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Gabriel Fauré

Publié le 22/02/2012

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Né à Pamiers dans une famille modeste de six enfants, Fauré fut admis à neuf ans à l'école Niedermeyer où il fut l'élève prometteur de Saint-Saëns. De retour à Paris après ses débuts d'organiste à Rennes, il prit la charge de maître de chapelle et titulaire du grand orgue à la Madeleine. Ses remarquables improvisations dans ce sanctuaire mondain lui ouvrirent les portes des salons parisiens qu'il aborda avec une simplicité docile, marquant bien son indépendance d'esprit. "A toute chose préférant le travail et au travail la rêverie", sans autre ambition que d'honorer la beauté à travers une musique pleine d'intimité et de grâce, il accepta plusieurs postes au Conservatoire national avant d'en être pendant quinze ans le directeur. Son intégrité artistique et sa lumineuse inspiration lui valurent le respect et la reconnaissance de nombreux élèves, dont Ravel, pour qui Fauré s'engagea fermement contre la très conservatrice Schola Cantorum. Il épousa la fille du sculpteur Frémiet, dont il eut deux fils brillants. Atteint de surdité sur la fin de sa vie, il se réfugia dans la composition. Par ses oeuvres vocales, aux couleurs mélodiques voluptueuses, sa musique religieuse digne et intense, ses partitions de scène et surtout sa musique de chambre d'une incomparable noblesse, Fauré contribua avec génie et discrétion au déchaînement novateur du début du siècle.

« doivent le rejoindre.

Il se délecte, il se grise, mais il n'abandonnera pas pour cela sa musique, ses formes et les idéesqui lui sont propres. Il écrit des mélodies qui, presque à leur début, rompent avec le traditionnel lied romantique d'aspect plus ou moinspopulaire que Liszt devait porter aux confins du poème symphonique, des mélodies qui rompent encore plus avec laromance intime trop souvent faussement lyrique.

Sa simplicité, son sens si humain de la vie le feront s'adresserrarement aux poètes sonores, aux riches manieurs de mots.

Sa prédilection ira aux poètes plus raffinés, plusconfidentiels, plus nuancés.

En contact avec le génie de Verlaine, dans ce qu'il a de plus délicat, il réalisera l'allianceidéale, miraculeuse de la poésie et de la musique, dans ses Cinq Mélodies de Venise, et surtout dans la BonneChanson (1895). Son Oeuvre de piano et de musique de chambre nous montre la même émotion vivante et passionnée, avec lerepliement pudique sur soi-même qui est un des magnifiques traits de son caractère.

Pour toute nouvelle queparaisse son Oeuvre, on ne découvre pas en elle d'éléments révolutionnaires, bouleversant les règles ou la techniquepianistique comme chez Chopin, Liszt, Debussy ou Ravel.

C'est la "fantaisie et la raison" qui disent la profondeurcolorée de l'ombre de la nuit, la richesse lumineuse des lagunes vénitiennes, le caractère sensuel et profond de laValse, la fraîcheur capricieuse de l'Impromptu.

Des années passent.

En 1896, Fauré remplace Théodore Dubois augrand orgue de la Madeleine et Massenet à la classe de composition du Conservatoire.

Ce n'est pas sans émotionque je revois cette classe où j'ai rencontré Ravel, Florent Schmitt, Roger-Ducasse, Koechlin, Enesco, Laparra,Ladmirault, H.

Février.

A l'évocation de ces noms, je me demande comment tant de tempéraments dissemblables ontpu s'épanouir en gardant leur caractère original.

Cela tient, je pense, à ce que Fauré n'était pas à proprement parlerun professeur, mais plutôt un guide, un conseiller.

Dans ses leçons, rien de doctoral, de dogmatique, de solennel, nid'intimidant, une familiarité infinie, une sorte de camaraderie cordiale. En 1900, Castillon de Beauxhotes, mécène ardent de la musique, lui confie le livret d'un drame de Ferdinand-Hérold,Prométhée, destiné au Théâtre de plein air de Béziers.

Le musicien de la Bonne Chanson fut bien près, d'ailleurs,d'abandonner cette Oeuvre de commande, dont la date précise le tenaillait : "Tout ce que j'ai fait me paraît laid."Pauvre musicien de l'intimité, obligé de compter avec les possibilités artistiques d'une formation militaire de la place,entraîné un jour, écrit-il de Béziers, "dans la vanité de mettre en mouvement près de sept ou huit cents hommes etfemmes !".

