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Joseph Haydn

Publié le 22/02/2012

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Né à Rohrau, ce fils de charron conduisit seul son éducation musicale, développant avec maturité ses dons naturels. Il fut d'abord organiste à la cathédrale Saint-Étienne où le rejoignit son frère Jean-Michel, puis se mit à la disposition de plusieurs mécènes, composant pour le baron de Fürnberg, le comte de Morzin, et surtout la famille Esterházy, au service de laquelle il resta une quarantaine d'années. Le soutien de cette famille d'aristocrates hongrois fut déterminant dans le parcours de Haydn qui composa pour des fêtes fastueuses ses premiers grands succès. Jusqu'en 1790, à la tête d'une petite formation talentueuse, il produisit ses pièces religieuses, symphonies, concertos et affirma une grande maîtrise de l'écriture instrumentale. A la mort du prince Nicolas, il partit pour Londres où il reçut un accueil triomphal. Devant un tel enthousiasme, il fit deux séjours très productifs dans la capitale anglaise, pour y diriger ses symphonies et en écrire douze autres. A son retour en Autriche, auprès de Nicolas II Esterházy, commença une dernière période marquée par la profondeur et l'ampleur de ses ultimes chefs-d'oeuvre de musique religieuse. Il mourut à Vienne à la veille de l'entrée de Napoléon dans la ville. Après avoir abordé avec une remarquable inspiration tous les genres musicaux, Haydn a épanoui son génie dans les partitions instrumentales, mêlant rigueur, clarté et volubilité dans ses compositions qui ont consacré deux formes nouvelles : le quatuor et la symphonie.

« chemin de la grande ville, il est peut-être encore ignorant de son vrai destin, mais Vienne aura tôt fait de le luirévéler.

Pour un "Sepperl" qui n'a envie que de chanter, toute autorité sera bonne, qui le gouvernera selon soncOeur.

Et jamais apprenti ne sera plus dispos et docile, plus naïf et neuf devant une tradition dont il éprouverad'instinct l'ordre et les lois, mais que son esprit, rebelle à l'analyse, ne se souciera jamais de pénétrer parl'intelligence, même quand il en sera devenu le chantre et l'ambassadeur officiel. Tel est en effet le prestige des lieux hantés par la grandeur de l'esprit ou par son charme qu'ils font, s'il leur plaît,dépositaires de leur plus beau secret ceux-là mêmes que l'humilité de leur condition ou leur naissance étrangèresemble moins que d'autres préparer à en exprimer le caractère.

A Versailles le Florentin Lully porte à son point deperfection le style aristocratique du Grand Siècle ; et c'est aussi une forme d'esprit aristocratique que traduira lamusique de Haydn, ce fils de petites gens apte à composer symphonies et concertos aussi naturellement quelaendler et contredanses.

Tout cela sans heurts, sans accrocs, par une insensible progression qui, d'un bout àl'autre de son intarissable production, lui conserve, à peu de chose près, même visage.

Le goût du risque, l'attraitde l'inconnu, ne sont point du tout le fait du bonhomme ; son plus vif plaisir sera dans l'invention des motifs, dans letendre soin de polir et d'orner la mélodie.

Plaisir de collectionneur, en somme.

"C'est l'air, dira-t-il un jour, qui fait lecharme de la musique, et c'est aussi ce qu'il est le plus difficile de produire.

La patience et l'étude suffisent pourassembler des sons agréables, mais l'invention d'une belle mélodie est le fait du génie." Clairvoyant propos d'un homme qui connaît sa mesure, ses dons et ses pouvoirs.

Dans un siècle où la mélodie coulede source, Haydn réalisera ce prodige d'effacer ses rivaux, Mozart accepté (qui d'ailleurs n'est pas un rival, mais unfrère plus jeune).

Il n'en tirera d'ailleurs nul orgueil et quand, sexagénaire, il sera présenté à George III, roid'Angleterre, et que celui-ci, en guise de compliment, lui dira : "Docteur Haydn, vous avez beaucoup composé",c'est avec sincérité, et même quelque confusion, qu'il répondra : "Oui, Sire, un peu plus qu'il n'eût été sage." La scène est charmante, et les biographes de Haydn mettent l'anecdote en bonne place, comme il convient.

Ilsn'ont d'ailleurs pas de quoi faire les renchéris, car, toute longue qu'elle soit de soixante-dix-huit années, la vie deHaydn n'en renferme que peu qui aient de la saveur et du trait.

