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Le Corbusier : sa vie et son oeuvre

Publié le 24/11/2018

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LA VILLA SAVOYE

Sur un vaste terrain boisé surplombant la vallée de la Seine, la villa de Pierre Savoye à Poissy clôt le cycle des maisons « puristes ».

Elle constitue l’application même des principes énoncés dans les Cinq points de la nouvelle architecture.

La villa Savoye s'inspire à la fois de la structure d'un pont de navire, des jardins suspendus de la chartreuse d'Ema à Galluzo, en Toscane, maintes fois visitée, et des hôtels particuliers parisiens du xviiie siècle.

 

La villa forme un vaste volume posé sur des pilotis, sous laquelle les automobiles peuvent se garer.

Un escalier et une rampe donnent accès à l'habitation coiffée d'une terrasse-solarium.

La maison est organisée selon un plan en L qui sépare la partie destinée à la réception de celle réservée aux chambres. La grande salle de réception s'ouvre en patio sur l'extérieur par une large baie vitrée.

DU PURISME AU MODULOR

 

Architecte, urbaniste mais aussi peintre, ensemblier, sculpteur et créateur de tapisserie, Le Corbusier est sans doute l'architecte français - d'origine suisse - le plus connu au monde. Possédant un sens de la formule, maintes et maintes fois exercée dans ses ouvrages, il devient dans les années 1930 le chef de file du mouvement moderne, face aux opinions académiques très puissantes jusqu'à la Seconde Guerre mondiale. Militant inlassable, intellectuel de renom qui conceptualise chacune de ses expériences, il est le plus célèbre architecte du xxe siècle. Aujourd'hui, étudié et lu par des milliers d'étudiants, Le Corbusier demeure l'une des principales références des architectes contemporains.

LE TOUR D'EUROPE

À l'École d'aRt

Charles-Édouard Jeanneret naît le 6 octobre 1887 à La Chaux-de-Fonds, petite ville du Jura suisse entièrement vouée à la production horlogère. Son père, Georges Édouard, est graveur et émailleur de montres ; sa mère, Amélie, est musicienne.

En 1901, le jeune homme entre à l'École d'art de la ville pour suivre une formation de graveur-ciseleur. L'année suivante, il décroche un diplôme d'honneur à l'Exposition internationale des Arts décoratifs de Turin pour une montre de poche ciselée. En 1904, il s'inscrit au cours supérieur de décoration de la même école, dirigé par le peintre Charles L'Éplattenier qui l'oriente bientôt vers l'architecture.

À peine âgé de 17 ans, il dessine, en collaboration avec l'architecte René Chapallaz, les plans de sa première villa, destinée à un membre de la commission de l'École d'art, Louis Fallet.

Le tour d'Europe

Entre 1907 et 1911, le jeune homme entreprend un grand tour d'Europe qui lui permet de rencontrer les plus grandes figures de l'architecture du début du xx' siècle.

Après un premier voyage en Toscane, où il reproduit à l'aquarelle les édifices de Pise, Sienne et Florence, il rejoint l’Autriche via Budapest. En 1908, il y rencontre l'architecte et designer Josef Hoffmann et les peintres Koloman Moser et Gustav Klimt.

En 1909, Charles-Édouard Jeanneret traverse l'Allemagne pour rejoindre la France où il rencontre l'architecte Tony Garnier, à Lyon, puis ses confrères Frantz Jourdain et Charles Plumet ainsi que l'affichiste Eugène Grasset, à Paris.

Résolu à se fixer dans la capitale française, il s'installe dans une petite mansarde quai Saint-Michel et travaille à mi-temps dans l'atelier des frères Auguste et Gustave Perret qui l'embauchent pour élaborer le projet de la cathédrale d'Oran. Auprès d'eux, il se familiarise avec l'utilisation du béton armé dans la construction, dont les frères Perret sont parmi les pionniers.

En 1909, il revient à La Chaux-de-Fonds pour construire les villas Stotzer et Jacquemet.

En 1910, il conduit une mission de l'École d'art de La Chaux-de-Fonds en vue d'étudier le mouvement des arts appliqués en Allemagne. Il séjourne cinq mois à Berlin, où il travaille dans l'atelier de l'architecte Peter Behrens et se lie d'amitié avec ses confrères Ludwig Mies van der Rohe et Walter Gropius. Parallèlement, il entame la rédaction d'un ouvrage sur le thème de « la construction des villes ».

En 1911, il fréquente l'atelier de Heinrich Tessenow, architecte de la cité-jardin d'Hellerau à Dresde, où, durant quelques mois, il se penche sur les questions d'esthétique et de standardisation des formes industrielles.

La même année, il part à la découverte de l'Europe de l'Est, vivement encouragé par l'écrivain suisse William Ritter. Il visite tour à tour Prague, Vienne, Budapest Belgrade, Bucarest, Tarnovo,

« • Entre-temps, il développe le principe de la cellule comme unité de l'habitat collectif .

