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Chunky Cheese

Publié le 23/11/2023

Extrait du document

« L'art aborigène, véritable témoignage de la richesse culturelle et spirituelle du peuple autochtone australien, transcende les frontières du temps pour révéler des récits ancestraux et des connexions profondes avec la terre.

En plongeant dans cet univers artistique riche, l'œuvre de Cliford Possum Tjapaltjarri, notamment sa série "Narripi (Worm) Dreaming, 1987," se veut être une exploration captivante du Dreaming aborigène, alliant tradition et contemporanéité. John Mundine est commissaire priseur et critique d'art, ayant joué un rôle crucial dans la sensibilisation du public à la richesse culturelle et artistique des peuples autochtones australiens, il écrit dans "l'art aborigène de l'australie contemporaine", toute la vitalité de l'art aborigène en tant que porteur de récits, déclarant que ces œuvres sont bien plus que de simples représentations visuelles.

Elles sont des manifestations vivantes du Dreaming, des fenêtres ouvertes sur les mystères de la création et de la spiritualité. Comme le décrit un article de la revue artistique Dada "l'art aborigène": "L'art aborigène n'est pas un art comme les autres.

Ce qui le rend unique ? Au départ, il n'est pas fait pour être vu ; du moins pas par tout le monde.

En effet, à travers leurs oeuvres, les artistes reviennent sur des épisodes fondateurs de leur territoire.

Des mythes qui incluent des secrets.

Seule une partie de la population, les personnes initiées, peut y accéder."C'est dans cette perspective que nous nous plongerons dans l'analyse de la série "Narripi (Worm) Dreaming, 1987" de Cliford Possum Tjapaltjarri. Avant de plonger directement dans la contemplation de ces œuvres, il est essentiel de contextualiser l'art aborigène.

Les racines de cet art plongent dans la nuit des temps, intimement liées aux récits du Dreaming, qui narrent la création du monde par les ancêtres mythiques.

L'art aborigène a évolué au fil des siècles, traversant des phases de résilience et de renouveau, pour finalement s'affirmer comme un moyen puissant de transmission culturelle. Au cours des années 1970, un mouvement artistique révolutionnaire émergea au sein de la communauté aborigène de Papunya, dans le désert central de l'Australie.

Cette révolution, connue sous le nom de Mouvement Papunya, fusionna les techniques ancestrales avec des expressions artistiques contemporaines, introduisant notamment le pointillisme ou dîtes de la "peinture à points".

Cette méthode, utilisée par les artistes aborigènes pour représenter les paysages, les totems et les récits du Dreaming, devint emblématique de l'esthétique aborigène contemporaine. Dans ce contexte, l'œuvre de Cliford Possum Tjapaltjarri s'inscrit dans la lignée du mouvement Papunya Tula né à Alice Springs .

Sa série "Narripi (Worm) Dreaming, 1987" utilise l'acrylique et adopte le style de peinture par points distinctif de l'art aborigène. Cette série transcende le simple acte de peindre pour devenir une méditation visuelle sur la spiritualité et la connexion à la terre.

Les points, soigneusement disposés, s'entrelacent pour former des vers de terre sinueux,mélangeant des couleurs tantôt ocres, jaunes , grises ou roses, évoquant le Dreaming de manière à la fois traditionnelle et novatrice. Bien que la localisation précise de cette série ne soit pas spécifiée, il est probable de les retrouver dans des institutions prestigieuses telles que les Art Gallery of New South Wales, the National Gallery of Australia, the Kelton Foundation and the Royal Collection. Ces lieux illustrent la reconnaissance mondiale de l'importance de l'art aborigène, le positionnant comme un élément incontournable du patrimoine artistique mondial.

Ainsi, plongeons-nous dans cette série, explorant la profondeur de ses symboles, la subtilité de ses techniques, et la continuité d'une tradition qui résonne au-delà des frontières culturelles et temporelles. Avant de plonger dans l'analyse détaillée du "contenu" de l'oeuvre de Cliford Possum Tjapaltjarri, il est impératif d'examiner au préalable le titre choisit qui est tout sauf anodin.

Il ne s'agit pas simplement d'une étiquette descriptive,Le titre de l'œuvre "Narripi (Worm) Dreaming" ne se contente pas d'être simplement descriptif ; il joue un rôle crucial dans la compréhension de l'œuvre et transcende la simple fonction d'identification.

En effet, ce titre dévoile une profondeur conceptuelle en intégrant le terme "Dreaming," ce qui évoque immédiatement le contexte spirituel et mythologique inhérent à l'art aborigène.

En utilisant le mot "Dreaming," l'artiste inscrit son travail dans la tradition ancestrale du peuple aborigène, où le Dreaming représente les récits de la création et la connexion spirituelle avec la terre.

Ainsi, le titre ne se limite pas à décrire le contenu visuel de l'œuvre, mais il sert de porte d'entrée vers un monde de significations plus profondes.