Elle tient toute, cette existence, en trois parties et,en aucun de ces trois actes, rien de décisif, en somme, ne se produit.

Même de l'une à l'autre le passage estinsensible.

Esterhaz succède aux années d'insouciance et de disette comme le mariage à la vie de garçon, et, quantaux tournées en Angleterre et aux honneurs de la vieillesse, cela couronne trente années de bons et loyaux servicescomme la visite aux cousins de Paris et la pension de retraite récompensent une carrière de bureaucrate.

Où latragédie dans tout ceci trouverait-elle sa place ? Même le drame bourgeois est absent de cette destinée, et il n'y aproprement rien à tirer d'une vie conjugale fondée, si l'on peut dire, sur le malentendu et qui commence par un refusde porter les culottes plutôt comique.

L'histoire n'est pas sans analogie avec celle du mariage de Mozart qui, faute,lui aussi, de voir couronner sa flamme par celle qu'il aime, se rabat sur la sOeur de l'ingrate.

Mais et ici éclate ladifférence entre deux natures d'artiste celle qu'il a commencé de chérir par dépit, Wolfgang se persuadehéroïquement que la voilà devenue sa plus belle raison de vivre et, tant pour exorciser le mauvais destin que parindomptable besoin de confiance, c'est à elle qu'il dédie le chef-d'Oeuvre dont son cOeur est gros.

Joseph, lui, misen demeure par le perruquier Keller de prendre livraison de l'acariâtre Anna-Maria, se laisse marier par faiblesse et netire de l'épreuve nulle occasion de revanche sur soi-même.

Tout ce qui sépare l'égalité d'humeur de l'ombrageusefierté est dans ce parallèle. Faut-il s'étonner après cela de constater même différence de réaction sur le plan de l'indépendance morale ? Auservice de l'archevêque de Salzbourg, Mozart ronge son frein jusqu'au jour de l'inévitable conflit.

Chez les Esterhazy,nul risque que pareil scandale ne menace.

La fringale de musique dont le noble prince est atteint exige de son maîtrede chapelle une production incessante autant que varice ? Qu'à cela ne tienne : puisque aussi bien on le paie,maître Haydn est apte à toutes les besognes.

Loin de le rebuter, les commandes les moins nobles lui agréent, même-et surtout peut-être les partitions pour théâtre de marionnettes.

Que tout cela est facile et gai ! Avoir à sadisposition un orchestre habillé de linge blanc, de bas blancs et de beaux souliers à boucles, avec de magnifiquesperruques à queues toutes identiques, quelle aubaine ! Et il y a le parc, où l'on a la permission de se promener àheures fixes, sans parler des visites à la cuisine où les bons morceaux du relief princier ne font pas défaut.

Pour uneâme paisible et qui n'a d'autre souci que de fournir régulièrement ariettes et menuets, vraiment Esterhaz est unparadis au cOeur de ce plus grand paradis qu'est l'Autriche familiale et débonnaire.

Pour se résoudre à quitter ceséjour aimable, il faudrait un acte de décision qui ne saurait venir que d'autrui ; il faudrait la mort du très nobleprince Nicolas et qu'en ces lieux si harmonieusement accordés à son climat, la musique fût devenueinconcevablement importune... Tout arrive.

Même les princes s'en vont.

Et leurs héritiers peuvent n'être que des Béotiens, pressés de liquiderchapelle et musiciens.

A soixante ans voilà Joseph Haydn rendu à cette liberté dont il n'a que faire, et voici s'ouvrirle troisième volet du triptyque.

Rien de tragique ici non plus.

Dans la cage dorée d'Esterhaz le bon Haydn a composétant de musique, et de si jolie, que les oreilles des familiers du prince n'ont pas été seules à y prendre agrément.Vienne, si elle n'a souci de le chansonner ce qui serait la vraie gloire le chantonne tout au moins.

Un roi, le roi deNaples en personne, ne demande qu'à l'emmener en carrosse dans ses États.

Mais, plus prompt à l'attaque, unimpresario du nom de Salomon lui fait signer un engagement pour vingt concerts à Londres.

Et voilà (nouveau sujetde gravure dans le goût de l'époque) en vue des falaises de Douvres, un Haydn avantageux qui nargue le mal de meret fait risette à la tempête. Cette période londonienne en deux parties (1790-1792 et 1794-1795), c'est le temps de la moisson.

Car tout vient àpoint à qui sait attendre, surtout quand on a travaillé sans ambition.

L'engouement, l'amitié du public anglais, la. »

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