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L'ARCHITECTURE AU NÉO-CLASSICISME

Publié le 17/01/2022

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Toute cette nouveauté ne veut pas prendre les apparences d'une rupture avec le passé. Le néo-classicisme que l'on attribue généralement aux idées de Napoléon et que l'on considère comme une incarnation de son désir d'ordre et de puissance est, avons-nous dit, la suite de ce qui avait déjà commencé ailleurs, ainsi qu'on en peut trouver la preuve dans le rayonnement bien au-delà de l'Allemagne des idées de Winckelmann, ou en Angleterre, dans le succès des architectes et décorateurs faisant triompher le style Adam.

« porte cochère donnant accès à une -grande cour entourée de bâtiments avec, en général, les communs à droite et à gauche, au fond le bâtiment d'habitation et derrière celui-ci un vaste jardin.

En conséquence de ce plan, la façade principale était celle donnant sur le jardin, c'est-à-dire que la rue était un lieu utile pour le service mais que la vie élégante était tournée vers l'intérieur.

A partir du x1x• siècle, au moment de la prise du pou­ voir par la bourgeoisie prudente et économe, au moment où l'on veut utiliser les capitaux en vue d'un rendement financier plutôt que pour servir une vie fastueuse et dispendieuse, le jardin intérieur disparaît, le mur qui était sur la façade est remplacé par des construc­ tions habitables et des boutiques, les cours sont de plus en plus étroites afin d'utiliser la plus grande partie du terrain pour des constructions.

La vue la plus agréable et la plus dégagée est donc celle de la .rue , et c'est sur la rue que se situent désormais les pièces d'honneur et la façade de l'immeuble.

Si le goftt de la demeure individuelle ne disparaît pas totalement, il prend des appa­ rences plus modestes.

L'accroissement des villes fait que les quartiers périphériques qui sont encore un peu campagnards s'ajoutent à la cité; les classes aux fortunes récentes vont s'y installer volontiers ; leurs demeures sont donc un état intermédiaire entre la mai­ son citadine et la maison de campagne.

Plus discrètes de dimensions et de style , elles s'alignent les unes à côté des autres et consti­ tuent des rues pour répondre à l'idée de ville mais elles comportent en outre un jardin de dimensions réduites pour conserver quelque chose de leur caractère campagnard.

Cet attrait des petits hôtels particuliers subsistera long­ temps et marquera profondément l'architec­ ture privée dans plusieurs pays , notamment en Angleterre et dans quelques quartiers de Paris.

L'architecture des villes est obligée de s'adapter comme elle le peut à ces transfor ­ mations et le fait souvent dans des conditions précaires car l'accroissement de la population suit un rythme qu'elle n'a jamais connu .

Paris en 1800 compte cinq cent quarante-sept mille habitants; en 1817, elle atteint sept cent quatorze mille; en 1830, neuf cent mille, et en 1840 plus d'un million.

Il en est à peu près de même dans tous les pays et personne n'a le temps de penser à l'avenir .

La vie collective va nécessairement prendre un caractère pré­ dominant et improviser les instruments de son existence; les moyens de transports en com­ mun vont se multiplier et ceux réservés à l'activité urbaine prendre une large extension.

Les cafés, les théâtres, vont devenir indispen­ sables à toutes les classes de la société.

L'éclai­ rage des rues par le gaz va prolonger les heures de vie active, modifier la circulation nocturne.

Dans certains quartiers, notamment dans le centre de Paris , on verra se multiplier les passages, c'est-à-dire les lieux de circu­ lation couverts conduisant d'une rue à l'autre à travers les immeubles, qui seront animés par une foule nombreuse, ayant le temps de flâner, de s'arrêter devant les boutiques, ce qui incorpore plus intimement encore }"archi­ tecture à la vie publique, puisque les archi­ tectes conçoivent désormais leurs maisons à la fois pour ceux qui les habitent et pour leur fonction dans la cité .

Toute cette nouveauté ne veut pas prendre les apparences d'une rupture avec le passé.

Le néo-classicisme que l'on attribue générale­ ment aux idées d e Napoléon et que l'on consi­ dère comme une incarnation de son désir d'ordre et de puissance est, avons-nous dit, la suite de ce qui avait déjà commencé ail­ leurs, ainsi qu'on en peut trouver la preuve dans le rayonnement bien au-delà de l'Alle­ magne des idées de Winckelmann, ou en Angleterre, dans le succès des architectes et décorateurs faisant triompher le style Adam.

Il n'en demeure pas moins que Napoléon, dans son désir d 'impo ser profondément sa présence, a trouvé dans cette adaptation du passé le moyen de servir son aspiration à un style mo­ numental.

Avant que cette volonté de rigueur sc fige dans l'académisme, elle conservera encore longtemps une vitalité prestigieuse, non seulement en France, mais aussi dans les autres pays.

Ce principe du décor néo-classique pour des bâtiments nouveaux et les heureux effets qu'on en peut tirer ont été exploités au maxi­ mum et avec infiniment de goût par PERCIER (1764-1838) et FONTAINE (1762-1853), auxquels l'Empereur avait accordé une très large con­ fiance.

On leur doit de nombreux aménage­ ments dans les palais impériaux : au Louvre, aux Tuileries, à Versailles, à Compiègne, à Saint-Cloud.

Ils sont aussi les auteurs de la Chapelle Expiatoire (exemple très réussi de l'ordre et de l'harmonie qu'ils trouvent dans le néo-classicisme) , de la construction de la charmante Galerie d 'Orléans dans le Palais­ Royal, où ils réalisent un ensemble d'une élégance très épurée.

On leur doit surtout la belle et pure perspective des immeubles de la rue de Rivoli, face au Jardin des Tuileries, inspirée - dit-on - de l'Italie, spécialement de Turin, et dans laquelle l'extrême simpli­ cité des lignes et du décor n'exclut pas une grandeur sans affectation.

Une des expériences les plus intéressantes et les plus originales du néo-classicisme, une de celles dont on a le moins souligné l'attrait, est la remise en va­ leur de la polychromie dans l'architecture par l'emploi de pierres de différentes natures et de différent es couleurs.

L 'Arc de triomphe du Car­ rousel, par Fontaine, qui formait l'entrée de la cour des Tuileries, en est un des exemples les plus réussis et cette tentation se prolon­ gera à travers plusieurs styles au cours du siècle, notamment sous l'impulsion d'HITTORFF (1792-1867) , dans certaines églises ou plus tard. »

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