Un orage effroyable, le jour de la générale, faillit tout noyer, y compris les harpes et le grand comédienDe Max, attaché à son rocher.

Mais la redoutable épreuve, dirigée par le maître lui-même, s'achève triomphalement.Sept ans après, l'Oeuvre était remontée à Paris, à l'Hippodrome, puis à l'Opéra, pour deux représentations de gala.En 1905, Fauré qui n'avait été ni élève au Conservatoire, ni Prix de Rome, est nommé directeur du Conservatoire !Naturellement, cela n'alla pas sans quelques luttes, dont on retrouve les échos encore en 1909, lors de son électionà l'Institut. Fauré, libéré de soucis lourdement matériels, peut enfin consacrer tous ses moments de loisir à son art.

Ses goûtssont des plus simples, et lorsqu'il part en vacances chez des amis, à l'hôtel, une table et son papier à musique avecses carnets d'esquisses très ordonnés, suffisent à son bonheur.

De 1907 à 1913, c'est en vacances qu'il travaillera àPénélope.

René Fauchois a écrit un livret solide et plein d'une chaude poésie auquel ne manquait que la musique.Fauré y trouve les grâces de la jeunesse, la tendresse ainsi que la grandeur avec laquelle il a bâti toutes sesOeuvres.

Et ce sont les paysages de Lausanne, de Lucerne ou de la Côte d'Azur qui sublimeront les imagesmythologiques et leur apporteront leur naturelle et divine fraîcheur.

Fauré travaille beaucoup et avance peu.

Parlantde la scène des fileuses flâneuses : "C'est étonnant ce qu'il faut travailler pour dépeindre les gens qui ne travaillentpas !...Des rouets et des fileuses, on en a tant fait qu'il fallait d'abord trouver du nouveau.

J'espère que ça y est !"Tous les jours, il travaille, sensible à la magnificence du paysage.

"C'était délicieux.

Le soleil n'éclairait que la côtede la Savoie et n'avait pas encore tourné de mon côté.

J'étais devant un paysage gris clair et dans une atmosphèrede fraîcheur exquise." Par moments, il trouve que "Pénélope est bien médiocre", mais des moments comme ca,ajoute-t-il, "ça s'est produit pour tout, toute ma vie".

Des vacances passent, et c'est en 1913 qu'il subira lesderniers tourments, lors de la préparation de son opéra à Monte-Carlo.

Il se dispute avec le directeur qui veut"modifier la fin de Pénélope et remplacer l'apaisement final par beaucoup d'éclat et de bruit".

Il songe à son Oeuvre,au temps qu'elle mettra à s'imposer, "aux médiocrités dont le public se repaît ou dont on le repaît".

Heureusementque trois mois après, Pénélope monte à Paris, au Théâtre des Champs-Elysées, le 10 mai 1913, interprétée parLucienne Bréval et Lucien Muratore ; et l'enthousiasme du public et de la presse est unanime.

Peu après le mêmeaccueil triomphal lui était fait au Théâtre de la Monnaie de Bruxelles. On a souvent dit que dans ses vingt dernières années, Fauré avait écrit une musique de plus en plus sobre,cherchant la pureté de la forme, tendant à imaginer "tout ce qu'on voudrait de meilleur, tout ce qui dépasse laréalité".

On dirait qu'au fur et à mesure que sa pensée s'enrichit de musicalité, il cherche à épurer l'instrument aveclequel il la traduira, tels les grands statuaires antiques en quête des marbres les plus durs pour y enfermer toute leurspiritualité.

L'Oeil intime ne peut pas manquer de s'apercevoir de la différence entre la Bonne Chanson et lesOeuvres de 1910, par exemple : la page s'éclaire, se dépouille de toute fioriture.

Le charme "exquis" du Fauré quenous connaissons ira s'estompant derrière une manière plus renfermée, plus lointaine, plus déroutante par sa nudité,son rejet de toute complaisance.

Si l'on considère qu'une grande Oeuvre est comme une autobiographie, comments'expliquer que Fauré finira par confier à la musique seule ce qu'il avait à dire, dans le langage qu'il s'est imposé, leperfectionnant sans cesse jusqu'à la plus extrême nouveauté ? En voici, hélas ! la triste raison. Dès 1909, Fauré ressent les premières atteintes de la surdité.

Il lutte comme Beethoven, moins révolté peut-êtreque lui, mais, comme lui, ne cessant de s'élever, enveloppé par moments "d'un affreux manteau de misère et de. »

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