Gentile da Fabriano : L'ADORATION DES MAGES

« coupoles, le cortège entre en franchissant des ponts de bois ; la campag ne, coupée de haies, est plantée d'arbres fruitiers et de vignes; un homme chasse avec son chi en tandis qu' un daim s'enfuit; un voyageur isolé est dépossédé de son bien et égorgé, sur la gauche du tableau - anecdote représe ntée pour le plaisir par un artis te lui-même voyageur e t qui connaî t bien les dangers des gran ds chemins.

De l'or et des couleurs Tout cela est p eint dan s des coule urs vives, des rouges, des bleus, q ui se mêlent à l'or, jusque dans le fond du tableau, lui-même contenu dans un cadre richemen t doré et coloré.

Pour évo quer ces rois fabuleux venus du bout du monde rendre hommage au Fils de Dieu, Gentile peint des vêtements à brocarts, applique la feuille d'or sur un fond en relief qui met e n valeur ici u n e couro nne, là un épero n .

Au premi er plan , la Vie rge est enveloppée dans un gran d manteau bleu, symbo le de sa pureté digne du ciel, mais aussi partie du tableau faite d'une matière coûteuse - le lapis-lazuli - qui ne peut que forcer 11 admiration du vulgaire.

Mais le peintre ne se borne pas à ces effets de clinquant.

Le fond d'or, sur lequel se déta­ che nt, gr avées au couteau, les silho uettes des mages et la forme de l'étoile dans la lun ette gauche, surplombe le paysage comme un ciel c ré pusculaire et déte rmine des jeux de lum ière qui cont ribu ent au pouvoir de sugges­ tion du tableau.

Il en va de même dans les panneaux de prédelle (la partie inférieure du retable), où Gen tile a peint trois scè nes noc­ turnes qui com p ten t parmi les plus belles et les premières de la peinture occiden tale.

Dans la Nativité , un ciel bleu piqué d'étoiles d'o r domine les collines noires.

Un ange avertit les berge rs de la naiss anc e di vine, et son corps lumineux éclaire d'une lumière or~ngée la totalité de la scène.

Dans la Fuite en Egypte , le soleil couchant est évoqué par un cercle en relief, véritable clo u d'or dans un ciel d'un bleu intense.

Dans la Présentation au temple , Gentile rend l'effet de pénombre d'un inté­ rieur éclairé par une lampe, au sein d'un pay ­ sage urbain qu' il saisit une fois encore au moment du c répuscule.

Par l'ex trême délica­ tesse avec laquelle ils sont peints, par cette l umière délicate et neuve, ces petits pan­ neaux, moins connus que /'Adoration elle­ même , con tiennent peut-être le meilleur de l'art de Gentile da Fabriano.

Voir aussi : p.106-107 (Les Batailles d'Uccello ).

Le tableau d 'autel , ou pala , d e /'Adoration des Mages , a été peint par Gent il e da Fab riano en 1423 s ur une commande de Palia di Noferi Stroz . zi, pour orner la chapelle fami­ lia le de celui-ci dans l' ég lise flor en­ tine de Santa Trinità .

L ' œuvre représent e, outre le voya ge et l'adoration des mage s ( panneau centra l), les figures du Christ et de s prophète s ainsi qu 'une Annonciation (compartiments de la partie haute du retable , c'est-à -d ire du couronneme nt), et tro is scè nes de l 'enfance de Jésus , Nat ivité et ljnnonce aux bergers , Fuite en Egypte , Présentation au Temple (partie basse, ou prédelle).

Demeur ée à Santa Trinità jusq u'e n 1810 , d'abord dans la cha ­ pelle à laquelle elle était destinée , puis dans la sacristie , la peinture fut transportée à cette date à la Ga lerie d 'art antique et moderne et, de là , passa aux Office s, en 1919 .

Cependant, le panneau droit de la prédelle exposé aux Offices est une copie : l'original , emporté à Paris par les tr oupes napoléoniennes , est conservé au musée du Lou vre .. »