Edgar DEGAS: PORTRAITS D'AMIS SUR SCENE

« tragique aux dernières années d'une existence uniquement consacrée à son art, désormais privée de son but, quiprend fin en 1917.

Ce qui est peut-être le plus frappant dans la vie et dans l'oeuvre de Degas est son tempéramentinquiet et insatisfait qui l'incite à remettre perpétuellement en question tout ce qui touche à son art.

Sesrecherches, aussi bien dans le domaine technique que dans le domaine esthétique, en sont des manifestationsconcrètes.

Jamais il ne peut se contenter d'adopter et d'exploiter une formule trouvée.

Cette constante évolution,ce perpétuel renouvellement de ses moyens et de ses buts peuvent dérouter, ainsi que le mélange de classicisme etde modernisme qui contribue à le maintenir à l'écart de toute école.

Car, bien que, partageant le désir desimpressionnistes de redonner la vie à la peinture en la libérant de l'académisme stérile qui l'étouffe, il expose aveceux à toutes leurs manifestations, et bien qu'il ne cache pas son admiration, sa sympathie et son amitié pour eux,jamais il n'adopte ni leur idéal, ni leurs procédés.

Il réprouve le travail sur nature en plein air et ne peut user de latouche divisée absolument incompatible avec son souci de la ligne et de la forme.

L'ambition des impressionnistesd'arriver à fixer un effet lumineux éphémère va à l'encontre de sa volonté de ne retenir de tout que l'essentiel, lepermanent, l'éternel, qu'il exprime dans sa déclaration : "Rien en art ne doit ressembler à un accident, même lemouvement." Edgar DEGAS 1834-1917• Portraits d'amis sur scène• Pastel sur papier beige, avec feuillet agrandi sur les côtés 79 cm x 55 cm• Signe en bas, à droite, «Degas»• Peint en 1879• Localisation : Paris, musée d'Orsay• Expositions : Paris, 1879, 1924, 1930, 1931, 1960, 1965, 1966, 1967-1968;1969, 1974, 1975, 1980-1981, 1985,1988 L'OEUVREQuelques jours après l'inauguration de la quatrième exposition impressionniste, Ludovic Halévy écrit dans son journal:«Degas a exposé hier deux portraits de Cavé et moi.

Nous sommes tous les deux dans les coulisses nez à nez.

Moi,sérieux dans un endroit frivole:c'est ce que Degas a voulu faire.» Le peintre avait connu le brillant Halévy au lycée Louis-Le-Grand.

Entré dansl'administration, son ami était devenu le président du Corps législatif et un des personnages les plus influents duSecond Empire.

De son côté, Albert Cavé, passionné par les arts, occupa brièvement le poste de directeur à laCensure.

Degas appréciait son goût et son érudition, tout en déplorant son oisiveté.

Le peintre adopte une mise enpage insolite pour croquer les deux amis en pleine conversation dans les coulisses d'un théâtre.

En effet, il n'hésitepas à dissimuler partiellement Cavé derrière un portant vertical, qui occupe un tiers de la toile.

La silhouette sombred'Halévy se détache sur un décor champêtre clair et animé.

Le bas du tableau est rythmé par les diagonales quedessinent le parquet et le parapluie. LA CRITIQUE«On a reconnu depuis longtemps dans ce pastel l'influence des grands maîtres de l'art japonais du XVIIIe siècle»,écrit Michael Pantazzi. LA COTEUn pastel de la même époque, Danseuse, a trouvé acquéreur pour 8,6 millions de francs français (1,5 million dedollars) au cours d'une vente aux enchères à New York en 1995.

Mais les pastels de l'artiste peuvent dépasser 10,5millions de francs français (2 millions de dollars).. »