Il guide le spectateur vers la compréhension que ces lignes serpentines, ces couleurs et ces motifs ne sont pas simplement des éléments esthétiques, mais des représentations visuelles de récits sacrés et de la relation intime entre la communauté aborigène et sa terre. En effet, ce titre fait écho à un concept appartenant à la spiritualité aborigène "le temps du rêve".

Le "temps du rêve" désigne l’ère qui précède la création de la Terre, une période où tout n'était que spirituel et immatériel.

Selon les aborigènes, le temps du rêve existe toujours et peut être atteint pour des besoins spirituels.

Dans la conception aborigène du monde, chaque événement laisse une trace sur Terre et tout dans la nature découle des actions d’êtres métaphysiques qui créèrent le monde.

La signification de certains lieux et de certaines formations naturelles est liée à leur origine dans le temps du rêve.

Certains lieux ont donc un « pouvoir de rêve » dans lequel réside le sacré.

Ainsi, l'artiste cherche à transmettre une partie de la richesse culturelle arborigène, invitant le spectateur à en contempler les récits ancestraux. Une autre clé dans la compréhension de cette oeuvre réside dans son contexte.

La date de réalisation de l'œuvre "Narripi (Worm) Dreaming" celle del'année 1987, revêt elle aussi d'une importance significative dans le contexte plus global de l'art aborigène contemporain.

En effet, les années 1980 ont été une période charnière pour l'évolution de cet art, marquée par des changements importants et une reconnaissance croissante sur la scène internationale (par ailleurs autrefois négligé et sous-considéré par les musées seulement pour connaître un succès sans précédent par la suite).

Le mouvement Papunya Tula, dont Cliford Possum Tjapaltjarri était un membre éminent, a joué un rôle central dans cette transformation.

Émergeant dans les années 1970 à Papunya, une communauté aborigène dans le désert central de l'Australie, ce mouvement artistique a été caractérisé par l'utilisation de symboles traditionnels et de motifs du Temps du rêve dans des œuvres contemporaines, souvent réalisées avec la technique distinctive du pointillisme.

En situant "Narripi (Worm) Dreaming" en 1987, on peut envisager que l'œuvre s'inscrit dans ce mouvement dynamique de revitalisation de l'art aborigène. Cette date témoigne donc notamment de la période où ces artistes aborigènes ont commencé à obtenir une reconnaissance internationale pour leur contribution unique à l'histoire de l'art contemporain. Le format rectangulaire de l'œuvre "Narripi (Worm) Dreaming" revêt une importance dans la manière dont le spectateur interagit avec la composition.

Le choix de ce format peut être partiellemente expliqué par rapport au lieu d'exposition de l'oeuvre, dans un contexte muséal ou galeriste, le format rectangulaire peut être plus adapté aux cimaises et aux espaces d'exposition.

Le format rectangulaire peut également diriger l'attention du spectateur vers le centre de l'œuvre ce qui semble être la volonté de l'artiste au vu de l'emplacement du cercle dans la composition .

Pour le cas des oeuvres abstraites comme c'est le cas pour "Narripi (Worm) Dreaming".

Cela peut être particulièrement efficace car la disposition des éléments dans le cadre est cruciale pour la compréhension et l'appréciation. Les peintures d'Australie centrale adoptent ce style plus abstrait, provenant de motifs sacrés utilisés lors de cérémonies, peinture corporelle et des peintures au sol.

La peinture par points, qui varie du plus fin travail par points réalisé avec de fines baguettes, à des points plus gros et plus audacieux qui forment des motifs variés de points terreux ou très colorés.

Ce type de style caractérise l'art aborigène dans l'esprit de la plupart des gens.

Il a été transféré sur la toile lorsque l'art aborigène est devenu populaire dans la culture occidentale, à l'école de peintres Papunya Tula.

l'abstraction lyrique qui s'exprime à travers ces formes organiques, ces couleurs vibrantes et cet art du pointillé dans cette oeuvre, plutôt qu'une représentation figurative, peuvent évoquer des éléments du Temps du rêve de manière suggestive plutôt que descriptive, invitant le spectateur à une expérience visuelle et émotionnelle plutôt qu'à une interprétation littérale.

cette utilisation de formes organiques témoignent de la manière dont les motifs du Temps du rêve sont rendus, ajoutant une dimension plus expressive à l'œuvre.

Ces choix artistiques contribuent à créer une atmosphère sensorielle et à transmettre des aspects spirituels et émotionnels de la culture aborigène, dépassant les limites de la représentation réaliste. De ce fait, "Narripi (Worm) Dreaming" ne s'inscrit pas dans les genres artistiques traditionnels tels que la nature morte, le portrait, le paysage, la peinture d'histoire, ou d'autres catégories conventionnelles.

En tant qu'œuvre d'art aborigène contemporain, elle échappe à ces classifications strictes et adopte une approche plus libre et innovante, caractéristique du mouvement Papunya Tula.

Et c'est cette même liberté artistique permet à l'œuvre.... »

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