C'est aussi l'homme juste et droit, si humain et si désintéressé, qui ne donna jamais que le sûr conseil et la bonne parole.
Adieu Maître".
Après avoir été ensevelie au cimetière de Montrouge (près de Paris) la dépouille de César Franck fut transportée au cimetière Montparnasse à Paris.
Cii:SAR FRANCK ET SON !ePOQUE
La période durant laquelle vécut César Franck fut marquée par la Révolution de 1848.
Durant la seconde partie de la vie de ce compositeur, les tendances artistiques, littéraires et musicales, s'engagent dans une réaction au Romantisme de la première moitié du siècle.
C'est
ainsi que naissait un courant réaliste, en peinture, puis en littérature.
Dans ce dernier domaine, Honoré de Balzac avait été le précurseur de cette nouvelle école.
Le réalisme littéraire vise alors à reproduire objectivement le document humain et la vie sociale.
Gustave Flaubert est à la tête de ce mouvement, suivi bientôt par des écrivains comme Émile Zola et Alexandre Dumas fils.
En peinture, cette recherche du réel s'était manifestée dans la lumière et la couleur.
Des hommes
comme Monet, Renoir, Sisley, Degas, Manet, en sont les représentants.
Ingres et Delacroix, quoique n'étant pas de cette école, sont également les grands peintres de cette époque.
Par
contre, après le glorieux retour à l'antique du premier Empire l'Architecture est décadente
et bâtarde..
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