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LA BRODERIE DE BAYEUX

Publié le 14/09/2014

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Les «bandes dessinées« du Moyen Âge

Si la broderie de Bayeux est une œuvre exceptionnelle, elle n'en témoigne pas moins du goût pro­noncé des hommes du Moyen Âge pour les histoires en images.

Parce que l'art de ce temps est surtout le fait de communautés monastiques, les images hiéra­tiques, grandes figures sacrées invi­tant à la contemplation, triomphent souvent aux absides des églises, sur les devants d'autels, les objets et livres liturgiques. Mais la Bible nourrit l'imagination des artistes : ils en extraient les plus beaux frag­ments, rendent aux passages les plus statiques un dynamisme narra­tif. Les vies de saints sont une autre source d'inspiration : on illustre les morts des martyrs, leurs vies hautes en couleur, leurs miracles surtout, qui font de ces biographies des épopées merveilleuses.

Tantôt les images servent, dans les livres, de commentaires au texte, tantôt, et c'est là le plus spec­taculaire, elles se passent de l'écrit. C'est le cas de certaines fresques, et surtout des milliers de scènes de vitrail qui découpent les murs de verre des églises. 

« Œuvre célè bre s'il en est, la bro ­ der ie de Bayeux , dite à to rt «tapi sse­ rie de Bayeux ,.

ou «tapisserie de la reine Mathilde ", est conservée dans l 'ancien gra nd sémin aire de la ville , devenu Centre Guillaume -le ­ Co nqu érant à B aye u x.

Elle racont e les causes et le d é roulement de la bataille de Ha s tings , pe ndant la quelle le duc Guillaume de Norm andi e a vai ncu l 'armée anglaise de Harold e t conquis le royaume d'Angleterre .

Largement restaurée au XIX° siècl e, l'œuvre est longue de plu s de 48 m et haute de 51 cm.

Elle a pour support une toile de lin constitu ée aujourd 'hui d e s ix pièce s parfait ement ajustées - mai s le mor ceau portant la con clu ­ sion du cycle a disparu au c our s de s temp s.

La vie au quotidien Quant à ceux que la politique indiffère, ils déchiffrent une histoire en marche , avec des personnages inn omb rables : gue rriers arbo­ rant leur cotte de mailles , leur haubert à capuche, leur écu oblong, leur lance, leur épée, leur masse et leurs flèches; princes aux large s robes rete nue s par des bro ches; nob les, faucon au poing, prêts pour la chasse, entou­ rés de leurs fidèles e t conseille rs.

Les Anglais ont la moustache fine et l es chev eux longs, les Normands la nuque rasée.

Les femmes sont presque absentes et les clercs , hormis l'évêque Eude s, n'o ccupent qu'une pla ce très secon­ daire.

Deux petites frises encadrent l'action , et lais­ sent la place à la fantaisie ornementale , à des affrontements d'animaux, de monstres ou d'oiseaux , à des tableaux de la vie quoti ­ dienne, semailles ou moissons, aux occupa- L'affront ement entre fanta ssins e t cavaliers : détail de la Brode rie de Bay e ux (Bayeux, musé e de la Tapisserie).

tions des mois , aux constellations, voire à des scènes érotiques.

On y trouve aussi des petites fables, celle du corbeau et du rena rd, du loup et de l'agneau, de la sou ris et du fro­ mage , du rat et de la grenouille, du loup et de la grue ...

Comme s i l a vie des animaux allait son cours par -delà les guerre s et les traîtrises, à moins qu'elle n'en soi t le miroir amusé et la transposition poétique .

La broderie est un tableau animé de l'his to ire d'un temps , une chanson de geste comme celles que contaient les troubadours contem­ pora ins.

Ni les fresques ni les enluminures n'en offrent l'équivalent.

Elle est unique.

Unique par le sujet , qu'on préfère en ce temps emprunter à la religion, par sa déterminati on poli tique, par sa dynam ique narrative , par la clarté de l'expression des mouvements et des sentiments.. »

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