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Édouard Manet

Publié le 17/01/2022

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Édouard Manet naît à Paris en 1832 dans une demeure bourgeoise de l'actuelle rue Bonaparte. Son milieu familial est cultivé et le père de l'artiste ne s'oppose pas durablement à sa vocation. Il est élève au collège Rollin, ce qui lui permet d'acquérir un minimum de culture classique, mais l'homme est trop curieux du monde pour borner son expérience aux livres. Ainsi, il embarque comme pilotin sur un navire-école et part au Brésil. Il n'a pas 18 ans. De retour à Paris, sa carrière débute d'une manière traditionnelle et rassurante car il fréquente à partir de 1849 l'atelier d'un peintre renommé, Thomas Couture. Il a la possibilité de voyager en Italie, Hollande, Allemagne puis en Espagne. Mais après un début de carrière prometteur commence la période des scandales. Quand Le Déjeuner sur l'herbe est exposé au Salon des Refusés en 1863, la critique et le public se déchaînent. Désormais, le peintre est soutenu par une part mineure de la critique la plus éclairée et violemment pris à partie par l'opinion conservatrice. Vers 1866, il se lie aux hommes qui constitueront le groupe impressionniste sans toutefois en faire complètement partie. En dépit d'un début de reconnaissance officielle, Manet meurt le 30 avril 1883 sans avoir vaincu les réticences du milieu sclérosé de la peinture académique.

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« Ses premiers essais: l' Erifant aux cerises, le Buveur d'absinthe ( 1859) témoignent d'une influ­ ence dont il se délivre malaisément par des outrances crispées.

La Musique aux Tuileries (x861), scène exquise de plein-air et document de vie contemporaine, respire une détente et beaucoup de fraîcheur.

Manet assimile la leçon des musées et conquiert sa maîtrise, déjà pleinement réalisée dans le Portrait de ses parents ( I 86 I).

Le Guitarrero lui vaut une médaille au Salon de la même année et, en raison du sujet, les éloges enthousiastes de Théophile Gautier.

C'est le début d'une crise d'hispanisme qui, à travers les accessoires de pacotille, le rapproche techniquement de V elasquez.

Il donne une série nombreuse de Gueux, de Musiciens, de Toréadors, de Chanteurs et de Danseurs espagnols, dont les modèles lui sont offerts par les troupes ambulantes de passage à Paris, et que couronne la charmante Lola de Valence ( r862 ), « bijou rose et noir» salué par Baudelaire.

L'année suivante, le Déjeuner sur l'herbe suscite un émoi général au Salon des Refusés.

On ne voulut voir que l'illustration indécente dans cette composition classiquement reprise de Giorgione et de Raphaël, où la clarté d'un nu féminin rayonne dans la pénombre de la forêt.

Le scandale est à son comble au Salon de I 865 quand paraît l'Olympia.

Le public, obsédé par le sujet, s'offusque du chat noir dont la présence est strictement picturale, la critique dénonce la présence d'ombre et de modelé, la juxtaposition des tons clairs, toute la hardiesse et la néces­ sité d'un style neuf.

Ce tableau nous semble aujourd'hui le chef-d'œuvre de Manet et l'une des merveilles de la peinture, mais comment exprimer le saisissement qu'il provoque, l'imprévu de b.

pose, la fermeté nerveuse du contour, la noblesse et l'éclat de la couleur? « Il n'y a qu'une chose vraie, dit :Manet, faire du premier coup ce qu'on voit».

Sa main est aussi brusque que sa vision et la restitue avec une justesse infaillible, comme fatale, grâce à la franchise absolue de la touche, aux accents décisifs de la ligne.

Tous les moyens sont simpli­ fiés à l'extrême, les valeurs plastiques et les valeurs d'expression réduites à la seule évidence picturale.

Cristallisée dans sa blancheur, abstraite et cependant vivante, de cette vie d'idole et non de chair que le style confère aux plus hautes créatures de l'art, l'Olympia reste, selon le mot de Paul Colin, «l'œuvre la plus personnelle, la plus savoureuse et la plus irréaliste de son temps», et le bouquet multicolore que tend l'esclave noire porte déjà toutes les promesses du fauvisme.

Au lendemain du Salon, Manet, exaspéré par la malveillance et l'incompréhension; part quelques jours pour Madrid, et le contact de l'Espagne le délivre de son hispanisme.

Il donne à son retour des Courses de taureaux, quelques portraits à la manière de V elasquez, (l'Acteur tragique), une série de natures mortes (le Lapin), et cette extraordinaire prouesse technique, le Fifre ( r866), dont l'âpre silhouette se détache avec vigueur sur l'abstraction d'un fond mono­ chrome; sur ce gris irréel, mystérieux, subtilement modulé, résonnent les tons vifs du costume militaire, juxtaposés en larges à-plats, sans transition, « comme les cartes à jouer», dit Daumier.

C'est déjà l'annonce de Gauguin: il n'y a plus de demi-teintes ni de modelé, toute l'ombre se ramasse sur la vibration du contour, qui cerne la forme sans l'arrondir et l'anime sans la dissoudre.

Il y a, dans ce chef-d'œuvre d'une espèce unique, une promptitude et une fermeté d'exécution qui ne se peuvent surpasser.

Le sujet, hantise de l'académisme, compte si peu pour Manet qu'il démarque systématique­ ment les maîtres de son choix, Espagnols et Vénitiens; il n'a que mépris pour la peinture d'histoire et ne pardonne pas à Delacroix d'y avoir sacrifié.

Cependant, les faits d'actualité l'inspirent à deux reprises, en I 864 avec le Combat du « Kearsarge » et de l' « Alabama », en r 867 avec !''Exécution de Maximilien, mais c'est pour vider l'action de son contenu, réduire le drame à la géométrie plastique, aux oppositions de lumières et d'ombres.. »

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