francis bacon
Publié le 15/11/2012
Extrait du document


«
donc pas seulement une qualité de la surface, mais un jeu sur la pro-
fondeur, un rendu pictural du corps voyant :
La couleur n’est pas le lieu de la surface des corps.
Elle n’est pas une
juxtaposition ni même une superposition mais une interpénétration
corporelle effective.
Elle est visible parce qu’elle contient en elle-
même la cause de sa visibilité
3.
Avec Munch et Bacon, la couleur fait également écran, elle em-
pêche de voir « derrière » ce qui est peint : elle est un indice (et un
signe) de visibilité.
Elle participe d’un « effet de pan », selon l’ex-
pression de Georges Didi-Huberman, symptôme du « sôma dans le
sèma pictural »
4.
S’il importe de distinguer le symptôme de la mime-
sis, c’est que celui-ci manifeste violemment une invisibilité à l’œuvre
dans le tableau.
Leur peinture suscite une frayeur et un affolement,
poussé à l’extrême (pour Munch) et à un certain degré d’excitation
(pour Bacon) : autant d’affects auxquels l’emploi des couleurs, leur
propension anthropomorphe et la façon dont les couleurs des corps
et des objets sont interverties ne sont pas étrangers.
Alors que la cou-
leur semblerait relever a priori d’une fonction optique, Bacon tout
particulièrement la dote d’une fonction haptique.
La vue se dote
d’une fonction tactile distincte de sa fonction optique.
« On dirait
alors que le peintre peint avec ses yeux, mais seulement en tant qu’il
touche avec les yeux »
5.
Comment le corps réagit-il aux couleurs et
aux sensations ? Le toucher pris dans une dimension haptique — et
non en tant que différenciation — signifie la tentation et la tentative de
l’oubli des différences sensorielles.
« La dimension haptique du sentir
est celle d’une communication avec l’être donné des choses (ou des
êtres) dans laquelle l’être est comme mis en branle dans
l’ébranlement des assises de l’existant »
6.
Le rapport des corps à la
couleur et à la transparence est porteur d’enjeux esthétiques et es-
thésiques chez Munch et Bacon qui en font un usage.
Les schèmes
de la pudeur et de la voracité, de la perversion et de l’englou-
tissement sont suffisamment saisissants en ce sens : représenter la
peau pour Munch et pour Bacon a directement — et littéralement — à
voir avec l’étreinte mais aussi la dévoration.
La représentation de la
chair et des os existe sur et dans les corps, renvoyant au spectateur, à
portée de sa main comme de sa vue, cette intrication du visible et du
tactile.
3.
Georges Didi-Huberman, La Peinture incarnée, Paris, Minuit, « Critique », 1985 , p.
29.
4.
Ibid., p.
61.
5.
Gilles Deleuze, Francis Bacon.
Logique de la sensation, op.
cit., p.
146 .
6.
Henri Maldiney, Regard parole espace, Lausanne, éd.
L’Âge d’homme, « Amers », 1973 ,
p.
71..
»
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