CÉZANNE Paul : Nature morte à la bouilloire d'étain

« CÉZANNE Paul Nature morte à la bouilloire d'étain Né à Aix-en-Provence, 1839 Mort à Aix-en-Provence, 1906 En 1870, date probable de l'exécution de cette Nature morte à la bouilloire d'étain, le pein­ tre, fuyant la mobilisation de guerre, s'est réfu­ gié à l'Estaque, un petit port près de Marseille, avec sa jeune maîtresse, le modèle Hortense Fiquet.

Il abandonne sa première manière qu'il disait lui-même "couillarde", c'est-à-dire épaisse, pâteuse et sombre.

JI va chasser de sa palette les noirs absolus, les bruns bitumeux dont il use encore ici et qui "creusent" l'es­ pace pictural sous le plateau de la table.

Il a beaucoup fréquenté le Louvre, où il a appris bien plus qu'à l'Académie suisse.

De Chardin ("C'est un roublard, ce peintre!" s'écriait-il avec un sourire admiratif), il a retenu l'art de faire "tourner" un pot de grès, de piquer la tache blanche d'un reflet sur son émail luisant; il a gardé, et gardera longtemps, le goût des fonds neutres, d'un ton qui rappelle les dominantes du sujet, mais assourdi et plus froid.

La bouilloire d'étain, la pomme, les oignons et, tout particulièrement, le linge blanc laissent apparaître l'effort, assez mala­ droit encore, d'acquisition d'une manière plus "moderne", où la touche visible, traductrice du geste de peindre, construit par elle seule la forme de l'objet.

Vers 1870 Huile sur toile, 63 x 80 cm Paris, Musée d'Orsay. »