LE MAITRE DE DAPHNI
Publié le 20/05/2012
Extrait du document
LEs réalisations les plus hautes de la peinture byzantine médiévale ne sont pas à rechercher dans la peinture murale ou les miniaturés, mais dans la décoration monumentale d'intérieurs, en mosaïque. La personnalité de l'artiste avait là à faire face à la tradition la plus sévère et aux données de l'espace. Car la peinture monumentale byzantine est un art à trois dimensions; dans le travail artistique d'ensemble de la décoration d'église, la place de chaque image dans l'espace du naos (narthex) et l'incurvation dans l'espace des surfaces plates des images sont des facteurs déterminants. C'est précisément dans l'adaptation des modèles traditionnels aux facteurs de l'espace que se posait le véritable problème artistique pour le peintre byzantin.
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et spécifique, qui nécessitait des procédés de modelé particuliers non moins qu'une conception
plastique également nouvelle.
Dans la mosaïque, où
les couleurs sont peu nombreuses, le relief
continu est forcément limité
aux détails de la forme, la rondeur du corps ne peut être rendue.
Les personnages étaient donc composés
de lamelles, morceaux séparés de draperie, qui, juxta
posés, donnaient le plus souvent l'illusion d'un bas-relief et non celle d'un corps avec ses rondeurs.
L'atomisation
va plus loin encore.
Dans les têtes de petite dimension comme celle, véri
tablement classique, de la Vierge de la Crucifixion, on ne peut arriver à aucun dégradé, étant
donné la grosseur relative des cubes.
Le modelé des joues ne peut être obtenu que par des alter
nances
de petites pierres claires et de petites pierres sombres suivant une même ligne.
Les détails
de ce visage conservent cependant chacun des contours très aigus.
L'unité d'expression est atteinte
par l'apposition, dessinant la forme, de rangées de petites pierres qui s'étendent en un réseau
serré
sur la structure plastique.
L'impression d'ensemble, à distance (et l'art byzantin tire tout
son prestige de cette impression d'ensemble, chaque détail ayant sa place dans l'église et ne pre
nant son sens qu'à cette place), est indiscutablement une impression de relief qui conserve
toutefois avec
la surface, en réalité unie, un lien suffisant pour ne provoquer aucune impression
de trous ni de bosses dans le tapis doré de la décoration.
Les contours linéaires jouent un rôle
important dans l'enveloppement des personnages, ils cernent chaque forme, sertis eux-mêmes
de rangées parallèles de petites pierres sur le fond doré du tableau.
A la fois sévère et aimable,
uni et plein de relief, assujetti et libre, cet art est l'expression la plus haute de l'art byzantin.
Les mosaïques
de Daphni sont l'un des sommets de la Renaissance qui déjà fleurissait à la cour
de Constantinople, et en fut apportée à l'époque des premières croisades.
C'est de productions
comme celle-ci
que naquit le nouveau classicisme de l'Occident qui, quelque cent ans plus tard
seulement, devait produire dans la sculpture de la façade occidentale de la cathédrale de Reims,
une œuvre d'esprit analogue.
Cette tradition fut également le point de départ pour Cimabue
et Giotto; mais ce qui se perdit à jamais dans le transfert des formes byzantines médiévales vers
l'Occident, c'est le sens de
cette~< impression d'ensemble» colorée et pleine de relief qui donne
à l'œuvre du maître de Daphni son originalité unique et sa grandeur.
LE MAITRE DE DAPHNI « La Crucifixion ,., Mosafque du x ..
siècle.
(Coupole"' l'église de n,hni.)
OTTO DEMUS
21.
»
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