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La peinture réaliste

Publié le 17/01/2022

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• En peinture, les oeuvres de Géricault (1791-1824) et de Delacroix (1798-1863) illustrent cette rupture avec la tradition : par opposition avec le style idéalisant et déréalisant de David, qui triomphe sous l'Empire, l'un et l'autre reviennent à la couleur et à la réalité pour célébrer la splendeur sensuelle du monde en interrogeant l'inquiétante proximité entre l'homme et l'animal (Géricault, Le Radeau de la Méduse; Delacroix, La Mort de Sardanapale, 1827).   

« CHARDIN• L'oeuvre des Le Nain, pourtant montre les limites du réalisme : leurs scènes champêtres sont certes fort éloignéesdes bergeries idéales qui animent les poèmes d'un Racan, à la même époque, mais ils ne pourraient faire carrière silsne se consacraient avant tout aux scènes mythologiques et aux fresques historiques.• Leur contemporain Rubens (1577 - 1640) et, un peu avant, le Vénitien Titien (1490-1576) l'ont bien compris : leurstyle évolue vers une représentation de plus en plus réaliste, mais leur traitement du motif reste marqué parl'idéalisation; leurs thèmes, par le christianisme et la mythologie.• C'est que la peinture classique reste marquée par une esthétique qui fait du sujet le principal critèred'appréciation.

L'Académie de peinture, en France, institue ainsi une étonnante hiérarchie des genres, avec ausommet ce que l'on appelle la «peinture d'histoire» : scènes mythiques et historiques, glorieuses, de grande taille(on parle de «grandes machines»), avec personnages et costumes.

Tout au bas de l'échelle, en petit format, lareprésentation des animaux et des fruits.• Cette hiérarchie reflète une idéologie esthétique insistant sur les idées et la noblesse des sujets, que l'on pourraitrésumer avec cette citation des Essais sur la peinture de Diderot (1713-1784) : «Le beau, le bon, le bien setiennent de bien près.» Mais ce même Diderot est l'un des acteurs d'une révolution esthétique qui va permettre lanaissance de l'école réaliste au siècle suivant.

Au célèbre Pierre, premier peintre du roi et spécialiste reconnu de lapeinture d'histoire, Diderot ose en effet préférer Jean-Baptiste Greuze (1725-1805), dont les scènes champêtres luisemblent plus émouvantes.

La hiérarchie des genres se trouve ainsi reconfigurée, la représentation d'une humanitémoins élevée socialement prenant le pas sur celle des Grands et des saints.

Toutefois, c'est toujours un ordre desidées qui justifie celui des oeuvres : ce qui fait la grandeur du Père bénissant ses enfants, pour Diderot, c'est lamorale qui s'exalte dans son sujet, la bonté touchante du père et l'émotion vertueuse des enfants.• Chardin (1699-1779), à la même époque, engage une révolution qui va faire littéralement éclater l'ancien systèmeesthétique : ses bocaux de confitures, ses prunes ont une présence telle que ces petits formats aux sujetsmodestes apparaissent d'emblée comme des chefs-d'oeuvre plus durables que les grandes machines qui ont leshonneurs du Salon carré, au Louvre.

L'oeuvre la plus emblématique de Chardin est une Raie (1728) : tableauétonnant occupé presque tout entier par ce poisson guère pittoresque, le contraire d'un bon sujet en somme, nibeau ni intéressant.

Mais cette masse de chair grisâtre, peut-être grâce au vague sourire qui s'esquisse dans un plide sa peau, possède une force si puissante que le spectateur en ressent quasi physiquement la présence.

C'est unechose laide, sans dignité, et on ne peut même pas dire que le tableau soit beau : pourtant, c'est à l'évidence de latrès grande peinture, et Diderot n'est pas le dernier à le noter. LE RÉALISME DES CRITIQUESCe sont des critiques d'art qui ont aidé leurs camarades peintres à préciser les enjeux théoriques de leur expérience: Champfleury, dès 1848, donne six livraisons d'une revue intitulée Le Réalisme, à laquelle Courbet va puiser unepartie de ses idées.

Zola, avant de jouer les compagnons de route de l'impressionnisme, donne de Manet unecritique si élogieuse, en 1866, qu'elle lui colite sa place à L'Événement (Zola, par Manet,1868).

Les uns et les autres se rencontrent au café Guerbois, à Paris, haut lieu de la bohèmelittéraire et artistique des années 1860. L'INFLUENCE DE LA PHOTOGRAPHIEManet et les impressionnistes exposent à plusieurs reprises chez Nadar, le célèbrephotographe; preuve s'il en est que ce nouvel art, s'il ne constitue pas encore unealternative à la peinture, n'est pas étranger à l'univers des jeunes peintres des années 1860.D'une certaine façon, la photographie est à la fois un repoussoir et un modèle.

Un repoussoir,parce qu'elle contraint la peinture à se recentrer sur la couleur au détriment du dessin, afinde mieux affirmer sa spécificité; de la même façon que les peintres du XXe siècle sedétourneront de la représentation «réaliste» du monde.

Un modèle, parce que la photographie impose la beauté nue du réel face aux conventions, et parce qu'elle attire l'attention vers la lumière etl'art de capter ses variations dans l'instant. LA RÉVOLUTION ROMANTIQUE• Reste à comprendre cette beauté, ce qui à son époque constitue un problème presque insoluble : les instrumentsintellectuels de cette appréciation font défaut, même à un critique aussi inventif et avisé que Diderot.

Le réalismeest ainsi indissociable d'une théorie critique, qui, en accompagnant les oeuvres, les légitimera et en donnera enquelque sorte le mode d'emploi : ce qui est le propre de toutes les écoles modernes, travaillant à la fois à surprendrele spectateur et à éviter qu'il ne se réfugie dans 'Incompréhension.• L'oeuvre de Chardin apparaissait comme un événement isolé; c'est avec le romantisme qu'apparaissent les. »

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