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Franz Schubert

Publié le 26/02/2010

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"Que faire après Beethoven ?" ­ Ces mots, si souvent soupirés par Schubert, résument tout le problème qu'il eut à résoudre dans son Oeuvre. Après les premiers tâtonnements, son activité tout entière se trouva placée sous ce signe apparemment funeste. Mais cette terrible hypothèque, qui pesa sur Schubert sa vie durant, s'avéra par la suite particulièrement heureuse : elle le contraignit en effet à se consacrer avec le maximum d'intensité à un domaine auquel Beethoven n'avait prêté que peu d'attention, celui du lied. Et c'est là que Schubert donna ses Oeuvres les plus profondes et les plus originales, si remarquable que soit par ailleurs ce qu'il a fait dans la plupart des autres genres. C'est avant tout comme le créateur privilégié du lied que Schubert demeure immortel. Le début de la vie de Schubert coïncide avec une période politiquement fort troublée. Il naquit dans un faubourg de Vienne, le 31 janvier 1797, douzième enfant d'un pauvre maître d'école primaire ; c'était l'époque où la monarchie bicéphale austro-hongroise se débattait au milieu de guerres malheureuses contre la France de la Révolution. Le jeune garçon vécut deux occupations de Vienne par les armées napoléoniennes, sans parler des bombardements, des contributions et de la famine. Adolescent, il vit la chute du grand Corse et les journées brillantes du Congrès de Vienne. Lorsqu'il mourut, le 19 novembre 1828, âgé de trente et un ans, l'Europe jouissait de la paix dictée par la Sainte Alliance, paix factice brusquement interrompue un an et demi plus tard à Paris par la Révolution de Juillet.

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« Parmi les plus marquants de ce cercle d'amis, outre Spaun et Mayerhofer déjà nommés, il faut citer le très douéFranz von Schober, plus tard le peintre Moriz von Schwind, l'écrivain Eduard von Bauernfeld, les musiciensHüttenbrenner et Lachner et bien d'autres.

Le chanteur de l'Opéra de Vienne, Johann-Michael Vogl, était moinsétroitement lié à ce groupe d'amis, mais il joua, dans la diffusion de l'art de Schubert, un rôle d'une extrêmeimportance ; il avait commencé par considérer Schubert avec méfiance et hauteur, mais il fut bientôt conquis par labeauté de ses lieder et s'en fit l'interprète enthousiaste ; son admirable voix de ténor baryton a directement inspiréquelques-uns des plus beaux lieder de Schubert. Des soirées, que l'on baptisait "Schubertiades", eurent lieu dans quelques maisons bourgeoises de Vienne, où seréunissaient tous les amis de Schubert et leurs connaissances féminines, enthousiasmées par la présence de l'artisteau piano, accompagnant le ténor J.-M.

Vogl.

On commençait par les mélodies les plus récentes, mais les auditeurscharmés réclamaient toujours à nouveau les anciens lieder qu'ils ne se lassaient pas d'entendre.

Un "bal dessaucisses" terminait souvent la soirée, ainsi que raconte Bauernfeld. Pressé de se vouer tout entier au génie qui l'inspire, Schubert se libère bientôt des pénibles liens de l'enseignement.Depuis la fin de 1817, il vit librement parmi ses amis, en artiste. Deux voyages qu'il fit eurent sur Schubert un profond retentissement.

Le premier, à Zseliz en Hongrie, en été 1818,dans la maison de campagne du comte Esterhazy de Galantha, qui l'avait engagé comme maître de musique pour sesdeux filles.

Schubert tomba amoureux d'une des jeunes comtesses, ce qui lui inspira de magnifiques compositionspour piano à quatre mains, un genre qu'il cultiva plus tard jusqu'à la perfection. Il se familiarise à Zseliz avec le folklore hongrois, dont ses Oeuvres postérieures se souviendront fréquemment.

Dansles lettres exquises qu'il écrit de Zseliz s'exprime, à côté de tout le plaisir qu'il trouve à vivre à la campagne, unprofond désir de revoir ses amis de Vienne.