Cette nouvelle conception s'applique à l'immeuble Clarté (Genève ) en 1932, au p11vil/on suisse de 111 Cité universit11ire (Paris) , à la maison-refuge de l'Armée du Salut (Paris) et au Centrosoyouz (Moscou), en 1933, puis au ministère de l'Éducation nationale et de la Culture à Rio de Janeiro (1936-1943), élaboré avec les architectes brésiliens Oscar Niemeyer et Lucio Costa.

• En 1934 , Le Corbusier s'installe dans son atelier de la rue Nungesser­et-Coli, à Boulogne­sur-Seine, sur la terrasse de l'immeuble qu'il a construit en 1931.

LE CORBUSIER URBANISTE • Architecte inspiré , Le Corbusier est également un urbaniste visionnaire.

• Dans son ouvrage Urbanisme (1924), il déclare que « la rue courbe est le chemin des ânes, la rue droite le chemin des hommes ».

Avec ce sens de la formule qui le caractérise, il affirme aussi qu'« il faut tuer la rue-corridor».

• Il préconise donc une« chirurgie» radicale pour soigner les « maux » de la ville par le décongestionnement du centre urbain , l'accro issement de la densité de la population et des moyens de circulation, ainsi que l'augmentation des surfaces plantées.

• Ces principes prennent forme dans son plan de la «Ville contemporaine pour 3 millions d'habitants » de 1922 et dans son « plan Voisin » pour Paris, daté de 1925 , qui découpe le centre de la capitale selon un quadrillage sans concession.

Ces deux propositions très provocatrices et totalement inapplicables , n'ont d'autre but que d'alerter l'opinion sur la situation catastrophique des métropoles .

UNE INTENSE MOBILISATION • Après son échec au concours international pour le Palais de la Société des Nations à Genève en 1927, il participe à la fondation , l'année suivante, des Congrès internationaux d'architecture moderne (ClAM) à La Sarraz.

L'aménagement du territoire devient alors sa préoccupation principale.

• Dans les années 1930 , Le Corbusier se lance dans une tournée de conférences à travers le monde pour propager ses idées sur la ville.

Nombre de celles-ci se concluent par l'esquisse d'un plan d'urbanisme, de Buenos Aires à Alger en passant par Moscou.

• En 1943, il publie la Charte d'Athènes , dans laquelle il définit les quatre fonctions élémentaires qui régissent l'organisation de la ville : habiter, travailler, se recréer, circuler.

• En 1945 paraît les Trois établissements humain s, ouvrage dans lequel Le Corbusier développe le principe d'une ville linéaire industrielle emprunté aux Soviétiques.

Ce sera le dernier dispositif théorique touchant la ville imaginé par l'archi tecte .

• Durant la Seconde Guerre mondiale, il tente de convertir les autorités de Vichy à ses idées , en vain.

• Au lendemain de la guerre, se détachant provisoirement des grands projets théoriques, il répond à des commandes qui ne se concrétisent toutefois pas comme le projet de reconstruction de La Rochelle­ La Pallice ou le plan d'urbanisme de Saint-Dié (Vosges).

• En 1948 , Le Corbusier élabore pour le compte de l'Unesco une règle de classification des voies de circulation dite « règle des 7 V » dans laquelle il cherche encore à définir des éléments d'analyse et d'intervention universels.

L'ÂGE DE LA MATURITÉ • À 60 ans passés , Le Corbusier est auréolé d'un prestige international certain.

Il connaît toutefois de nombreux échecs.

Son projet pour le siège des Nations unies à New York est refusé ; la reconstruction des villes françaises se fait en grande partie sans lui ; ses projets d'urbanisme élaborés pour diverses villes européennes ne reçoivent aucun écho favorable.

~------------------------~----------------------~~C~HAN ==D~IG~U~H~~~----~~--- LA • MAISON DU FADA • À MAISEIW • En 1951 , il a enfin l'opportunité • L'Unité d'habitation de Marseille est la première commande confiée à Le Corbusier par 1 ·~tat français.

Le projet s'inscrit dans le cadre du relogement des habitants des quartiers sinistrés de la ville.

• Pour sa réalisation, il s'inspire de l'idée de l'• immeuble-villa » qu'il a imaginé dès 1922, et aussi de la « maison-commune » de Narkomfin (URSS) construite par Moïse Guizbourg en 1930 , qui développait habitations et services communs dans un édifice fonctionnel.

• Après une gestation retardée par l'intervention des nombreux détracteurs du projet, celui-ci ne se concrétise que grâce à l'intervention d'Eugène Claudius-Petit.

ministre de la Reconstruction et de l'Urbanisme de l'époque, acquis aux causes défendues par l'architecte.

Une expertise préalable prétendait que les futurs occupants de l'immeuble ne manqueraient pas de développer des maladies mentales, d'où le surnom de « maison du fada » donné à l'immeuble par les Marseillais.

