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Georges de La Tour

Publié le 17/01/2022

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Georges de La Tour (1593-1652) est un peintre du XVIIe siècle redécouvert au début du XXe. Les années 30 se sont prises de passion pour le style «étonnamment moderne« de ce peintre jusqu'alors à peine mémorable. On le connaît pour ses scènes de nuit (Nativité, Madeleine à la veilleuse), où dominent parmi les bruns et les oranges, la flamme d'une unique lumière, torche, bougie ou veilleuse. Notons que son oeuvre comporte aussi une « face diurne «, dans laquelle La Tour, au lieu du recueillement intime de ses scènes de nuit, étale et montre crûment les vanités et les tricheries du monde (Le Tricheur à l'as de carreau, 1637).

« rieux, mais en partie seulement, car pour atteindre vraiment le mystère, il faut un don, accordé à de très rares créateurs, et dont aucune explication ne peut rendre compte.

Voi~i par exemple l'Adoration, du Louvre, qui date de la maturité de La Tour et qui ras­ semble dans une synthèse harmonieuse des détails épars dans d'autres peintures.

Les personnages du bord evcadrent fortement l'ensemble, très droits, un peu figés, et les assises horizontales des genoux fortement marquées.

Les autres figures, qui sont~ au même nivèau contre le fond sombre, entourent et dominent Jésus.

L'Enfant, éclairé par une chandelle qu'une main cache, illumine la scène; la lumière d'abord forte se dilue et s'estompe, en même temps que les tons vifs et dorés font place à ~es bruns ou des rouges opaques.

Un berger avec son flageolet, une bergère avec son tambourin, un jeune bourgeois, Joseph vêtu d'une tunique, Marie dont la robe est plutôt d'une religieuse que d'une paysanne et qui médite en joignant .les mains, enfin, près de l'agneau, Jésus si vrai, avec son maillot, son béguin, son petit visage de nouveau-né qui dort paisiblement.

De la douceur, de la gravité, de la retenue.

L'intimité familiale de la scène se mêle à une no­ blesse sacrée.

La Tour est plus farouche quand il peint l'extase de sairtt François ou de la Madeleine à la veilleuse, plus simple quand il montre l'éducation de Marie, plus vigoureux quand il présente dans l'atelier Jésus et Joseph.

Il ne cesse de suggérer l'idée de la Rédemption.

Il ramène tout à Jésus: saint Alexis, Job, saint Sébastien, saint Jérôme sont des exemples de la « belle mort », de la patience, de la souffrance, de la pénitence.

Rien d'héroïque et d'emporté.

Toujours de l'humilité, du calme, de la résignation.

Grâce à de rares détails, les saints se rapprochent du peuple, juste assez pour l'aider à retrouver Dieu dans la vie quotidienne.

La Tour, qui a travaillé pour les franciscains et qui, à l'article de la mort, fait un don aux capucins pour participer à leurs bonnes prières, se rattache à leur idéal religieux.

Faut-il en conclure que La Tour a été lui-même un mystique? A-t-on d'autre part le droit d'en faire un réaliste? Cette tendance au réalisme se précise avec le Tricheur et l'enfant prodigue ou de robustes Apôtres, et s'affirme avec des enfants aux lumières, et surtout le magistral Joueur de vielle, de Nantes.

Pourtant, malgré sa vie intense, malgré la mouche qui se pose sur lui, le viel­ leur n'est pas copié sur le vif.

Sans cesse La Tour mêle la fantaisie à la réalité, et cette dernière a parfois une précision hallucinante, mais le plus souvent elle est sollicitée, déformée, recréée.

Même arbitraire pour les éclairages diurnes ou nocturnes.

C'est par la lumière que l'artiste re­ nouvelle les formes ou qu'il construit les masses au point d'annoncer le cubisme.

Mais il s'acharne aussi à rendre les valeurs, les passages, les feux croisés des reflets, des clartés, des ombres, les mo­ dulations des couleurs.

Dans son univers limité, il est un des plus grands luministes du XVIIe siècle.

FRANÇOIS-GEORGES PARISET Professeur à la Faculté des Lettres Bordea11x. »

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