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Femme à la cafetière de Cézanne (analyse du tableau)

Publié le 17/01/2022

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Il y a du Masaccio et du Piero délia Francesca dans cette grande figure toute simple de vieille femme. D'après le témoignage d'un descendant de celle-ci,, il s'agirait d'une servante qui aurait posé pour cette icône monumentale, non pas au jas de Bouffan mais en région parisienne. Faut-il trouver dans cette circonstance une explication à l'attitude figée et gênée du modèle ? La ressemblance de la pose avec certains portraits de Madame Cézanne — on a parfois supposé à tort qu'elle était la femme à la cafetière — permet plutôt d'affirmer que le peintre a délibérément voulu conserver une distance émotionnelle avec son modèle.

« Une fois encore, Cézanne joue avec les plans et les volumes pour représenter une figure de chair et de sang.

C'estmoins son modèle qui l'intéresse que de reconstruire la réalité avec un regard neuf. Peu de modèles supportaient les interminables séances de pose que leur imposait Cézanne.

Il exigeait en effet d'euxune immobilité absolue pendant des heures.

Malgré ses appréhensions, son ancienne servante accepta de lui servirde modèle. L'OEUVREL'aboutissement de l'art, c'est la figure », disait Cézanne.

Contrairement à de nombreux autres peintres, il ne s'estpourtant jamais intéressé à la personnalité de ses modèles.

Leur visage est souvent fermé et inexpressif, leur poseconventionnelle, presque gauche.

Dans ce portrait, il oblige la servante à s'asseoir droite comme un piquet, les brasballants, comme pour mieux la dépersonnaliser.

En quelques lignes sommaires, il ébauche sa tête, à laquelle il donnela même forme, à la fois carrée et légèrement arrondie, que la tasse de café posée sur la table.Mais, c'est sa robe et ses multiples plis qui retiennent toute l'attention du peintre.

Les lignes obliques qui rejoignentle col et la ceinture transforment son buste en une série de losanges s'emboîtant les uns dans les autres.

Les bras,presque symétriques, ressemblent à des cylindres légèrement tordus.

Quant au bas de la robe, il dessine un trianglesur la gauche, alors que les lignes figurant les plis se brisent sur la droite.

La perspective paraît une fois de plusfaussée chez Cézanne, puisque le modèle, assis sur une chaise dissimulée au regard, a presque l'air d'être debout.De même, la table, recouverte d'une nappe ocre rouge, est traitée comme une surface plane verticale, si bien que latasse et la cafetière cylindrique semblent flotter dans l'espace.

A l'arrière-plan, les lignes qui dessinent lechambranle de la porte ne sont pas d'aplomb, donnant l'impression que la pièce vacille sur elle-même.

Ainsi, Cézannereconstruit la réalité avec une audace et une imagination qui susciteront l'admiration de tous les peintres modernes.Cette schématisation géométrique révolutionnera en effet la peinture, ouvrant la voie à l'art cubiste.

Paul CÉZANNE 1839-1906• La Femme à la cafetière• Huile sur toile 130 cm x 96,5 cm• Non signé• Peint entre 1890 et 1894• Localisation : Paris, musée d'Orsay• Expositions : Paris, 1936, 1939; Londres, 1936 LA CRITIQUEMême dans les années 1890, Cézanne ne faisait pas l'unanimité.

Arsène Alexandre voit en lui un «tempérament desplus curieux et à qui beaucoup d'emprunts ont été faits, sciemment ou non, par la jeune école».

De son côté,Gustave Geffroy prédit qu'« il restera une oeuvre sévère et pourtant charmante, et encore savante, et néanmoinsingénue». LA COTEUn portrait de la même époque, L'Homme à la pipe, s'est vendu 26,8 millions de francs français (5 millions de dollars)dans une vente aux enchères à Londres, en 1992.

Mais les toiles du peintre se trouvent pour la plupart dans desmusées ou dans des collections privées.

Les rares huiles en vente publique coûtent en général entre 1 million (180000 dollars) et 30 millions de francs français (5,5 millions de dollars).On peut acheter un dessin de l'artiste entre 70 000 FF (13 000 dollars) et 450 000 FF. »

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