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Kazimir Serevinovitch Malevitch

Publié le 22/02/2012

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Peintre, dessinateur, théoricien, Malevitch est homme de foi, d'enthousiasme et d'intransigeance. Homme de manifeste, d'avant-garde et de révolution. Il a l'ambition d'accorder les exigences de l'art aux nécessaires modifications de l'ordre social. Révolution des formes et révolution sociale ne peuvent être selon lui qu'une seule et unique chose. C'est dans le vocabulaire du cubisme et du futurisme qu'il découvre les fondements des compositions synthétiques auxquelles il tend. Le dépouillement qu'est l'abstraction, les motifs élémentaires qu'impose la géométrie et la pureté des couleurs sont ses choix. Le " suprématisme " se suffit du carré, du cercle, de la croix et du triangle. La diagonale induit un rythme qui conduit au suprématisme dynamique. Dès 1918 Malevitch dirige un atelier d'art appliqué à Moscou. Plus tard à Vitebsk, plus tard à Petrograd, il veut comme les constructivistes que son exigence plastique serve les masses et la révolution. Mais le socialisme soviétique n'a bientôt que faire du " point suprême " qui est sa quête. L'Union Soviétique n'a que faire d'un carré blanc sur fond blanc, signe de " l'absence d'objet qui est la manifestation du rien dévoilé ". Staline n'est pas certain que ce " rien "-là soit matérialiste...

« cosmiques : constellations de formes et de volumes librement projetés dans un espace extraterrestre.

La phasesuivante du suprématisme est consacrée à l'exploration des possibilités proprement existentielles du plan pictural.Elle aboutit au dépassement de la logique de la couleur : le suprématisme blanc mène aux limites de lareprésentativité en peinture.

Le Carré blanc sur fond blanc (juin 1918) est accompagné d'un nouveau manifeste suprématiste où Malevitch affirme que la création non objective a atteint un nouveau palier philosophique : c'est lanon objectivité pure où le concept prime sur la pratique.

Si au début de son aventure suprématiste, il a été suivi parun petit groupe de collègues, rassemblés au cours de l'hiver 1916-1917 dans un séminaire nommé "Supremus", en1918 la plupart de ses collègues se désolidarisent de sa démarche, qui effraie par la radicalité de ses exigencesphilosophiques.

À partir de l'exposition "Création non objective et suprématisme" (novembre 1919), Malevitchcontinue seul son chemin.

Il est appelé durant l'hiver 1918-1919 aux Ateliers libres de Moscou.

Évincé de la capitalepar la tendance "constructiviste", il trouve refuge à l'école d'art de Vitebsk, et y crée la première école où lesrudiments de l'art non objectif sont systématiquement enseignés.

De son groupe nommé "Unovis" sortiront desplasticiens de premier ordre : Lissitzky, Suetin, Chasnik.

Chassé à nouveau de Vitebsk, il déménage en 1922 àPetrograd, où pendant quatre ans encore il poursuit avec ses meilleurs élèves l'aventure suprématiste, au sein del'Institut de culture artistique, dont il est nommé directeur.

Cette première moitié des années vingt est marquée parun grand effort théorique : à Vitebsk, il rédige un impressionnant corpus de traités où il aborde non seulement lesquestions traitant de la logique des "nouveaux systèmes dans l'art", mais également des questions de naturepsychologique et philosophique.

Malevitch constitue une nouvelle téléologie.

À l'exception de quelques plaquettespubliées à Vitebsk, ces textes resteront inédits jusqu'à la fin des années soixante, date à partir de laquellecommencera sa redécouverte en Europe occidentale.

L'oeuvre de Malevitch, régulièrement exposée en Russiejusqu'en 1920, reste inconnue en Europe jusqu'en 1922, quand quelques toiles sont incluses dans l'exposition à lagalerie Van Diemen à Berlin.

C'est seulement en 1927 qu'il réussit à présenter une large exposition personnelle horsde la Russie.

Elle a lieu au printemps à Varsovie et durant l'été à Berlin, et rencontre un écho certain en Pologne, enAllemagne et au-delà dans toute l'Europe occidentale.

De ses contacts avec le Bauhaus résulte la publication dulivre Die Gegenstandslose Welt (le Monde sans objet , 1927).

L'épopée du suprématisme se trouve ainsi documentée dans l'histoire de la culture européenne.

Appelé d'urgence à Leningrad, car on est en train d'y liquider son Institut deculture artistique, il laisse à ses amis berlinois l'ensemble de l'exposition, ainsi qu'une très importante sélection deses archives (manuscrits et documents).

Pressentant de sombres lendemains, l'artiste a la conscience que sonoeuvre ne peut survivre qu'en exil.

Lui-même tentera en vain de lutter avec la machine totalitaire en Russie.

S'étantengagé dès 1920 dans la théorie et dans la pratique d'une architecture idéale, il produit au cours des années 20 denombreux modèles architectoniques, les Architectones dont les bases datent de Vitebsk.

À la fin des années 20 et au début des années 30, le domaine architectural lui offre la seule possibilité de survie sociale.

Parallèlement, il selance dans une peinture post-suprématiste de nature symboliste.

Comme il le dit, il "cherche la face du nouvelhomme".

Cette peinture étant à son tour rejetée par l'idéologie du "réalisme socialiste", toutes les portes sereferment successivement.

N'ayant pas pu obtenir la permission de se faire soigner à l'étranger, il meurt en mai 1935d'un cancer.

La redécouverte de l'oeuvre n'a lieu qu'à la fin des années 50, quand le Stedelijk Museum d'Amsterdam,ayant acquis la majeure partie des oeuvres laissées à Berlin, organise une grande exposition qui fait le tour descapitales européennes.

Ce n'est qu'en 1988 que le public russe pourra revoir les peintures de ce peintre maudit.Pourtant, son oeuvre connue en Occident chemine dans la pensée plastique du siècle : ses adeptes spirituels senomment Moholy-Nagy, Reinhardt, Newman ou Klein, parmi d'autres.. »

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