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DE LA PEINTURE DES CATACOMBES A LA PEINTURE ROMANE

Publié le 24/06/2012

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A cette influence s'ajoutera, dès le VIIe siècle, la pénétration de l'art celto-irlandais sur le continent. Or, toutes ces formes d'art s'opposent diamétralement à l'esthétique gréco-latine. L'art des Scotti, introduit par saint Colomban et ses disciples, a eu une grande influence sur le développement de l'art continental et ceci jusqu'à une époque tardive; cependant, il ne faut pas en surestimer l'importance. Cet art a ignoré les grandes ruptures qui caractérisent l'évolution de l'art continental; il est arrivé très tôt au terme de son évolution et ce qu'il a de remarquable, c'est qu'il a poussé jusqu'à ses plus rigoureuses conséquences les principes de l'esthétique abstraite.

« uniquement préoccupé par ses conceptions subjectives, de ne pas «voir» les modèles que lui laissèrent, à profusion, les Romains.

Ainsi faut-il reconnaître, dans le besoin d'évasion de l'artiste du haut moyen âge, à partir des Ve et VIe siècles, l'impérieuse nécessité de recréer un nouveau langage artistique, plus conforme à la représen­ tation qu'il se fait d'un monde nouveau, d'une nouvelle civilisation.

Il oppose à l'anthropomorphisme despotique de la pensée gréco-latine, une nouvelle vision imaginée, intellectuelle, abstraite, de son nouvel idéal.

S'éloignant de plus en plus de la recherche de l'illusion de la réalité, il invente, réinvente et inaugure de nouvelles règles de composition, de perspective, de rapports de tons, de nouvelles notions de l'espace et de la plastique.

Pour traduire son nouveau sens de l'expression, il déforme systémati­ quement l'élément figuré.

La perspective est parfois inversée, l'objet présenté avec ses trois côtés à la fois.

L'arabesque, d'une grande liberté d'invention, est fortement soulignée d'un trait, l'un des moyens techniques les plus abstraits que les artistes aient imaginés.

La couleur est employée à plat.

Le jeu des formes et des couleurs, à lui seul, est capable d'émouvoir la sensibilité de l'artiste à l'exclusion de toutes recherches naturalistes ou anecdotiques.

Au cours de sa longue expérience, le peintre médiéval élève peu à peu ses nouvelles doctrines au rang de règles définitives qui trouveront toute leur force dans le magnifique épanouissement de la peinture romane.

Alors l'expérience sera terminée.

Un nouvel académisme naîtra bientôt, et tels les rythmes mêmes de la vie et des saisons, qui nous démontrent que là où une chose meurt une autre renaît, ce nouvel académisme provoquera à son tour une nouvelle révolution caractérisée par les premières mani­ jèstations du réalisme gothique, et plus tard par le retour à l'humanisme de la Renaissance.

CETTE révolution esthétique a-t-elle été ;pontanée? Certes non.

Si le christianisme, à ses débuts, a pu proposer aux artistes un programme iconographique nouveau, il n'apportait pas avec lui les éléments d'une esthétique particulière.

L'Eglise, à ses origines,fut une petite communauté de méprisés.

Mais à partir du IVe siècle, ses doctrines devinrent l'apanage des classes dirigeantes qui les imposèrent à tous les peuples d'Occident.

Elle devint peu à peu l'extraordinaire puissance temporelle que l'on sait, réunissant dans ses cadres parfaitement organisés l'aristocratie intellectuelle de son époque.

Elle s'empare de l'art et en fait l'un des instruments les plus puissants de sa propagande.

Aussi, l'art du moyen âge sera-t-il un art essentiel­ lement religieux fait par l'Eglise et pour elle.

Les premières manifestations de l'art primitif chrétien occidental participent encore étroitement des règles de la tradition gréco-latine, telles les peintures des catacombes, cryptes de Lucine du Ile siècle, etc., hien que ces dernières puissent être considérées comme la toute première réaction contre le sen­ sualisme païen.

De même, le célèbre rouleau de Josué, datant du Ve siècle, est encore d'inspiration romaine, et les mosaïques du mausolée de Galla Placidia à Ravenne ( 424- 450) sont encore imprégnées des principes hellénistiques.

Par contre, les mosaïques de Sainte-Marie-Majeure à Rome, première grande composition exécutée sous l'ère chrétienne, les peintures de manuscrits de la Genèse de Vienne, de l'évangéliaire de Rossano, nous permettent de discerner la volonté évidente, chez l'artiste, de se créer un nouveau langage artistique.

Certes, dans cet art de transition, l'artiste hésite encore entre les influences antithétiques de l'art gréco-latin et de l'esprit nouveau, mais la composition en zones superposées, l'emploi abstrait de fonds unis, ors et pourpres, les relations arbitraires entre les éléments de la composition, le respect des sur­ faces, sont vocables nouveaux.

Ces manifestations de nouveaux modes d'expression se retrouvent avec une singulière force dans les célèbres mosaïques de Ravenne, dont le développement présente une remarquable unité.

Dans celles de l'époque de Théodoric et de Justinien (fin du Ve, début du VIe siècle), le renoncement à la conception (V III• SitCLE) « Cru. »

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