Le Penseur 1880 Auguste Rodin (1840-1917)

« 234 1 Les fhefs-d'oeuvre de la sculpture Au coeur de la porte : le Penseur Surmontant les deux battants, sur lesquels des centaines de figu­ res s'enlisent dans leurs émotions, leurs péchés, leurs folies, un homme, seul, assis, le coude sur un genou, la tête dans la main, courbé, pense.

Le Penseur est né.

«L'image du penseur, de l'homme qui voit toute la grandeur et toutes les horreurs de ce spectacle parce qu'il pense.

n est assis, perdu et muet, lourd d'ima­ ges et de pensées, et de toute sa force (qui est la force de quelqu'un qui agit), pense.

Son corps entier s'est fait crâne, et tout le sang de ses veines, cerveau.

ll est le centre de la porte.» écrit R.M.

Rilke.

n aura deux mètres ...

Rodin fait les premières esquisses de la porte en 1880.

A sa mort en 1917, elle est toujours inachevée.

Un mécène américain la fait pourtant couler en bronze 10 ans plus tard.

Mais de cette porte animée de centaines de figures, Rodin a tiré toute son oeuvre.

Isolées, et agrandies, ces petites figures, pas plus grandes que la main, deviendront, de plus grandes sta­ tues: l'Enfant prodigue, La Belle Heaulmière, Ugolin, Eve, Fugit Amor ...

et Le Penseur.

Ce dernier a plus de 2 mètres, et Rodin à sa mort a exigé qu'on le place sur sa tombe.

Une force de la nature Rodin est un homme plutôt petit, taillé à même le roc.

Sa grande barbe carrée cache de fortes mâchoires.

Et son visage, grossière­ ment équarri, s'éclaire d'un regard bleu à la fois perçant et ten­ dre.

Toute sa physionomie exprime une lente et indétournable volonté.

Avec ce corps que la nature lui a donné, il peut travail­ ler des journées entières sans s'arrêter.

Et les journées s'allon­ gent souvent de la nuit.

La sculpture ne le quitte jamais.

Ses grandes mains, d'une extrême agilité et d'une forte sensualité, s'activent sur toutes les matières: argile, marbre, bronze, plâtre, ...

toutes s'y soumettent.. »