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H. de TOULOUSE-LAUTREC: DANSEUSE AJUSTANT SON MAILLOT

Publié le 23/09/2010

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Henri de TOULOUSE-LAUTREC 1864-1901

 • Danseuse ajustant son maillot, ou Le Premier Maillot  • Huile sur carton 59 cm x 46 cm  • Signé en bas, à gauche, «HT Lautrec«  • Peint en 1890  • Localisation : collection particulière  • Expositions : Paris, 1902, 1914, 1923, 1925 ; Berne, 1953 ; Vevey, 1954.

« cette vision ; à tout le moins, ce "seulement" paraît excessif.

Le sujet, en tant qu'occasion de vision, prend icibeaucoup de sens ; nous pouvons fort bien considérer l'art de Lautrec du seul point de vue du sujet, de la réalitéqu'il représente. Dans l'œuvre de Lautrec, l'homme moderne de la grande ville a trouvé son premier portrait de grand style ; noussommes surpris d'apercevoir que ce portrait porte l'empreinte du classique, ce qui est dû en partie au fait qu'ici, lagrande ville n'est encore représentée que comme un "jardin d'âmes", lequel est montré seulement par l'homme avantl'apparition de la technique.

Depuis Lautrec, on a fait beaucoup de chemin, en particulier sous le rapport de latechnique, qui a pris une importance croissante ; mais dans les tableaux de Lautrec, dans ses lithographies et sesdessins, le portrait corporel aussi bien que spirituel de l'homme de la grande ville n'en reste pas moins brossé dansses traits essentiels.

La nervosité ou la mélancolie, l'avidité de vivre ou l'apathie, la gaieté sardonique ou l'air blasé,dans leurs types spécifiques de l'homme moderne et aussi dans une gamme des plus fins dégradés, forment le motifpsychologique de son art.

Pour autant, Lautrec peut être appelé sans grande hésitation un réaliste.

Mais l'idée deréalisme ne convient plus quand on considère la forme artistique proprement dite, le procédé de Lautrec dans ledomaine du graphisme comme dans celui de la couleur.

On le classe, il est vrai, parmi les impressionnistes, mais c'estuniquement faute d'un qualificatif plus approprié et plus court pour désigner sa manière complexe.

Ce classementparmi les impressionnistes trouve d'ailleurs une certaine justification dans le fait que Lautrec est un virtuose dumouvement.

Par contre, en peinture, son mode d'interprétation de la lumière ne le range en général nullement danscette école ; c'est plutôt aux sphères surréalistes que nous conduit son jeu fantaisiste des couleurs et la puissanced'expression de ses lignes.

Dans les silhouettes bigarrées, dans la fine pluie colorée de nombre de ses lithographiesen couleur et de ses toiles jouent des tonalités qui rendent bien moins une vision impressionniste de la réalité quen'y sont fixées des visions colorées suivant des lois symbolisant souvent le psychique.

Les formes, dans songraphisme, travaillent également dans ce sens ; il s'y manifeste cette domination innée de la forme qui place Lautrecdans la lignée des plus grands maîtres du dessin.

C'est de cette conception artistique que procède la particularitéimportante et étonnante, foncière de l'art de Lautrec en son aspect général : la force vitale, la force de la nature.Particularité étonnante en ce qu'elle aborde de tels thèmes.

Dans son œuvre, Lautrec a réussi à mettre enévidence, par ses aperçus psychologiques sur l'homme de la grande ville, et mieux encore dans le domaine plusrestreint de toutes ces créatures élégantes, parfumées, grotesques ou perverses, la vie florissante et tumultueusequi agite l'homme en son corps et en son âme.

Et cette partie essentielle de son art, nous la vivons comme quelquechose d'éternellement merveilleux : car ici se dégage, d'un champ limité et spécial, le monde du raffiné et del'artificiel, non pas un art de la névrose (qui pourrait lui aussi être un art important), mais bien le genre artistique leplus élevé d'une force organique de la nature.

C'est là une sorte d'expérience de la liberté dans le domaine de l'art. L'OEUVRECe portrait d'un gracieuse jeune fille tronche singulièrement avec les caricatures de femmes repoussantes etcyniques qui ont fait la célébrité de Toulouse-Lautrec.

La cruauté habituelle de l'artiste fait place ici à uneadmiration discrète pour cette danseuse qui essaie son premier maillot.

Selon toute vraisemblance, H s'agit de MarieCharlet, un modèle de Montmartre.

Avec quelques coups de pinceau rapides, mais fermes, le peintre dessine sestraits fins, ses bras souples et ses longues jambes.

Son tutu blanc, presque transparent, est traité avec destouches fluides et nerveuses.

Rien ne détourne l'attention du modèle, car le décor se limite à un mur vide.

Le publicne découvrira cette oeuvre d'une fraîcheur inattendue qu'à la faveur d'une exposition en 1914. Henri de TOULOUSE-LAUTREC 1864-1901• Danseuse ajustant son maillot,ou Le Premier Maillot• Huile sur carton 59 cm x 46 cm• Signé en bas, à gauche, «HT Lautrec»• Peint en 1890• Localisation : collection particulière• Expositions : Paris, 1902, 1914, 1923, 1925 ; Berne, 1953 ; Vevey, 1954 LA CRITIQUE«Lautrec (...), c'est plus qu'une oeuvre.

C'est une vision.

C'est une acuité d'esprit et de sensibilité.

C'est un étatd'âme qui a pénétré le coeur de ses contemporains et s'est perpétué dans toute notre génération, tant par latechnique elle-même, prodigieuse, que par son extraordinaire spiritualité.

Comme tous les grands visionnaires,Lautrec est un précurseur.

H reste fondamental, comme Baudelaire», écrit Pierre Tisné. L'HISTOIRECette oeuvre a appartenu au marchand Michel Manzi, avant d'entrer dans la collection Decourcelle.

Elle a ensuiteété acquise successivement par Reynaldo Hahn, Paul Rosenberg et J.

Goldschmidt.

Elle fait aujourd'hui partie d'unecollection privée.. »

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