Cette vie des "amis de Schubert" reprend, particulièrement intime,durant l'hiver 1818-1819 ; nomment leurs réunions dans d'aimables auberges viennoises "soirées en canevas", parceque Schubert avait l'habitude, chaque fois qu'un nouveau venu était introduit dans le cercle, de demander : "Est-cequ'il sait quelque chose ?" (Kann er was ?) En été 1819, Schubert fut invité par Vogl dans son pays natal, en Haute-Autriche.

En souvenir de ce voyageaccompli sous le signe d'un joyeux compagnonnage, il écrivit dès son retour le quintette de la Truite, cette Oeuvresi grande qui nous montre un Schubert habituellement mélancolique tout imprégné d'une sérénité d'âme parfaite. Les dix dernières années de sa vie sont tellement remplies par une activité débordante que nous ne pouvons donnerici qu'un petit aperçu des principales Oeuvres. En 1822, se placent la Symphonie inachevée, en si mineur, et le chef-d'Oeuvre qu'est la Messe en la majeur,sommet de la musique sacrée "romantique".

Si les productions toujours plus nombreuses de ses lieder eurent unsuccès plus modeste, le Roi des aulnes, composé en 1815, devint très vite une des Oeuvres favorites du public.

Unpremier éditeur fut trouvé ; quatorze volumes paraissent, contenant des lieder et des danses, et son op.10, "huitvariations sur un thème français" pour piano à quatre mains, dédié à Beethoven, récolte l'approbation du Maître. Une année cruelle pour Schubert fut celle de 1823.

C'est pendant un séjour à l'hôpital qu'il composa les "Müllerlieder"où il est si souvent question de "chagrins d'amour". La vie de Schubert est dorénavant soumise aux constantes variations de son humeur, dues à sa maladie dont il nese remettait que lentement, et à des difficultés financières.

De nouvelles tentatives pour se procurer un travailrémunérateur échouent, Schubert les ayant probablement entreprises avec trop peu d'énergie ; il avait sans doutepris goût à la vie libre d'artiste.

Les plus beaux moments de son existence furent les petits voyages qui apportaientune impulsion nouvelle à son travail.

Durant son deuxième séjour à Zseliz, en été 1824, il enrichit considérablementsa production d'Oeuvres à quatre mains.

Il compose la symphonie dite de Gastein lors d'un second voyage dans lesAlpes avec Vogl ; ce manuscrit semble aujourd'hui perdu.

Les deux quatuors en la mineur et en ré mineur (1824-1828) ainsi que ses lieder, qu'on pourrait appeler son "journal", témoignent de la profondeur de sa vie intérieure. La mort de Beethoven, survenue le 26 mars 1827, lui porta un coup terrible.

Il marcha derrière le corbillard, portantun cierge allumé.

Au repas qui réunit ensuite les amis du défunt, il dit, levant son premier verre : "A celui que nousvenons d'enterrer." Puis il but, au second : "A celui qui prendra le prochain départ !" Les idées funèbres quil'assaillaient trouvent aussi leur expression pathétique dans le cycle de lieder Voyage d'hiver qui parut en 1827. Schubert ne devait survivre qu'un peu plus d'un an à Beethoven.

Mais de quelles richesses n'a-t-il pas fait don à lapostérité dans ce court laps de temps ! La grande symphonie en ut majeur, la messe en ré bémol majeur, troisimposantes sonates pour piano, le quintette en do majeur et les pages posthumes parues sous le titre Chant ducygne sont les Oeuvres les plus marquantes de cette époque féconde entre toutes de la vie de Schubert.

La plupartdes petites pièces pour piano moments musicaux, impromptus, etc.

par lesquelles Schubert inaugura un genreentièrement nouveau, datent sûrement aussi de ces années. Il vécut ses dernières années complètement insouciant de sa misère matérielle, absorbé tout entier par son Oeuvrequi atteint, à ce moment, son plein épanouissement.

Vers la fin de l'été il tomba malade, mais ne changea. »

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