• Conçu à l'origine comme un immeuble d'habitations sociales , la batiment est finalement construit dans les beaux quartiers de la ville.

• « Barre » de 135 rn de longueur et 56 rn de hauteur, l'Unité d'habitation abrite 337 appartements logés dans une ossature de béton armé soutenue par d'épais pilotis.

• Bénéficiant d'une double orientation --- ..

est-ouest.

les logements sont desservis à chaque étage par accueille des commerces et un hôtel.

• Le tolt-tfl'rfiSSe abrite une crèche et une salle de sport.

première réalisation pour laquelle Le Corbusier applique les mesures du Modulor.

• C'est aussi un banc d'essai pour un mobilier industrialisé conçu notamment par les designers Jean Prouvé et Charlotte Perriand .

d'appliquer ses théories à l'échelle d'une ville entière.

Soutenu par le Premier ministre indien Nehru, il conçoit la ville de Chandigarh, tout en édifiant également en Inde , les maisons Shodan et Sarabhaï et le musée d'Ahmedabad.

·Avec l'aide de Pierre Jeanneret , de Maxwell Fry et de Jane Drew , il organise l'espace urbain de la nouvelle capitale du Penjab selon la « règle des 7 V».

Il y construit un ensemble d'édifices publics comprenant le palais de Justice (1955) , le Secrétariat (1958 ) et le p~~l11is de l'Assemblée (1962 ).

..-r~=--=-~ -.

abso lue à son œuvre, Le Corbusier élabore le Modulor, système de mesure et de proportions =a=-~>r.........o..:.too:~ universel fondé sur le nombre d'or et l'échelle humaine : la taille d'un homme , bras levé , en devient l'étalon.

Le Modulor s'applique à l'Unité d'habitation, puis de façon systématique dans les projets postérieurs à 1965.

La mise au point du Modulor coïncide avec une nouvelle étape de la carrière de Le Corbusier.

• En 1952, Le Corbusier construit à Marseille sa première Unité d'h11bitllfion.

Celle-ci est suivie par d'autres réalisations identiques à Rézé -lès-Nantes en 1955, à Berlin en 1957 , à Briey-en-Forêt en 1963 et à Firminy en 1967.

DE NOUVELLES AUDACES • Lui qu'on croyait figé dans l'esthétiq ue géométrique des années 1920 fait preuve d'une audace et d'une invention renouvelées dans ses créations architecturales des années 1950.

• Il abandonne ainsi les surfaces planes et l'angle droit au profit de lignes tout en courbures pour réaliser la chapelle de Notre-DDme­ du-Htlut, à Ronchamp (1952-1955) .

• Entre 1957 et 1959 , il réalise le couvent Stlinte-MDrie-de- 111-Tourette à Éveux, près de Lyon , qui révèle une insp iration emprunte de spiritualité.

• On retrouve cette même veine dans le projet inachevé de l'église de Firminy (1960).

Le cloître y est remplacé par un toit-terrasse propice à la contemplation, le clocher en forme de cube est couvert d'un toit asymétrique , la chapelle présente des murs ondulés .

• Dan s ses œuvres ultimes , Le Corbusier, en inlassable vigie de la modernité en évolution, continue d'explorer de nouvelles voies tant techniques qu'esthétiques, comme en témoignent le musée d'Art occidental de Tokyo (1957), RoQUEBRUNE le p11vil/on Philips de l'exposition de Bruxelles (1958), le Ctltpfnter Visu11lsArl Center de Cambridge (1961) ou le {1963).

• À l'automne de sa vie, il passe la plus grande partie de son temps dans son petit ct1bt1non de Roquebrune-Ct1p-M11rlin, qu'il a construit lui-même dans les années 1950.

en mer.

• Après des obsèques officielles dans la cour Carrée du Louvre , il est inhumé aux côtés d'Yvonne, son épouse, à quelques mètres de son cabanon.

LACHAPELLE NOTRE-DAME-DU-HAUT • La chapelle Notre-Dame-du-Haut.

à Ronchamp, nait de la rencontre de Le Corbusier avec le sacré, produisant une véritable révolution plastique de son architecture.

• L'architecte s'inspire d'une carapace de crabe vide, découverte sur une plage de Long Island , pour modeler la toiture de la chapelle.

D'autres images nourrissent aussi le projet comme des gargouilles « en saut de ski ».

• Le plan de la chapelle, plusieurs fois modifié, est déte rminé par la position des autels.

• La coque de la tolbtre est réalisée comme une aile piliers en béton armé; les dallages et les autels sont en pierre.

• lei, le jeu de la matière et de la lumière rompt avec les surfaces lisses et les clartés homogènes des réalisations antérieures.

Ils sert désormais à sculpter l'espace.

• Commandée en 1951, conçue en 1952, édifiée en 1954, la chapelle est consacrée en 1955 .. »

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